PDA

Voir la version complète : Le Navy Seal qui dit avoir tué Ben Laden aurait mieux fait de s'abstenir



harroudiroi
08/11/2014, 15h43
12559
Robert O'Neill affirme être celui qui a tué Ben Laden. (Walter Hinick/AP/SIPA)


Trahissant le secret auquel sont soumis les soldats d'élite, Robert O'Neill s'attire les foudres de sa hiérarchie et des menaces de mort de djihadistes.



Robert O'Neill est devenu "l'homme qui a tué Ben Laden". C'est l'ancien soldat des Navy Seal lui-même qui a affirmé jeudi au "Washington Post" avoir tué le chef d'Al-Qaïda en le touchant d'une balle en pleine tête, le 2 mai 2011, lors d'un raid à Abbottabad, au Pakistan. L'opération était restée entourée jusqu'ici d'un épais voile de mystère, comme tout ce qui concerne ces troupes d'élite de la marine américaine traditionnellement soumises au secret le plus strict. L'ex-soldat d'élite, qui explique avoir décidé de prendre les devants alors que le secret était précisément sur le point d'être éventé, regrette peut-être tout de même sa sortie.

# Il est critiqué de toutes parts

Vendredi matin, le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, s'est dit "déçu" que l'ancien soldat ait décidé de révéler son identité. "Il y a un code dans cette communauté qui interdit de parler. Et il est inconvenant de tirer des profits financiers en se servant des opérations auxquelles vous avez participé", a-t-il déclaré à CNN.

En début de semaine, avant que Rob O'Neill ne parle, le chef des Navy Seals, le contre-amiral Brian Losey, avait déjà adressé un sévère avertissement à ceux qui violent la tradition du secret de cette force :

Une disposition essentielle de notre Code de conduite est 'Je ne rends pas publique la nature de mon activité, et je ne cherche pas à obtenir de la reconnaissance pour mes actions'."

Les Navy Seals sont normalement tenus de conserver le secret le plus strict sur leurs missions. C'est également le cas pour les membres du Raid, l'unité d'élite de la police nationale française. "Nous sommes tenus à une obligation de discrétion", explique Christophe Caupenne, ancien chef des négociateurs du Raid. "C'est un contrat moral, non écrit, mais sans date de péremption, comme dans toutes les unités d'élite, même si manifestement Robert O'Neill s'est senti dégagé de ses obligations. Mais un soldat d'élite peut avoir envie de chercher la notoriété..."

"On parle uniquement des affaires évoquées par la presse, et uniquement des détails déjà connus", complète Laurent Combalbert, qui a passé six ans au Raid, et qui dirige aujourd'hui L'Agence de négociateurs, spécialisée dans la négociation avec les auteurs de kidnappings et prises d'otages.

# Il est menacé de mort

Des djihadistes ont aussitôt lancé des menaces de mort contre lui, a révélé SITE, qui surveille les sites djihadistes. Des photos d'O'Neill accompagnées de messages en arabe et en anglais appelant des "loups solitaires" à venger la mort du chef d'Al-Qaïda, ont ainsi été diffusées sur Twitter et sur le forum des djihadistes al-Minbar. Sur l'un d'eux, écrit en arabe, on lit par exemple :

Nous enverrons aux loups solitaires en Amérique la photo de ce Robert O'Neill qui a tué Cheikh Oussama Ben Laden."

"Rob O'Neill se met en danger lui-même, mais il met aussi en danger son équipe, qui sera plus facile à retrouver par son biais désormais, estime Christophe Caupenne.

Il a intérêt à bien se cacher maintenant, ce n'est vraiment pas malin", renchérit Laurent Combalbert.

"Protéger notre identité, pour des raisons de sécurité, c'est une des raisons pour lesquelles nous sommes cagoulés lors des opérations".

# Il est contredit

Un autre membre des Navy Seals a contredit vendredi sa version de la mort de Ben Laden auprès de l'agence Reuters. Le militaire, qui témoigne anonymement, affirme que les coups de feu fatals ont en fait été tirés par l'un des deux autres soldats entrés auparavant dans la pièce ce jour-là (soldats dont Rob O'Neill reconnaît la présence).

