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Voir la version complète : Argent du tennis: derrière les millions, une réalité brutale



soltan009
02/01/2013, 12h08
http://l1.yimg.com/bt/api/res/1.2/W3rAw96lr8CPL9kQk2sWnQ--/YXBwaWQ9eW5ld3M7Y2g9MzUwO2NyPTE7Y3c9NTEyO2R4PTA7ZH k9MDtmaT11bGNyb3A7aD0xMzA7cT04NTt3PTE5MA--/http://media.zenfs.com/fr_FR/News/AFP/photo_1356598996444-5-0.jpg
Catalogué sport de riches, le tennis véhicule une image glamour où l'argent coule à flots mais derrière Roger Federer et Maria Sharapova, la réalité est beaucoup moins clinquante.
Que gagne un joueur de tennis? La réponse oscille entre énormément et rien du tout, mais ce qui frappe, c'est à quel point on passe rapidement de l'un à l'autre. Un constat d'abord: sur les 1800 joueurs et 1400 joueuses professionnels, environ 10% seulement vivent de leur métier et au-delà de la 200e place mondiale, et même avant pour les filles, on perd de l'argent.
"La hiérarchie est très violente, brutale", résume Patrice Hagelauer, Directeur technique national de la Fédération française et ancien entraîneur de Yannick Noah.
En haut de la pyramide, on nage dans l'opulence. En 2012, le N.1 mondial Novak Djokovic a gagné 9,7 millions d'euros et son homologue de la WTA, Victoria Azarenka, 6 millions. On peut multiplier ces gains par quatre grâce aux sponsors, aux garanties offertes par les tournois et aux exhibitions.
Une autre planète pour l'écrasante majorité des joueurs qui doivent, eux, se contenter des miettes, d'autant que les marques ne misent pratiquement plus que sur les têtes d'affiche.
"Un joueur hors du Top 20 n'a souvent d'autre revenu que son +prize money+", ses gains en tournoi, note l'Ukrainien Sergiy Stakhovsky, 103e mondial.
Les joueurs classés entre la 90e et la 100e place ont gagné en moyenne 202.970 euros brut en "prize money" en 2012. Pour un 150e mondial, ça tombe à 75.000 euros par an. Le 200e mondial a gagné 20.780 euros.
De ces montants, il faut déduire les taxes et les impôts, jusqu'à 30%, les frais de déplacement, énormes pour un sport qui se joue sur cinq continents, la nourriture, l'hôtel parfois, et, pour ceux qui peuvent se le permettre, un entraîneur qu'il faut payer, héberger et faire voyager.
Sans l'aide d'une fédération, d'un mécène ou de la famille, cela devient vite très tendu. Et nécessite par exemple de prolonger la saison avec des matches par équipes en France, en Allemagne ou en Suisse. "C'est avec ça que je finance ma tournée en Australie", explique le Français Marc Gicquel, 152e mondial.
200 euros sur son compte
"Pour pouvoir mettre un peu d'argent de côté, il faut être dans le Top 50, y rester un certain temps et faire attention", calcule l'ancien joueur français Arnaud Di Pasquale. On est loin de la Ferrari.
Comparé à d'autres sports, c'est cruel. En foot, le 100e mondial est une star. En basket il joue en NBA. En golf, le 144e mondial a gagné 1 million de dollars cette année et il vaut mieux être à ce niveau en handball qu'en tennis.
"Le 100e footballeur... en Ukraine gagne plus que moi", résume Stakhovsky.
Privé de salaire fixe, le joueur de tennis ne dépend que de ses résultats. Et quand la blessure s'en mêle, les comptes basculent vite dans le rouge.
"Tu peux être 30e mondial et ne pas gagner un radis", note l'entraîneur Ronan Lafaix qui a labouré le circuit avec le Français Stéphane Robert, monté jusqu'au 61e rang en 2010, en faisant chambre commune sur les tournois.
Claire Feuerstein, 130e mondiale, a gagné 71.317 euros en 2012. Une fois déduit les impôts et les frais, il ne reste plus rien et la Française a dû emprunter de l'argent en juin pour continuer. Il lui restait 200 euros sur son compte.
"C'est à se demander s'il ne faut pas être fils ou fille de bonne famille pour passer pro", s'émeut Di Pasquale. D'autant qu'on met aujourd'hui 4,5 ans à entrer dans le Top 100 (4 chez les filles) contre 2,6 (1,4) en 1990 et que la concurrence flambe (34 pays représentés dans le Top 100 masculin).
"Le 250e mondial perd de l'argent toutes les semaines. Mais en même temps, lorsqu'il va dans les dîners, les gens deviennent dingues, tranche Lafaix. Pour eux, c'est une star, un monstre. Le décalage entre l'aura de ces mecs et ce qu'ils gagnent est énorme. La question est: faut-il casser ce rêve? Moi je trouve ça génial tous ces gens qui, finalement, jouent pour rien."