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Voir la version complète : En Amazonie, les indigènes marchent contre de nouveaux projets de grands barrages



edenmartine
28/11/2014, 20h11
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Les indigènes Munduruku organisent les 26 et 27 novembre une grande marche pour protester contre les nouveaux projets de mégabarrages du gouvernement brésilien en Amazonie. Partis de la ville de Santarem, les manifestants doivent longer le Tapajós, affluent de l’Amazone, pour rejoindre le site du futur barrage de São Luiz do Tapajós, qui intéresse deux entreprises françaises, EDF et GDF Suez.



Une des seules régions encore préservées de l’Amazonie, le bassin du rio Tapajós abrite une biodiversité extrêmement riche et encore peu étudiée. La construction de grands barrages ne manquerait pas d’occasionner, directement et indirectement, une déforestation massive, et d’affecter gravement l’équilibre des écosystèmes locaux, avec des conséquences irréversibles. Les indigènes y voient une atteinte à leur territoire et à leur identité (théoriquement protégés par la Constitution brésilienne), et ont annoncé qu’ils s’opposeraient par tous les moyens à la construction de ces ouvrages.


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Quelques centaines de kilomètres vers l’Est, le mégabarrage de Belo Monte, défraie la chronique depuis des années. Ce grand projet – prévu initialement sous la période de dictature militaire, abandonné lors du retour à la démocratie puis relancé au nom de l’« accélération de la croissance » - a suscité l’opposition acharnée des indigènes et des environnementalistes brésiliens, qui se sont attiré la sympathie d’une bonne partie de la communauté internationale. Pas suffisamment cependant pour refroidir les ardeurs du gouvernement brésilien et des entreprises intéressées à la construction de nouveaux mégabarrages sur le rio Tapajós et ses affluents [1 (http://multinationales.org/En-Amazonie-les-indigenes-marchent#nb1)]. Parmi ces dernières, deux entreprises françaises, EDF et GDF Suez.




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Que viennent-elles donc faire dans cette galère ?

Toutes deux ont participé au « Groupe d’études Tapajós » (GET), destiné à étudier la « faisabilité » de grands barrages dans le bassin du rio Tapajós. Les activités du GET ont contribué à envenimer les relations entre les peuples indigènes locaux et l’administration fédérale (lire notre article (http://multinationales.org/Barrages-amazoniens-comment-EDF-et)), qui n’a pas hésité à faire appel à l’armée. Toutes deux sont déjà actives dans le secteur des grands barrages en Amazonie, GDF Suez depuis plus longtemps que sa rivale EDF, qui vient juste de racheter le barrage de Sinop, non loin de là (lire notre article (http://multinationales.org/EDF-construira-bien-des-grands)). Toutes deux ont publiquement évoqué leur candidature pour la construction du barrage de São Luiz do Tapajós, le plus grand et le plus potentiellement destructeur des ouvrages hydroélectriques projetés dans le bassin.



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Batailles juridiques, campagnes citoyennes


Les enchères destinées à choisir le consortium qui construira ce barrage devaient se tenir en décembre 2014, mais elles ont été soudainement annulées du fait de l’opposition d’une partie de l’administration brésilienne, qui estimait que les garanties apportées par le GET sur la protection de l’environnement et des droits des indigènes n’étaient pas suffisantes. Les enchères sont maintenant annoncées pour le début de l’année 2015. La construction du barrage de Belo Monte avait elle aussi déjà été émaillée de batailles juridiques et administratives à répétition.

Une partie du pouvoir judiciaire brésilien s’oppose systématiquement aux projets de grands barrages, au motif qu’ils portent atteinte aux dispositions légales et constitutionnelles brésiliennes sur la protection des indigènes et de l’environnement. Pour le moment, tous ces efforts ont été vains, car le gouvernement dispose d’un outil juridique datant de la dictature, la « suspenção de segurança », qui lui permet de suspendre toute décision judiciaire défavorable aux barrages au nom de la « sécurité nationale ».


En France, la campagne contre les barrages du Rio Tapajós et contre l’implication d’EDF et GDF Suez dans ces projets est animée par les ONG Amazon Watch (http://amazonwatch.org/) et Planète Amazone (http://raoni.com/actualites-833.php). Le leader indigène Raoni a fait circuler un appel solennel (http://raoni.com/actualites-831.php) ciblant explicitement EDF, qui a obtenu le soutien de plusieurs personnalités écologistes françaises.





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Les 20 projets de barrages au Brésil qui vont détruire le bassin amazonien dans les huit prochaines années


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Les internautes qui suivent fidèlement nos pages savent tout des dégâts humains et environnementaux engendrés par les grands barrages hydroélectriques implantés au coeur de sanctuaires naturels en Amazonie. Non seulement les dirigeants du Brésil continuent à faire la sourde oreille face à la clameur de protestation qui va grandissant au fil du temps, mais ils comptent multiplier ces projets dans les prochaines décennies.


60 grands complexes de barrages sont prévus dans les prochaines décennies, une vingtaine (dont nous fournissons ci-dessous la liste) doivent entrer en activité dans les huit prochaines années. Ceux-ci signeraient sans aucun doute l'arrêt de mort définitif du plus grand "poumon vert" de la planète, qui a lui seul regénère plus de la moitié de l'oxygène terrestre. Car les grands barrages sont les chevaux de Troie de toutes les autres formes de déforestation, fléau qui libère chaque année plus de CO2 dans l'atmosphère que tous les moyens de transports du globe réunis. De plus, la politique du Brésil en matière de grands barrage a créé un appel d'air dans lequel d'autres pays amazoniens se sont engouffrés, principalement le Pérou, l'Equateur et la Bolivie.


Si les peuples autochtones ont du souci à se faire, il en va de même pour l'humanité toute entière, qui ne peut se passer de l'Amazonie, l'un des organes vitaux de la planète.