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Voir la version complète : INFO : Une tragédie met en relief l'ampleur des mines illégales



edenmartine
03/05/2014, 09h18
Colombie:


http://media4.actu.woopic.com/8/f/940x250/fd/1/p/afp-actu-articles%7C2f4%7C4b3%7C9dafa7afd5f5381c83078c5af4/455c8be6b7c35b22f7805c6c6afed56e61ab2967.jpg (http://r.orange.fr/r?ref=&url=http://actu.orange.fr/image/monde/colombie-une-tragedie-met-en-relief-l-ampleur-des-mines-illegales-afp_CNT00000021JBk.html)



L'accident tragique, qui a fait au moins trois morts et treize disparus cette semaine dans l'éboulement d'une mine illégale en Colombie, met en relief l'ampleur des exploitations sauvages dans ce pays secoué par un conflit interne et les convoitises de groupes armés.


Les mines illégales constituent 63% du total des exploitations, un pourcentage qui monte à 80% si l'on prend en compte les sites ne disposant pas d'agrément environnemental, selon des chiffres officiels.

"Les mauvaises conditions de travail et le mauvais état des infrastructures représentent un risque permanent pour les travailleurs", a rappelé le Défenseur du peuple, chargé de veiller au respect des droits fondamentaux, après le drame survenu à Santander de Quilichao, dans la province du Cauca (ouest).

Le danger est d'autant plus grand que ces mines illégales sont souvent sous le contrôle des guérillas et autres gangs criminels, issus en partie d'anciennes milices paramilitaires, sévissant depuis près d'un demi-siècle dans ce pays latino-américain.
Ces groupes agissent selon "trois modalités", explique à l'AFP, le politologue Ariel Avila, expert en sécurité: la perception d'un "impôt", terme désignant les extorsions de fonds, le contrôle des coopératives qui achètent l'or aux villageois ou enfin la gestion directe des mines illégales, où ils fixent eux-mêmes les prix.

Face à la concurrence du Pérou et de la Bolivie, les narco-trafiquants colombiens, autres acteurs clés du conflit interne, "ont commencé à transformer leur économie vers la micro-extorsion et l'activité minière illégale", précise M. Avila.
Le phénomène des mines illégales s'est désormais étendu à l'ensemble du pays, soit 22 des 32 provinces, selon les données du parquet.

Malgré cet essor, la mine légale représente toujours un secteur important de l'économie, soit 2,3% du produit intérieur brut, d'après un rapport en 2012 de l'institut national des statistiques.

Toutefois, l'activité informelle est plus attractive car elle offre à des milliers de Colombiens "une source de travail et de survie, ce que ne fait pas l'exploitation minière à grande échelle", souligne M. Avila.

Depuis le début de l'année, 25 accidents miniers ont eu lieu, dont "50% correspondent à l'extraction illicite d'or", selon l'Agence nationale des mines (ANM).

Un récent rapport de l'ANM a recensé, de janvier à septembre 2013, 66 accidents liés à cette activité minière illégale, ayant fait 71 morts et 51 blessés.

L'absence de l'État dans certaines zones reculées, combinées à l'envolée des prix des métaux tel que l'or sur les marchés internationaux, sont autant de facteurs qui ont favorisé le développement de la mine illégale, sans oublier un certain vide juridique.
"Le code minier est très libéral, au sens où aujourd'hui un mineur peut pratiquement faire ce qu'il veut", affirme à l'AFP Alvaro Pardo, conseiller auprès de la "Controlaria", un organisme indépendant chargé d'assurer un contrôle fiscal sur les biens publics.
Les autorités ont toutefois lancé des actions pour fermer certaines exploitations, notamment des sites à ciel ouvert et près de rivières, dont celui de Santander de Quilichao, où l'activité avait ensuite repris.

Après l'effondrement de cette mine, le ministre colombien des Mines et de l'Énergie, Amylkar Acosta, mis en cause par les proches des mineurs disparus, a rappelé que le gouvernement avait créé "une force spéciale au sein de l'armée" pour lutter contre les exploitations illégales.
Quelque 1.167 sites illégaux ont été fermés et plus d'un millier d'excavatrices ont été saisies au cours des quatre dernières années, selon les autorités.
"La seule alternative de l'État face aux mines illégales est de les combattre sur le terrain, en détruisant les machines et en incarcérant les petits et moyens producteurs", a estimé M. Pardo, soulignant que ce fléau avait aussi un coût "social, environnemental et économique".