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Voir la version complète : Témoignage Djaâfar Haddad, un syndicaliste engagé et militant progressiste



MCA
28/09/2014, 10h39
Le 25 septembre 1989 est décédé notre ami Djaâfar Haddad. Un quart de siècle déjà ! Djeff a passé une enfance difficile qui l’a profondément marqué. Père décédé en 1952 en Indochine, orphelin à 8 ans. Djeff et ses 2 frères vont grandir chez leur grand-mère Mani, dans un quartier de Fontaine-Fraîche. Étant l’aîné, il commence à travailler très jeune pour subvenir aux besoins de la petite famille qui s’installe, après l’Indépendance, à El-Biar dans un F2 exigu. Recruté à Sonelgaz vers la fin de l’année 1963, il suit l’école EGA de Ben Aknoun (formation dans la fiscalité-comptabilité) et prendra aussi des cours de capacité en droit. Mais son engagement syndical précoce lui fixe un autre cap. Son mariage avec Rabéa est célébré le 27 octobre 1967. Il n’a que 23 ans.
Assumant très tôt la responsabilité d’une famille, dont un frère malade, disposant de moyens limités et façonné par les conditions difficiles qu’il a vécues, Djeff prend conscience du besoin de lutter pour la défense des droits matériels des travailleurs, le respect de leur dignité pour un monde fondé sur la solidarité, l’égalité et la justice sociale. Il a la confiance des travailleurs du siège (Sonelgaz) qui le porteront au premier rang de la représentation syndicale durant 2 décennies. À 30 ans, en mai 1974, au plus fort de la caporalisation de l’UGTA, Djaâfar est élu au secrétariat de la Fédération nationale des électriciens et gaziers d’Algérie (Fnega). Il apporte une autre façon de faire du syndicalisme, qui n’était pas sans susciter des interrogations et des clivages. La Fnega vivra 2 années de revendications permanentes, d’incompréhensions et de contestations que l’introduction de la GSE allait rendre plus complexe. Avec d’autres camarades, Djeff reprendra son bâton de pèlerin pour reconstruire le syndicat Sonelgaz et l’associer au formidable mouvement de démocratisation de l’UGTA, qui sera couronné par le 5e congrès de mars 1978. Le 1er juillet 1979 naîtra la Fédération des travailleurs de l’énergie, de la chimie et des mines (FNTECM) ; Djaâfar est élu au secrétariat fédéral, chargé du département éducation et formation. Il est de toutes les missions où les revendications des travailleurs sont en jeu, ne rechignant jamais à la besogne.
Lorsqu’il fallait “affronter” les travailleurs dans les zones sensibles (zone industrielle d’Arzew, bases Sonatrach du Sud, région de Tizi Ouzou en mars-avril 1980…), Djeff était toujours de la partie. Au sein du secrétariat, Djeff vivra certainement ses plus belles années syndicales. L’application, durant l’année 1981, du fameux article 120 des statuts du FLN, mettra un coup d’arrêt à la démocratisation de l’UGTA, mais aussi de toute la vie sociale, économique et culturelle. Cet article a permis de liquider des hommes qui se réclamaient de la mouvance progressiste ou du Pags. Avec l’application bureaucratique de l’article 120, c’est aussi la perte de crédibilité des structures nationales chargées de porter les revendications sociales et politiques, au profit de la montée en force du courant islamiste contestataire opposé au progrès et à la démocratie. Djeff avait un trait de caractère qui le rendait attachant. Il y avait en lui une empathie naturelle avec les travailleurs et les citoyens en difficulté sociale. Chez lui, classe ouvrière avait un sens et un contenu concret. L’UGTA muselée, Djaâfar, un temps déprimé, se tourne vers le travail patient et méthodique de la lutte clandestine, et s’investit dans l’action politique à l’intérieur du Pags. Mais, il est fragilisé par la maladie et ne sait pas se ménager. En effet, un accident de la route banal le conduit à l’hôpital Mustapha où, à la suite d’un bilan médical, on découvre qu’il est atteint d’une insuffisance cardiaque grave. En 1981, de retour de Suisse où il a subi une intervention chirurgicale urgente, il continue de dérouler normalement et pleinement sa vie, et décède à 45 ans.
Septembre 2014. Malgré l’usure du temps, Djaâfar Haddad reste toujours présent dans la mémoire de ses proches, de ses amis et des petites gens qui l’ont côtoyé. Militant communiste, syndicaliste de conviction, Djeff fut un homme de principe, affable, jovial malgré la maladie, solidaire avec les faibles et toujours disponible. Une cérémonie commémorative de recueillement sera organisée dans les prochains jours. Que ceux qui l’ont connu, aimé et apprécié se souviennent de lui, qu’ils évoquent son parcours et qu’ils glorifient sa mémoire, en ce 25e anniversaire de sa disparition.

