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Lako
23/04/2014, 18h07
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Walter célèbre un but avec le maillot de Goias - Gazeta Online


Il est petit, gros et lent. Il ne saute pas haut, n'est pas endurant et ne sait pas défendre. Pourtant, Walter Henrique da Silva, dit Walter, est la nouvelle star du football brésilien. A 24 ans, il vient d'obtenir le trophée Armando Nogueira (http://sportv.globo.com/site/Trofeu-Armando-Nogueira/noticia/2013/12/criterios-de-desempate-dao-walter-o-trofeu-armando-nogueira-de-2013.html) qui récompense le meilleur joueur du championnat national. La CBF (Confederação brasileira de futebol, l'équivalent de la fédération française de football), la revue spécialisée Placar et le site d'informations sportives Lancenet l'ont également désigné meilleur attaquant de la série A brésilienne. Un accomplissement pour le buteur du club de Goiás (centre-ouest du pays) et surtout une revanche contre tous ceux qui ont moqué sa taille et ses mensurations (1,76 m pour... 93 kilos).

Une enfance difficile
Car les souffrances du jeune Walter ont été nombreuses. A six ans, il perd son grand-frère, Waldemir, assassiné dans un bus par une bande de délinquants. Elevé à Recife (nord-est du Brésil) pas une mère célibataire, avec ses cinq frères et soeurs, le petit garçon, déjà un peu boudiné, est victime à l'école de moqueries de la part de ses camarades. « Gordinho », littéralement le petit gros, devient son surnom. Très vite, il ne supporte plus d'aller en classe et fugue régulièrement pour éviter les sarcasmes et les quolibets. Un jour, il en vient même à mordre sa professeure qui l'empêche de quitter l'école avant l'heure indue. Edith, sa maman, fait ce qu'elle peut pour maintenir le petit Walter dans le droit chemin mais sans argent à la maison, les sorties sont rares et le garçon passe ses journées dans la rue à côtoyer voleurs et trafiquants. Un jour, il voit l'un d'entre eux mourir après un échange de tirs. Dès lors, l'alternative pour Walter est claire : une carrière dans la délinquance ou dans le football. Contrairement à Waldex, un autre de ses frères condamné et emprisonné pour vol, l'adolescent fera le bon choix.
Double champion du Portugal
Le « petit gros » a de l'or dans les pieds. Il est certes lent et peu endurant mais sa technique est soignée et surtout, il peut mettre le ballon où il le souhaite. A la fois meneur de jeu et attaquant de pointe, il marque de nombreux buts dans les catégories de jeune à Santa Cruz, un club de Recife, sa ville de naissance. En junior, Walter signe au Vitoria de Salvador de Bahia. Six mois plus tard, direction le sud du pays : l'attaquant s'engage à l'Internacional de Porto Alegre, l'un des meilleurs clubs brésiliens, où il marque les esprits en marquant des buts importants dans la prestigieuse Copa Libertadores, l'équivalent sud-américain de la Ligue des champions. Les plus grands clubs européens s'intéressent alors à son cas. Le FC Porto se montre le plus convainquant et l'achète pour quatre millions d'euros. Mais l'expérience européenne sera difficile : Vanessa, la femme de Walter, met au monde une petite Catarina Vitoria, grande prématurée (seulement 760 grammes à la naissance). L'attaquant le vit extrêmement mal et se renferme sur lui-même. Sur le terrain, cela se voit : Walter joue mal et est de toute façon barré par un avant-centre meilleur que lui : Radamel Falcao. Le Brésilien gagnera malgré tout le championnat portugais deux années consécutives en jouant un rôle mineur en attaque.
« Il peut manger quatre hot-dogs à la suite ! »
A cette époque, Walter est très souvent moqué par les supporteurs pour son physique en totale inadéquation avec le sport de haut niveau. « Ca m'agace ! Personne n'aime se faire traiter de gros !», s'emporte-t-il. Médecins, nutritionnistes, préparateurs physiques... Les spécialistes des différents clubs dans lesquels il est passé ont tout essayé pour le faire maigrir. Sans réussite. Fabio Mahseredjian, son ancien préparateur physique à Porto Alegre, raconte : « Parfois, il s'empiffre tellement qu'il prend quatre kilos par jour. Il peut manger quatre hot-dogs à la suite et boire deux litres de soda. Il n'est jamais rassasié. » Walter a un indice de masse corporelle de 30. Il n'est pas seulement en surpoids, il est obèse. Complexé par ses rondeurs, le buteur ne se montre jamais torse nu devant ses coéquipiers et prend même ses douches avec un tee-shirt. Il n'empêche, son talent finit par éclater au grand jour.
Aux portes de l'équipe nationale
Après une expérience infructueuse au Cruzeiro de Belo Horizonte, il s'engage à Goiás, un club de série B (deuxième division). Et empile les buts (http://www.youtube.com/watch?v=_N0l_2u-dFU) : meilleur buteur de son équipe dès sa première saison (16 réalisations), il permet à son club de remporter le championnat en 2012. En début d'année, il finit à nouveau meilleur buteur de sa formation dans le championnat régional (11 buts) que Goiás gagne sans sourciller. Cette saison, en série A, il finit huitième meilleur buteur du championnat avec 13 buts mais impressionne par la qualité de sa frappe de balle et sa vision du jeu. Goiás finit sixième à seulement deux points d'une qualification pour la Copa Libertadores. Suffisant pour se faire une place au sein de la seleção à six mois de la Coupe du monde ? Les avis divergent : « Il a la qualité pour faire partie de cette équipe mais doit absolument perdre du poids. Il a une extrême intelligence de jeu mais il doit comprendre que plus mince, il pourrait apporter beaucoup plus » estime Alexandre Alliatti, journaliste à globo.com. Pour le journaliste sportif bahianais Eliano Jorge, l'analyse est différente : « Il n'a aucune chance de jouer avec l'équipe nationale. Il n'a encore rien gagné si ce n'est la coupe sud-américaine avec l'équipe espoir du Brésil. Il grossit trop facilement et son hygiène de vie n'est pas compatible avec la vie d'un footballeur de très haut niveau. »
Mais là n'est pas le plus important. Aujourd'hui, Walter vit un rêve. La petite Catarine Vitoria se porte à merveille, il fait un métier qu'il aime et est devenu une idole au pays du football à l'égal de Fred ou Hulk, les attaquants de la seleção. Et surtout, plus aucun défenseur au Brésil n'oserait se moquer de lui. Le petit gros est devenu un grand.