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Voir la version complète : Un fournisseur de Samsung accusé d'employer des enfants



rubicube
10/07/2014, 15h28
Samsung enquête actuellement sur des accusations portant sur l’emploi de mineurs dans au moins une usine d’un sous-traitant. La firme coréenne a indiqué qu’elle avait une politique de tolérance zéro sur ce thème, mais ces accusations relancent une problématique récurrente dans le domaine des appareils électroniques.
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Des employés âgés de moins de 16 ans

L’association China Labor Watch surveille l’emploi des mineurs dans les entreprises de Chine. Le phénomène est récurrent et nous avons abordé à plusieurs reprises dans nos colonnes la situation d’Apple. En décembre 2012, Envoyé Spécial diffusait ainsi un reportage à charge contre Foxconn, connu pour avoir déclenché plusieurs scandales sur les conditions de travail de ses employés, entre suicides et présence de mineurs dans les usines. En janvier 2013, Apple annonçait avoir coupé les ponts avec un fournisseur qui employait des mineurs, falsifiant au passage les papiers pour apparaître en règle.

C’est désormais Samsung qui est sous les feux des projecteurs, après un rapport publié par China Labor Watch. Publié ce matin, il accuse l’entreprise Shinyang Electronics, située à Dongguan, d’employer des enfants dont l’âge ne dépasse pas 16 ans. Or, Shinyang Electronics est un important fournisseur de Samsung pour certains composants, et l’association pointe une relation directe de cause à effet : certaines périodes de l’année sont propices aux commandes plus importantes, créant des besoins ponctuels et intenses en main d’œuvre.
Plus d'une quinzaine de violations

China Labor Watch indique avoir découvert la situation dans l’usine de Shinyang en envoyant l’un de ses membres sous couverture. En à peine trois jours sur place, il a pu constater que cinq enfants travaillaient dans l’usine, avec des indications claires que leur nombre était plus important que cela. Le recrutement des enfants était suppléé par celui d’étudiants mineurs pour répondre à la demande écrasante de certaines entreprises, dont Samsung.

Les conditions de travail n’étaient pas non plus à la hauteur, loin s’en faut. On retrouve ici d’ailleurs des parallèles avec certaines situations décrites chez Foxconn, à savoir des journées de travail de plus de 11 heures, aucun paiement pour les heures supplémentaires au-delà de la dixième, ou l’encore l’absence d’assurance. Toujours selon le rapport de l’association, les embauches étaient faites pour une période allant de trois à six mois.

Pour China Labor Watch, Shinyang Electronics commet au moins une quinzaine de violations dont un nombre excessif d’heures de travail, les heures supplémentaires non payées, utilisation abusive d’employés temporaires, mauvaises conditions de travail, absence de sécurité, absence d’assurance en cas d’incident, discrimination à l’embauche, obligation de signer des contrats de travail vierges, punitions des employés sous des prétextes fallacieux et ainsi de suite.

L’information a été remontée à Samsung d’autant plus rapidement que la firme coréenne a publié le 30 juin un rapport dans lequel elle affirmait avoir analysé le fonctionnement de 200 fournisseurs, sans y trouver la moindre trace de mineurs employés. China Labor Watch indique par ailleurs qu’elle informe Samsung depuis plus de deux ans sur les conditions de travail chez certains de ses fournisseurs, la situation n’évoluant pas dans le temps. Pour l’association, Samsung ne fait pas d’effort et manque notamment d’un code de conduite à imposer à la totalité de sa chaine de production.
« Ce que dit Samsung n’a aucune importance »

Pour le directeur de China Labor Watch, Li Qiang, la situation est claire : « Les rapports de responsabilité sociale de Samsung ne sont que de la publicité. Samsung a investi son énergie dans des audits et la production de ces rapports, mais ces choses ne sont destinées qu’à apaiser les investisseurs et n’ont aucune valeur réelle pour les salariés. Le système de surveillance de Samsung n’a aucune efficacité et a échoué à mettre en place des améliorations pour les salariés. Ce que dit Samsung n’a aucune importance, seules comptent les actions ».

Samsung a évidemment réagi et a indiqué à The Next Web : « Nous examinons de toute urgence les dernières allégations et prendrons toutes les mesures appropriées en accord avec notre politique de prévention de l’emploi des enfants chez nos fournisseurs ».

Samsung, tout comme Apple, ne peut sans doute pas certifier qu’aucun enfant n’est embauché dans les grandes usines chinoises, d’où sortent une grande majorité des produits électroniques que nous utilisons couramment. La question qui reste cependant est de savoir si Samsung était réellement dans l’ignorance de cette activité, ou si la firme a simplement fermé les yeux.