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Voir la version complète : Les Origines du Serouel Algérois.



edenmartine
11/06/2014, 10h56
http://azititou.files.wordpress.com/2012/06/une-femme-dalgerie1865.jpg?w=535 (http://azititou.files.wordpress.com/2012/06/une-femme-dalgerie1865.jpg)


Le pantalon fait partie de ces nombreuses innovations originaires d’Asie qui se sont progressivement introduites dans le costume méditerranéen; il se propage à l’ouest à partir des steppes d’Asie centrale où il constitue le « vêtement essentiel de ces cavaliers nomades indissolublement lié à l’usage du cheval ».
En Afrique du Nord, les cavaliers numides, pourtant réputés pour leurs prestations à cheval, sont représentés jambes nues sur les stèles puniques, simplement vétus de tuniques courtes. Certes, le climat méditerranéen n’a pas la rigueur de celui de l’Asie centrale ou de l’Europe septentrionale et l’influence grecque, alors dominante en Numidie, n’est pas porteuse de cette nouveauté car a malgré leurs contacts avec les Scythes, qui diffusèrent le pantalon long en Europe, les Grecs n’adoptèrent pas ce vêtement, à l’exception d’Alexandre qui l’utilisa pour ses troupes à cheval [W siècle av. J.-C.]" ».

Plus tard, vers le IIe siècle après J.-C., probablement au contact des Gaulois qui portent des pantalons depuis cinq siècles déjà, « les Romains les adoptèrent pour leurs troupes, après les avoir trouvés d’abord si étranges », ils demeurent toutefois réservés aux soldats
. Enrôlés dans l’armée romaine ou, plus tard, dans les troupes vandales, byzantines puis arabes, les hommes berbères se sont peu à peu accoutumés au pantalon dans leurs tenues de combat, plusieurs siècles avant l’intégration de ce vêtement dans le costume civil.
A l’autre bout de la mer intérieure, les Syriens, longtemps soumis à l’occupation perse, connaissent le pantalon depuis l’Antiquité.
Lorsqu’Abderrahmane, le dernier souverain umeyyade de Damas, établit sa capitale à Cordoue en 756, il tente d’y recréer le faste de la cour damascène; le serouel se généralise alors en l’espace de quelques décennies à l’ensemble de la population andalouse dont l’aristocratie était souvent elle-même originaire des cités syriennes.
D’autre part, les prédécesseurs wisigoths des Umeyyades, ainsi que les Ibères plusieurs siècles auparavant, portaient déjà des pantalons entourés de cordelettes entrecroisées autour de la jambe ; ce modèle se transforme et perdure jusqu’au XVIe siècle où on le retrouve, par exemple, sur les jeunes femmes grenadines les plus pauvres.
Quant au pantalon importé du Proche-Orient, il se porte ample et long jusqu’aux chevilles; seule sa partie inférieure reste visible car la tunique, qui conserve le statut de pièce dominante du costume, le recouvre.
Le serouel se doit d’être blanc, non seulement parce qu’il se porte à même la peau et garde d’une certaine façon la "fonction d’un vêtement de corps, mais le blanc, symbole de distinction, est aussi la "couleur" royale des Umeyyades.
Il fait d’ailleurs son entrée dans les villes du Maghreb en tant que signe de distinction sociale : plus forte sera la classe dominante, plus il deviendra visible et tendra à devenir une pièce externe du costume.
Au début du second millénaire, les héritiers du trône cordouan travaillent à activer leurs relations avec les villes maghrébines pour parer à la montée de leurs concurrents fatimides ; « plusieurs campagnes furent nécessaires aux Umeyyades pour conserver au Maghreb leur zone d’influence, qui s’étendait approximativement de Sijilmassa à Alger», Ces campagnes ne sont pas militaires, mais politiques et diplomatiques, et comme cela s’est souvent répété au cours de l’histoire du Maghreb médiéval, la situation géographique d’Alger amène la ville à se trouver au carrefour des zones d’influence de deux puissances régionales.
Au XIe siècle, le départ des Fatimides vers l’Egypte et l’essor de la dynastie hammadite favorisent les contacts entre les cités du littoral de l’Algérie centrale et celles de l’Andalousie. Parallèlement, l’arrivée des Almoravides en Espagne, suite aux troubles qui ont suivi la chute des Umeyyades de Cordoue, et Fatomisation du pays en petits royaumes indépendants lient davantage Alger – elle-même incluse dans l’empire almoravide – à ses voisines ibériques.
L’unification du Maghreb et de l’Andalousie sous l’autorité almohade au XIIe siècle accélère l’introduction du serouel andalou dans le costume des femmes d’Alger, la croissance qui résulte de l’organisation rigoureuse et du dynamisme commercial des Almohades ayant renforcé le besoin de nouveaux apports vestimentaires pour traduire une distinction sociale plus marquée au sein de la population des grandes métropoles.