Les amis de Djaâfar Haddad

Source Djaâfar Haddad, un syndicaliste engagé et militant progressiste Témoignage - Liberté Algérie , Quotidien national d'information (http://www.liberte-algerie.com/actualite/djaafar-haddad-un-syndicaliste-engage-et-militant-progressiste-temoignage-229134)

AZZOUZ
28/09/2014, 16h47
Paix à son âme.

Il rejoint son autre camarade Mustapha SAADOUNE,moulés tous deux dans la même idéal et la même veine qui nous ont permis de nous libérer du joug colonial et devenir Algériens.

Mustapha Saadoun. Des convictions jusqu’au bout.

samedi 8 août 2009


Il y a deux ans, nous avions avec Hamid Kechad pensé à la réalisation d’un documentaire sur le parcours de Mustapha Saadoun. Pour tenter de lui faire accepter cette idée, nous sommes allés, par une belle journée ensoleillée, à sa rencontre chez lui, à Cherchell. De cette rencontre restera gravé dans ma mémoire, la peur de Hamid devant le chien qui n’arrêtait pas de le renifler, les belles senteurs du jasmin cueillis du jardin par Mme Saadoun et cette réponse de Mustapha à notre sollicitation : « si cela peut aider le mouvement, je suis partant ».
Le mouvement pour Saadoun est celui des communistes qu’il a rejoint en 1945, à la faveur du comité local de lutte pour l’amnistie, créé par Omar Heraoua, membre du PCA. Saadoun a adhéré au Parti communiste algérien (PCA) attiré par ses idées humanistes et son programme social et économique en faveur des masses laborieuses. Il goûtera à la prison dans les années 50 pour diverses raisons. Sa plus longue incarcération a eu lieu à la prison de Blida.
Il y est emprisonné après ses nombreuses visites dans les souks dans lesquels il se rendait pour dissuader les Algériens, crevant de faim, de s’incorporer pour la guerre d’Indochine à raison de 1000 francs le kilo. Des sous qui devaient permettre à leur famille de manger. Mustaphaparticipe activement à l’organisation de grèves des ouvriers agricoles dans la Mitidja, ces damnés de la terre, qui vivaient dans des conditions de pauvreté et d’exploitation indescriptibles. Il est aux côtés des marins, des paysans et de tous les travailleurs brimés. Avec la création en 1955 des Combattants de la Libération par le PCA, Mustapha Saadoun est désigné responsable politique d’un groupe dans la région de l’Orléansvillois. Il échappe à la mort alors que 5 de ses camarades, Henri Maillot, Maurice Laban, Hanoun Belkacem, Djillali Moussaoui et Zelmat Abdelkader tombent dans une embuscade tendue par l’armée coloniale à Djebel Derraga.
Après les accords PCA-FLN, en juillet 1956, Mustapha rejoint l’ALN dans la wilaya IV. Il sera arrêté … à l’indépendance sur ordre de responsables anticommunistes du FLN. Motif invoqué : diffusion d’une déclaration du PCA qui salue la victoire du peuple algérien sur le colonialisme français ! Il sera ainsi empêché de voter le jour du referendum, lui qui avait lutté sans relâche pour arracher cette liberté tant espérée. Devant être expulsé sur ordre de Ben Bella vers … la France ( !) il est relâché grâce à l’action de ses compagnons de maquis révoltés par tant d’étroitesse et qui ne tinrent pas compte de cet ordre absurde.
Son engagement politique et syndical est un exemple. A 90 ans, il s’informait toujours de ce qui se passait dans son pays et à travers le monde et croyait encore qu’un monde juste était possible. Un des derniers livres qu’il tenait entre ses mains traitait de la mondialisation. Sa femme et fidèle compagne de lutte l’a rejoint dans sa mort quelques semaines seulement après sa disparition.
Safia Ouared

harroudiroi
28/09/2014, 20h34
Allah yerhamhoun tous, même les anonymes qui ont participer de près ou de loin à cette révolution, la rahma pourrait s'appliquer aussi a tous ceux qui ont aidé la révolution.

MCA
29/09/2014, 08h02
POur les generations futur.....