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harroudiroi
24/05/2014, 13h52
Le patriarche maronite libanais Bechara Raï quitte le plateau de FRANCE 24

‫ (http://youtu.be/Mj4URjDGym0)

Mgr Bechara Raï, chef de la principale communauté chrétienne du Liban, a quitté le plateau de FRANCE 24 en plein direct, vendredi. Il n'a pas apprécié les questions liées au cadre juridique de sa prochaine visite en Israël au côté du pape.


Invité sur FRANCE 24, vendredi 23 mai, le patriarche maronite Mgr Bechara Raï a quitté le plateau en direct. Interrogé sur le cadre juridique de sa visite en Israël, il n’a pas apprécié l’insistance des questions. En effet, la constitution libanaise interdit à tout citoyen de revenir au Liban après s’être rendu dans l’État hébreu. Après avoir demandé à plusieurs reprises à "changer de sujet", et à "passer à une autre question", Mgr Raï a finalement ôté son oreillette et son micro-cravate, mettant fin à l’interview.







"En tant que citoyen libanais, vous pourriez encourir des poursuites. Votre statut de religieux vous confère-t-il une immunité ?", a demandé le journaliste de FRANCE 24. "Oui, bien sûr. Je répète que j’ai pris l’accord du président et du gouvernement, car je respecte mon pays et ses lois", répondu Mgr Bechara Raï. Et de poursuivre : "Je vais à la rencontre des fidèles. Cette terre est la nôtre, Jérusalem est notre ville. Nous sommes présents sur cette terre sainte depuis des millénaires, nous ne pouvons pas abandonner notre terre et nos fidèles. Vous arrivez à me comprendre ? (...) Je connais mon devoir en tant que Libanais. Nous avons suffisamment parlé de cette question, je ne suis pas là pour débattre avec vous, alors que vous non plus ne souhaitez pas comprendre. Je suis un citoyen libanais, qui contrairement à beaucoup d’autres respecte ma patrie, sa souveraineté et la loi. Assez avec ce sujet. Je n'ai pas envie de me disputer avec vous. Ça suffit. J’arrête de parler de cela. Vous ne souhaitez pas comprendre. Ça suffit avec cette question, j’insiste suffisamment. J’ai assez répondu. Je vous en prie : changez de ce sujet."


Le journaliste reprend : "Je vais changer de sujet, mais…" Mgr Raï l’interrompt : "Je ne suis pas ici pour entendre des condamnations… S’il vous plait arrêtons cette interview", dit-il en enlevant son oreillette et son micro-cravate.


"OK, je change de sujet, je m’excuse. Je ne comprends pas pourquoi la conversation a pris cette tournure. J’évoquais le coté politique de cette affaire. Je m’excuse auprès de Monseigneur Raï et auprès des téléspectateurs", conclut le journaliste de FRANCE 24.


Une visite qui provoque de vives réactions au pays du Cèdre


Depuis qu’il a annoncé son intention d’accompagner, du 24 mai au 26 mai, le pape François en Terre Sainte - Amman, Bethléem et Jérusalem –, le patriarche maronite Mgr Bechara Raï, a déclenché une polémique au Liban, où il est la plus haute autorité spirituelle de la principale communauté chrétienne.


L’initiative de celui qui est également cardinal de l’Église catholique romaine est une première, puisqu’aucun dignitaire religieux libanais de ce rang ne s’est rendu en Israël depuis la création de l'État hébreu en 1948. En 1964, un patriarche maronite s’était bien rendu à Jérusalem, mais à l’époque, la vieille ville et l’est de la cité était sous contrôle jordanien.


D’aucuns au Liban se sont élevés contre un tel choix, rappelant que les deux pays sont d’un point de vue légal en guerre malgré un armistice signé en 1949. Ainsi, les ressortissants libanais qui se rendent sur le territoire israélien peuvent être poursuivis pour haute trahison.


Sur FRANCE 24, vendredi, Mgr Raï a justifié son déplacement : "Je suis le Patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient. Cela signifie que la Terre Sainte fait partie de mon mandat, et c’est mon devoir d’aller accueillir le pape, mon supérieur, dans cet endroit qui relève de mes prérogatives. En second lieu, c’est également mon devoir écclésial d’aller visiter nos fidèles qui vivent là-bas. Notre communauté est présente depuis des milliers d’année. Ceux qui comprennent cela, tant mieux ; ceux qui le refusent, libre à eux."


Deux ans après son élection par les évêques maronites, le patriarche avait déjà créé la sensation en participant, en février 2013, à l’intronisation du nouveau patriarche grec orthodoxe Youhana Yazigi à Damas. Il s’agissait de la première visite d’un patriarche maronite en Syrie depuis 1943. Son prédécesseur, Mgr Nasrallah Boutros Sfeir, avait toujours refusé de se rendre en Syrie, où vit pourtant une petite communauté maronite, à cause de son opposition au régime des Assad.