PDA

Voir la version complète : Le russe Gazprom ne livrera plus que du gaz "prépayé" à l'Ukraine



jim63
18/06/2014, 20h49
salam
Le géant gazier Gazprom a introduit lundi un système de prépaiement pour les livraisons de gaz à l'Ukraine après l'expiration de son ultimatum, ce qui signifie qu'elle ne lui fournira plus que ce qu'elle réglera en avance, a annoncé Gazprom. L'échec des négociations de dernière minute à Kiev est susceptible de perturber l'approvisionnement en Europe et d'aggraver le pire conflit sur le continent depuis la fin de la guerre froide. http://ds2.ds.static.rtbf.be/article/image/250x161/c/6/0/9a22a5504dde83d0ced59821e18276ad-1402894009.jpg (http://www.rtbf.be/info/monde/detail_ultimatum-gazier-la-russie-menace-de-couper-le-gaz-apres-l-echec-des-negociations?id=8293183#newsImagesPane)



"Nous n'avons pas trouvé d'accord et il est peu probable que nous nous rencontrions de nouveau, nous sommes déjà dans l'avion" pour rentrer à Moscou, a déclaré Sergueï Kouprianov à l'AFP au téléphone. "Si nous ne recevons pas de paiement d'ici 10H00 (06H00 GMT), nous n'allons plus fournir de gaz", a-t-il ajouté.
Et la Russie semble avoir mis ses menaces à exécution : "Gazprom, en vertu du contrat en vigueur, a passé Naftogaz à un système de prépaiment pour les livraisons de gaz", indique le groupe russe dans un communiqué. "Aucun paiement pour juin n'a été effectué. A partir de ce jour, la société ukrainienne ne reçoit plus que les volumes qu'elle aura payés", est-il ajouté, sans préciser si le gaz avait été coupé.
"La décision fait suite aux non-paiements chroniques de Naftogaz. Le défaut de paiement pour le gaz russe fourni s'élève à 4,458 milliards de dollars, dont 1,451 milliard pour novembre-décembre 2013 et 3,007 milliards de dollars pour la période entre avril et mai 2014", selon le communiqué.
En réaction Naftogaz a annoncé lundi avoir saisi une cour d'arbitrage internationale à Stockholm pour contester le prix du gaz fixé par la Russie et réclamer le versement indu de six milliards de dollars au géant russe Gazprom.
Cette action en justice vise à recouvrer son "paiement excessif pour le gaz" depuis 2010, estimé à six milliards de dollars (4,4 milliards d'euros), a indiqué Naftogaz dans un communiqué, précisant qu'il demanderait à la cour d'arbitrage d'établir "un prix juste" pour les livraisons futures de gaz russe.
Négociations infructueuses
"Les négociations se sont achevées sans résultat", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale ukrainienne. Vers minuit (21H00 GMT), le PDG de Gazprom Alexeï Miller et le commissaire européen à l'Énergie sont de nouveau entrés dans le siège du gouvernement ukrainien, a constaté un journaliste de l'AFP. Selon des sources russes, les négociations ont de nouveau repris.
Le géant Gazprom avait donné jusqu'à lundi 06h GMT à Kiev pour rembourser une dette gazière de 1,95 milliard de dollars. Faute de règlement, la Russie menaçait de passer à un système de pré-paiement signifiant la coupure de l'approvisionnement.
Au passage, les livraisons de gaz russe en direction de l'Europe, dont près de la moitié transitent par le territoire ukrainien, risquent de se trouver affectées, comme pendant les précédents conflits gaziers, en 2006 et 2009.
Mais Kiev refuse la hausse des prix décidée par Moscou après l'arrivée au pouvoir de dirigeants pro-occidentaux fin février, conséquence de la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch : les mille mètres cubes de gaz sont alors passés de 268 à 485 dollars, un prix sans équivalent en Europe. Dans sa "dernière offre" Moscou a proposé 385 dollars.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dénoncé dimanche "l'arrogance" de Kiev qui "rejette un compromis raisonnable" ce qui s'expliquerait, selon lui, par l'ingérence d'un "État tiers".
Après l'espoir d'une détente né des premiers contacts entre le président russe Vladimir Poutine et le nouveau chef de l'État ukrianien Petro Porochenko, le ton est monté entre Kiev et Moscou ce week-end.
Loi martiale dans l'Est?
Le président ukrainien pro-occidental Petro Porochenko a pour sa part promis une "réponse adéquate" aux séparatistes après l'attaque contre l'avion à Lougansk, la plus meurtrière pour l'armée ukrainienne depuis le lancement le 13 avril d'une opération militaire dans l'Est séparatiste prorusse qui a fait plus de 300 morts.
L'introduction de la loi martiale dans l'Est rebelle "sera abordée" lundi lors d'une réunion du conseil de sécurité nationale et de défense convoqué pa Petro Porochenko, a indiqué dimanche le ministre ukrainien de la Défense Mikhaïlo Koval à la télévision TSN.
Petro Porochenko avait présenté la semaine dernière à Vladimir Poutine son plan de paix faisant naître l'espoir d'une détente et plusieurs phases de pourparlers avec l'ambassadeur de Russie à Kiev depuis l'investiture le 7 juin du nouveau chef de l'État ukrainien. Mais l'attaque de Lougansk revendiquée par les insurgés prorusses a mis à mal ces attentes.
Les États-Unis ont réaffirmé vendredi que la Russie avait fourni aux insurgés prorusses dans l'est de l'Ukraine des chars et des lance-roquettes, du matériel qui a franchi ces derniers jours la frontière entre les deux pays.
Poutine insulté par un ministre
Les pourparlers énergétiques se déroulaient dans un contexte extrêmement tendu après des incidents samedi devant l'ambassade russe en Ukraine, en marge d'une manifestation pour protester contre l'attaque meurtrière de Lougansk.
La diffusion dimanche d'une vidéo montrant le ministre ukrainien des Affaires étrangères insultant le président russe Vladimir Poutine devant les manifestants a rajouté à l'indignation de Moscou. Sur ces images, Andrii Dechtchitsa, venu calmer la foule dit aux manifestants qu'il est prêt à exiger avec eux que la Russie se retire de l'Ukraine et lâche "Poutine connard", un slogan lancé par des supporteurs de football il y a plusieurs semaines et devenu depuis en Ukraine un refrain très populaire. Plusieurs hauts responsables russes ont crié au scandale et appelé le président ukrainien à limoger Andrii Dechtchitsa.
Les manifestants rassemblés samedi devant l'ambassade de Russie à Kiev voulaient que "le sang soit versé", a affirmé dimanche M. Lavrov en dénonçant les propos de son homologue ukrainien "qui ont dépassé les limites de la bienséance".
Un manifestant a décroché samedi le drapeau russe tandis que d'autres ont renversé les voitures diplomatiques, jeté des pavés et un cocktail molotov sur le bâtiment.