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Voir la version complète : Cantona : «Platini est un politicien comme les autres»



xeres
20/05/2014, 15h02
Dimanche soir, et comme toujours, il a d'abord répugné à prendre le micro, gêné par les applaudissements nourris d'une salle charmée par la présentation du documentaire (http://actualites.leparisien.fr/documentaire.html) « Looking for Rio ». Puis Eric Cantona a regardé dans les yeux le public de l'Eden (http://actualites.leparisien.fr/eden.html) Théâtre, l'historique cinéma de la Ciotat, et a donné sa vision sociale du Mondial.


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Il est notamment revenu sur les propos de Michel Platini, qui espérait récemment une compétition sans manifestations (http://www.leparisien.fr/sports/football/video-mondial-2014-platini-demande-au-bresil-de-faire-un-effort-26-04-2014-3797009.php) *.

« Pour parler de Platini, on est dans du règlement de comptes, une guerre politique, explique Cantona. Il veut être président de la Fifa, Blatter veut le rester. Blatter commence à dire : Le Qatar, c'est vrai que c'est une mauvaise idée, mais c'était une idée de Platini. Certains critiquent la Coupe du monde au Qatar (http://www.leparisien.fr/sports/football/video-mondial-2022-choisir-le-qatar-etait-une-erreur-selon-blatter-16-05-2014-3843711.php), d'autres la Coupe du monde au Brésil. C'est également Platini qui a donné le Championnat d'Europe des moins de 21 ans en Israël, ce qui est tout aussi irrespectueux au niveau des droits de l'homme que de donner une Coupe du monde au Qatar, vue la politique d'Israël. Il a aussi donné un Championnat d'Europe à l'Ukraine, qui n'était pas non plus un exemple de démocratie. Mais ce sont des pays émergents, où il y a beaucoup d'argent. Et la Coupe du monde a besoin de ça. Elle est organisée dans des pays qui ont les moyens. Demain, ce sera la Chine. »

La parole désormais assurée, Cantona ajoute : « Après, que ça se passe dans des pays où il est important de développer le football, c'est une bonne chose. Mais au Qatar, il n'y a absolument rien à développer, aucun potentiel. C'est un petit pays en nombre d'habitants. Les gens ne sont absolument pas intéressés par ce sport, ne le seront jamais. »

«Evidemment que les Brésiliens vont profiter du Mondial pour se faire entendre»

Il reprend les déclarations du président de l'UEFA, qui fut son sélectionneur lors de l'Euro suédois de 1992 : « Platini attend que la Coupe du monde se passe bien, mais des gens ont juste besoin d'être entendus, et ils seront entendus grâce à la Coupe du monde, leurs revendications portent depuis plusieurs mois, dans le monde entier, parce qu'il y a cette épreuve ! C'est un point positif. Evidemment qu'ils vont profiter de la Coupe du monde, ils ne vont pas attendre qu'elle passe, comme Platini le demande, ça ne servirait à rien. »

Sur la personnalité de Platini, il évoque le passage de l'insouciance sportive au cynisme institutionnel : « C'est de la politique, quand on arrive à ce niveau... Platini a été un grand joueur, c'est un grand monsieur du football, mais aujourd'hui, c'est un politicien comme les autres. Mais pourquoi pas ? Par contre, ce serait une bonne chose finalement, puisqu'ils sont tous des politiciens, qu'un ancien joueur soit élu à la tête de la Fifa. Entre la peste et le choléra, qu'on hérite d'un médecin ! »

Rideau. Le pudique Cantona se voit attribuer une place à vie dans la salle de cinéma, il choisit le rang H, le siège n°7, évidemment. Entouré de ses frères Joël et Jean-Marie, ainsi que du réalisateur Gilles Perez et de l'ancien de l'OM Marcel Dib, il file ensuite fumer une cigarette dans la cour, quand les invités partagent des pichets de caïpirinha. Mais est-il vraiment sans illusions, comme Romario, témoin désenchanté dans son film, à l'aube du Mondial ?

« On a raconté dans le documentaire tout ce qui s'est passé, ce qui se passe et se passera encore. Après il y a des matchs, conclut l'ancienne idole de Manchester United. Les joueurs ne sont responsables de rien, ils sont là pour faire rêver, et on partagera ce plaisir avec eux. »

* Le 26 avril, à la suite des nombreuses manifestations organisées depuis plusieurs mois dans leur pays, Michel Platini avait lancé un appel aux Brésiliens : « Faites un effort pendant un mois, calmez-vous ! Si les Brésiliens peuvent attendre au moins un mois avant de faire des éclats sociaux, ça serait bien pour l'ensemble du Brésil et la planète football. »