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jim63
05/10/2014, 07h43
salam
Munir, il s’appelle Munir
Je suis folle de lui
C’est un joueur pas comme les autres
Mais moi je l’aime, c’est pas d’ma faute
Même si je sais
Qu’il ne jouera jamais pour moihttp://maghrebfootballclub.blogs.francefootball.fr/wp-content/uploads/sites/24/2014/10/Munir6.jpg

C’est en substance ce que peut ressentir désormais la sélection marocaine de football pour Munir El Haddadi. Cet été, le joueur du FC Barcelone a cristallisé toutes les passions sur le cas des joueurs binationaux. L’Espagne a devancé le Maroc, et l’a sélectionné début septembre.
Logique. Puisque le natif de Madrid a fait ses classes au sein des catégories jeunes espagnols. Mais le choix de la nationalité sportive reste une décision personnelle, dictée par des paramètres de vécu, culturels ou professionnels. Et même si elle s’en cache, l’Espagne a aussi accéléré la cadence car elle savait que le Maroc était à l’affût. Badou Zaki avait dans l’esprit de laisser le garçon mûrir avant de l’appeler après la CAN 2015. Le joueur lui-même n’avait pas fermé la porte aux sollicitations venant du Royaume. Saïd Chiba, l’adjoint de Badou Zaki, le sélectionneur marocain, avait discuté avec la famille du Blaugrana. Mohamed Ouzzine, le ministre des Sports, s’était lui rendu au Camp Nou pour assister à la rencontre opposant le Barça à Elche. Sentant la menace rôder, et face aux hésitations de Zaki, la Roja a coupé l’herbe sous le pied des Lions de l’Atlas. Et Munir de s’expliquer sur Twitter : «Je me sens très honoré de porter le maillot de la Roja, sans pour autant oublier mes racines. Merci à la sélection espagnole.» Souhaitons-lui juste qu’il réussisse une vraie carrière internationale avec la Roja, pas comme Bojan Krcic, annoncé comme un phénomène avec la Barça en 2008, et qui honorera au final une seule cape. L’attaquant de Stoke City d’origine serbe par son père ne peut plus évoluer avec la sélection des Balkans.
Le 3 juin 2009, à Nassau (Bahamas) et sur proposition de la Fédération algérienne, l’organisation internationale amende l’article 18 de son règlement d’application des statuts. Un joueur disposant de la double nationalité peut maintenant changer d’équipe nationale sans limite d’âge, s’il n’a été sélectionné qu’en catégories jeunes. Avant, il devait se décider avant un fatidique 21e anniversaire. La décision est prise par 112 voix contre 82. Mohamed Raouaoura, l’habile président de la FAF, a rallié à sa cause nombre de dignitaires asiatiques, sud-américains et africains. Un véritable effet d’aubaine pour les sélections maghrébines, et notamment l’Algérie. Les Fennecs étaient représentés par 18 binationaux au Mondial 2010. Le sélectionneur Rabah Saâdane puise allégrement dans le réservoir français. Hassen Yebda (Benfica, 25 ans), Habib Bellaïd (Francfort, 24 ans), Djamel Abdoun (FC Nantes, 23 ans) ou Carl Medjani (AC Ajaccio, 24 ans), fleuron des catégories jeunes françaises, changent d’hymne national et abandonnent le coq tricolore. Mis à part Ryad Boudebouz, considéré comme un butin de guerre en 2010, les autres joueurs étaient des joueurs de niveaux intermédiaires. En 2014, Vahid Halilhodzic s’appuie sur 17 binationaux pour atteindre les huitièmes de finale du Mondial 2014. Mais pour le football français, l’impact est beaucoup plus fort que la bande de Karim Ziani.L’Algérie a brillé à l’échelle mondial en grande partie grâce à Yacine Brahimi ((U16, U17, U18, U19, U20, U21 France), Nabil Bentaleb (U19), Sofiane Feghouli (U18 et Espoirs), Faouzi Ghoulam (Espoirs), Saphir Taïder (U18, U19, U20). Les joueurs sont beaucoup plus talentueux, plus jeunes, et répondent positivement aux sollicitations bien argumentées de Mohamed Raouraoua. En face, il y a un projet crédible, et aussi un élan patriotique autour de la sélection. En somme, un vrai danger pour la France qui doit trouver des réponses sportives à cette saignée. Alors oui, Benzema, Ben Arfa, Rami ou Nasri sont restés, mais comme si certains ne voulaient plus compter pour du «Beur» en France. Et comme si le mythe de Zidane en avait pris un coup dans la gueule (ou le faciès ?). En 2010, Nadir Belhadj nous expliquait son sentiment sur la question : «J’ai fait très vite le choix de l’Algérie. Je n’avais pas envie de me retrouver comme certains qu’on appelle une fois ou deux et puis plus rien. Souvenez-vous de Bafé Gomis, c’était le tube de l’été il y a deux ans. Aujourd’hui, Domenech ne le convoque plus. Et demain, il est possible qu’il ne joue plus aucune compétition internationale. Parfois, tu as l’impression qu’on prend des mecs juste pour qu’ils ne puissent plus honorer la sélection d’origine.» Entre temps, l’histoire des quotas est passé par là, et a parfois ajouté à l’incompréhension entre ces joueurs et la DTN Française.

Aujourd’hui, c’est un nouveau cas qui suscite les passions. Que va faire Nabil Fekir ? Sans sa blessure à l’épaule du mois d’août, il était tout prêt de rejoindre la sélection algérienne. Il a ensuite brillé avec l’OL, et se révèle être une des belles découvertes de la Ligue 1. La France est entrée dans la danse, et lui a ouvert la porte de l’équipe de France Espoirs (avec l’aimable collaboration de l’OL ?). Alors certes, il a encore tout le temps de se déterminer, et rejoindre El-Khedra dans l’avenir. Mais de l’autre côté de la Méditerranée, l’idée que l’Algérie, brillante au Mondial, soit considérée comme un éventuel plan B est jugée comme une forme d’opportunisme. Sentiment identitaire ou pas, les enjeux économiques font aussi partie de la donne. Il est parfois préférable d’attendre, et de continuer avec une nation européenne pour signer une prolongation de contrat ou attirer des clubs. Car en tant qu’international africain, c’est comme la cote à l’argus, vous êtes sous-cotés. En tant qu’international algérien, Karim Benzema aurait-il signé aussi vite au Real Madrid ? A ceux qui vont dénoncer la posture victimaire derrière cet argument, les coulisses du football sont cruelles, et cette réalité, les joueurs et les agents la connaissent très bien…