Un troisième membre du commando qui a mené l'assaut contre Ben Laden prend également ses distances avec la version de Rob O'Neill. Dans une interview diffusée jeudi par la chaîne NBC, Matt Bissonnette apparaît en désaccord avec la version de O'Neill :

Deux personnes différentes racontent deux histoires différentes pour deux raisons différentes", a lancé l'ex-soldat.

Il avait publié sous pseudo en 2012 un ouvrage sur l'opération, "No Easy Day". Il y gardait l'identité du tireur secrète. Et malgré les déclarations d'O Neill, il refuse aujourd'hui de la divulguer.

Ce dernier a peut-être estimé que les critiques et les menaces dont il est l'objet seraient compensées par le statut d'"homme qui a tué Ben Laden". Mais ce statut ne lui est même pas assuré.

harroudiroi
08/11/2014, 15h49
Jusqu'à présent, il était seulement connu sous le nom du «Tireur». L'homme qui a tué Oussama Ben Laden devait révéler son identité la semaine prochaineFox News. Mais, sans attendre la diffusion du documentaire très attendu, le site spécialisé sur les questions militaires Sofrep a démasqué l'homme en question. Cet ex-soldat s'appelle Robert O'Neill. Âgé de 38 ans, il officie à présent en tant que conférencier à Washington. Le Daily Mail a obtenu confirmation auprès du père de l'intéressé. L'an passé, le militaire avait déjà témoigné dans le magazine Esquire, sous couvert d'anonymat. Il expliquait être déçu par le sort réservé aux vétérans de l'armée. Lui est parti sans retraite ni protection sociale, après 16 années de bons et loyaux services. Ce serait ce même sentiment qui le pousse aujourd'hui à sortir de l'anonymat.
Les états de services du soldat témoignent pourtant de son héroïsme. Outre le raid nocturne sur Abbottabad, Robert O'Neill a servi sur quatre zones de combat. Il a pris part à quelque 400 missions et non des moindres, relate son père. En 2005, il porte secours à un compagnon d'armes, Marcus Luttrell, seul rescapé d'un autre commando de la Navy pris en embuscade lors d'un repérage dans les montagnes afghanes. Quatre ans plus tard, il est le premier à sauter en parachute sur le porte-conteneur américain, Maersk Alabama, détourné par des pirates somaliens. Autant de faits d'armes portés au cinéma. Pour sa bravoure au combat, Robert O'Neill a été décoré à 52 reprises. Il a notamment été récompensé par deux «Silver Stars» et trois «Bronze Stars», qui comptent parmi les plus hautes distinctions dans l'armée américaine.
Le risque de représailles

Mais l'émission de Fox News risque de lui attirer les foudres de son ancienne hiérarchie. Agacé, le patron des Navy Seals a rappelé à ses troupes qu'il leur était interdit, en vertu du code de conduite de l'unité d'élite, de narrer publiquement leurs exploits. Ces derniers sont par ailleurs couverts par le secret d'État. Le contre-amiral Brian Losey menace de poursuites judiciaires, Robert O'Neill n'est pas le premier membre de la fameuse Team 6 à lever le voile sur raid visant Oussama Ben Laden. Matt Bissonnette, auteur du best-seller No Easy Day, est sous le coup d'une enquête fédérale pour avoir livré des détails sur la mission sans l'accord préalable du Pentagone. Fox News assure de son côté ne pas avoir été contacté par l'administration avant la diffusion du documentaire mardi et mercredi prochain.
En tout cas, le Département d'État refuse de confirmer les dires du «Tireur». Ces derniers sont d'ailleurs contestés par plusieurs protagonistes. Robert O'Neill affirme avoir tué Ben Laden de trois balles, dont une dans la tête. Mais, selon une autre version des faits, le soldat aurait certes blessé mortellement le leader d'al-Qaida, mais ce sont deux autres Seals qui l'auraient ensuite tué. D'ailleurs, les circonstances même dans lesquelles Robert O'Neill a quitté la Team 6 sont sujet à controverses. À en croire CNN, il aurait été viré après s'être vanté de sa participation au raid dans des bars. Mais se présenter publiquement comme l'homme qui a tué Ben Laden comporte de nombreux risques. Son père en est bien conscient. «Les gens nous demandent si nous ne sommes pas inquiets de sortir de l'anonymat. Ils ont peur que des membres de l'État islamique ne viennent et se vengent. Je leur répondrai que je pourrais peindre une grosse cible sur ma porte d'entrée et que je les attends.»