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Voir la version complète : Mariage gay : mais qui a intérêt à la bagarre ?



soltan009
07/01/2013, 12h11
Plus la manifestation des opposants approche, plus le débat camp contre camp se radicalise et se politique. Certains jouent l'affrontement.
Etait-il possible d'avoir en France un débat apaisé sur le mariage gay (http://lci.tf1.fr/mariage-gay/) et l'adoption ? Il est trop tard pour le dire tant les dernières déclarations à l'approche du 13 janvier montrent une radicalisation dans les deux camps. La gauche et la droite voulaient-elles seulement ce débat apaisé ? Tout laisse à croire que non. En choisissant de ne pas légiférer sur cette promesse de campagne dès les premières semaines, François Hollande (http://lci.tf1.fr/biographies/francois-hollande-4883627.html) a pris le risque d'une discussion passionnelle qui s'étende sur plusieurs mois. En petit comité, des voix socialistes affirment qu'il eut été préférable d'aller vite sur cette question, hautement symbolique pour la gauche mais non prioritaire pour les Français.

Depuis septembre, le gouvernement a choisi de prendre son temps, arguant de la nécessité d'un vrai débat au parlement, de la fin janvier à avril ou mai. L'intention est louable de ne pas gouverner à la hussarde mais il n'est pas interdit d'y voir quelques arrières-pensées. Ainsi, face à la profondeur de la crise et à la montée continue du chômage, le pouvoir pourra se voir suspecter de mobiliser son électorat sur des questions sociétales, à défaut d'obtenir des résultats rapides sur le front économique. Ainsi, comment expliquer la sortie de Vincent Peillon vendredi contre le secrétaire général de l'enseignement catholique ?

A droite, se refaire une image

Sur le fond, le ministre de l'Education nationale est dans son rôle en appelant à la « neutralité à l'école » et en évitant tout prosélytisme vis-à-vis des jeunes à l'approche de la manif contre le mariage gay. Certains catholiques peuvent bien sûr tenter d'aller chercher des troupes, parmi les 2 millions d'élèves dont de nombreux lycéens et collégiens. Mais sur la forme, pourquoi médiatiser sa lettre aux académies avant le week-end ? Pourquoi prendre le risque, à une semaine de la mobilisation, d'exciter un peu plus le débat sur un sujet aussi sensible, se voyant immédiatement accusé de rallumer « la guerre scolaire » ? Que sa critique contre le patron de l'enseignement catholique soit ou non tactique, elle a en tout cas permis à la droite de faire monter la fièvre avant le 13 janvier. Car plus encore que la gauche gouvernementale, la droite a tout intérêt à hystériser le débat sur le mariage pour tous.

Les dernières déclarations de dirigeants UMP (http://lci.tf1.fr/lexique/ump-6509181.html) ne craignent ainsi pas la caricature. Ainsi, le député UMP Laurent Wauquiez a accusé dimanche Vincent Peillon de vouloir "culpabiliser les chrétiens" et qualifié le projet gouvernemental d'être la "réforme du rejet, du mépris et de la haine envers les religions (http://lci.tf1.fr/politique/mariage-gay-peillon-demande-de-ne-pas-prendre-les-enfants-en-otages-7752917.html)". Pour un soutien de François Fillon (http://lci.tf1.fr/biographies/francois-fillon-4883830.html) qui goûte lui tant à la modération, cette sortie sans nuances est bien calculée. En effet, la mobilisation contre le mariage gay est le premier combat post-traumatique de l'UMP.

Après un automne pourri par la guerre Copé-Fillon, certains entendent bien se refaire une image en défilant au côté du peuple de droite dimanche. Alors qu'au départ très peu étaient partisans de se joindre à une manifestation apolitique, la liste s'allonge désormais chaque jour : Jean-François Copé (http://lci.tf1.fr/biographies/jean-francois-cope-6286662.html), Xavier Bertrand (http://lci.tf1.fr/biographies/xavier-bertrand-4883792.html), Christian Jacob, Valérie Pécresse, Laurent Wauiquiez ou même Nathalie Kosciusko-Morizet qui ne l'écarte plus. Même François Fillon devrait envoyer un message de sympathie aux manifestants.
Loin de la société apaisée que voulait François Hollande en campagne, l'instrumentalisation politique du débat sur le mariage gay et l'adoption s'accroît de semaine en semaine. La reconstruction du bon vieux clivage droite-gauche sur ce sujet semble servir les intérêts de chaque camp. Tant ce gouvernement que le précédent savent pertinemment que les marges de manœuvre économiques et sociales sont de plus en plus en plus faibles. Et loin des promesses de campagne, les politiques menées par le duo Sarkozy-Fillon et le couple Hollande-Ayrault ne sont pas si éloignées, notamment sur le sujet crucial de la compétitivité. Le besoin politique de recréer du clivage sur les sujets de société est donc plus que jamais présent. Et le crédit des dirigeants politiques n'en ressort pas grandi.