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Voir la version complète : Ils ne veulent pas jouer pour la France



sindbad001
01/04/2014, 10h18
C'est en novembre 2010 que la DTN française de football évoquait les nombreux joueurs binationaux qui ont choisi de rejoindre des sélections «étrangères».
Après Mediapart qui avait fait en 2011 de l' «affaire des quotas» un véritable feuilleton en révélant, entre autres, le projet de la FFF d'établir des quotas dans les équipes de jeunes en fonction de la nationalité, Canal + a diffusé un reportage sur les binationaux dont une grande partie sur les Algériens (Bentaleb, Feghouli et autres) tout en livrant les raisons de leur choix qui ne satisfaisent pas les Français. Pour bien comprendre, il faut revenir à la genèse de l'affaire: il y a moins de trois ans, la diffusion de notes de réunions des membres de la FFF évoquant l'instauration de quotas dans le football pour filtrer les joueurs pouvant potentiellement quitter la France plus tard pour évoluer avec une autre Equipe nationale avait fait scandale. En fait, c'est en novembre 2010 que la direction technique nationale (DTN) de la Fédération française de football (FFF) évoquaient les nombreux joueurs binationaux formés dans les pôles espoirs France, ayant porté jeunes les couleurs françaises et qui ont choisi de rejoindre des sélections étrangères.
François Blaquart, directeur technique intérimaire, dirige ce débat auquel participe la plupart des entraîneurs des sélections jeunes et celui de l'équipe de France A, Laurent Blanc. Des quotas discriminatoires avec une proportion de 30% ont été évoqués pour les centres de formations nationaux, dès l'âge de 12-13 ans. «Oui, il faut des espèces de quotas, mais il ne faut pas que cela soit dit,» aurait dit Blaquart.

Nombre limité
Laurent Blanc? Il se dit «favorable» pour, dixit Mediapart, «limiter» le nombre des joueurs français binationaux qui partent jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines. Sans citer d'autres pays.» Il faut attendre le mois d'avril 2011 pour que le DTN soit suspendu et pour que Blanc s'excuse. Dans la foulée, le ministère des Sports annonce qu'il a décidé, en «commun accord avec la FFF», la suspension de François Blaquart de ses fonctions de directeur technique national. Un mois plus tard, Mohamed Belkacemi confie être l'auteur de l'enregistrement, non son diffuseur. Deux groupes d'enquêteurs, de la FFF et du ministère des Sports, lancent donc conjointement les auditions des participants à la réunion du 8 novembre.
L'un d'eux, Mohammed Belkacemi, conseiller technique national pour le football des quartiers, reconnaît être l'auteur de l'enregistrement récupéré par Mediapart. Il confie avoir remis
l'unique spécimen le 9 novembre à André Prévosto, directeur général adjoint de la FFF. Et Belkacemi se défend: «Je n'ai donc jamais remis l'enregistrement à un journaliste.»
Le 10 mai le résultat des enquêtes est là: Chantal Jouanno rend publiques les conclusions de la mission d'inspection qu'elle a commandée, quelques heures avant que les enquêteurs de la FFF ne fassent de même. Rien ne vient démentir les révélations de Mediapart. Un projet discriminant a été débattu, accompagné de «sous-entendus souvent à la limite de la dérive raciste», sans cependant aller plus loin. Laurent Blanc, le sélectionneur se trouve totalement dédouané.
Le conseil fédéral de la FFF, lui, renouvelle sa confiance au sélectionneur Laurent Blanc. En revanche, une procédure disciplinaire est engagée contre le DTN François Blaquart et le directeur général adjoint de la FFF, André Prévosto.
Et pour revenir au reportage de Canal +, il y a lieu de noter cette négociation avec un joueur dont l'anonymat est préservé et diffusé et où on voit notamment Rigobert Song et une délégation tenter de convaincre un joueur de rejoindre les Lions indomptables pour le Mondial brésilien. On lui présente la situation d'où il ressort qu'il ne serait pas sûr d'être sélectionné en équipe de France espoirs alors qu'il vient, non seulement de recevoir une offre pour l'EN Camerounaise, mais avec la sélection A et de surcroît, il est assuré à participer à un Mondial. Un accord est trouvé, mais le joueur prend quelques précautions en ayant un temps de réflexion. Du reportage, il ressort, par ailleurs, que des critères ont été définis selon la réglementation interne de la FFF où on demande aux jeunes joueurs de présenter, par exemple, leur carte d'identité à 12 ans. Or, dans la réglementation ce n'est qu'à 13 ans qu'un étranger pourrait avoir sa carte de nationalité française. Ce qui est considéré donc comme discriminatoire. Car à 12 ans, on ne peut avoir la carte d'identité française... Des techniciens des pôles de formation estiment qu'il fallait demander aux jeunes joueurs de présenter leur licence simplement et non leur carte d'identité.

Tous les Maghrébins...
Le directeur du pôle espoir de Châteauroux évoque l'environnement culturel qui joue avant de faire remarquer que ces dernières années, tous les Maghrébins ont changé de sélection pour leur pays d'origine. Et il cite les cas de Brahimi, Feghouli et le Marocain Belhanda. Et justement, Belhanda qui joue actuellement à Kiev explique son choix du Maroc en 2010: «J'ai joué tous les matchs depuis 14 ans en équipe de France et j'ai senti un certain rejet. Je n'ai été sélectionné que dans le Tournoi de Toulouse là où étaient convoqués uniquement les joueurs refoulés de l'équipe espoirs française. Alors, j'ai dit merci car le Maroc m'a proposé l'équipe nationale A».
L'Algérien Habib Belaïd, lui, fut un symbole en 1999 en équipe de France. Mais parfois on se trouve dans l'embarras du choix entre les parents et le pays. Normal donc qu'il choisisse l'Algérie, car en France il avait, comme d'autres joueurs étrangers, besoin d'un pays qui l'aime. Or, quand on joue pour un pays et qu'il y a ce manque de se sentir aimé, il serait donc normal de changer... Ce changement de sélection est intervenu suite à une loi FIFA datant d'il y a une dizaine d'années. Au début, en 2003, le règlement stipulait que tout joueur prenne la nationalité de l'équipe nationale où il joue après le premier match de sélection et ce, quel que soit la catégorie.
En 2004, il peut choisir un autre pays avant l'âge de 21 ans. Et enfin en 2009, seule compte la sélection A et le critère d'âge a disparu. Ainsi, par exemple et suite à cette nouvelle réglementation, on notera pas moins de 18 joueurs binationaux algériens ont rejoint les Verts et ce, en dépit du fait que des responsables fédéraux français n'acceptent toujours pas cet état de fait.
Reste aussi à savoir qui va encore éviter des Africains, par exemple une fois de plus, il va falloir choisir son pays d'origine de ses parents au détriment de la France, pays de naissance et où il a tout appris dans les centres de formation tels l'Ivoirien Yaya Sanogo, le Sénégalais Ba Nyong qui peuvent bien suivre les pas de l'Algérien Bentaleb et de l'Argentin Higuain...