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edenmartine
01/04/2014, 09h53
relancer la consommation en la taxantJAPONhttp://static.latribune.fr/article_page/332645/l-inflation-a-un-pic-de-plus-de-5-ans-au-japon-en-decembre.pngShinzo Abe a prévu enveloppe budgétaire spéciale de 5.500 milliards de yens (40 milliards d'euros) pour amortir le choc redouté d'une baisse des achats dans les semaines et mois à venir. Une nouvelle action de la BoJ est aussi évoquée par de nombreux observateurs, faisant craindre une fuite en avant. (Photo : Reuters)Romain Renier | 01/04/2014, 9:09 - 637 motsLes analystes craignent que la hausse de la TVA ne vienne ruiner tous les efforts de Shinzo Abe pour relancer la croissance du Japon, tirée par la consommation. Mais la situation budgétaire du pays ne lui a guère laissé le choix.

Le Japon vit depuis des mois dans l'attente de ce 1er avril, date à laquelle la taxe sur la consommation, l'équivalent de la TVA, a été relevée de trois points pour passer de 5 à 8%. Du point de vue français, cela peut paraître peu, mais un tel relèvement inquiète de nombreux observateurs qui craignent que celui-ci ne vienne annihiler la reprise japonaise. Du point de vue des finances publiques, elle est toutefois une nécessité.
Vieillissement de la populationLe Japon est en effet endetté à plus de deux fois le montant de son produit intérieur brut et doit faire face à une explosion de sa facture sociale en raison notamment du vieillissement de la population. La troisième économie mondiale voit sa population active se réduire, alors que le nombre de "babyboomers" à la retraite ne cesse de s'accroître (http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140102trib000805175/les-grands-enjeux-de-2014-44-le-choix-du-japon-s-ouvrir-ou-souffrir.html).
Dans ce contexte augmenter la taxe sur la consommation apparaît comme le moyen le plus simple de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, bien qu'impopulaire. L'augmentation de 3 points de cette taxe devrait rapporter en année pleine à l'Etat 8.000 milliards de yens (57 milliards d'euros) supplémentaires.
Objectif : relancer la consommation...L'ennui, c'est que cette hausse de la taxe, qui pèse sur tous, risque de peser sur la consommation, alors que la relance de la demande intérieure fait précisément partie despriorités du Premier ministre Shinzo Abe (http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130204trib000746759/le-japon-prepare-une-revolution-culturelle-de-son-modele-economique-.html). Le ministre japonais s'est en effet lancé il y a un peu plus d'un an dans un programme de sortie de la déflation et de relance de la croissance japonaise en trois volets appelé Abenomics.
La première flèche consiste en un doublement de la masse monétaire par la banque centrale du pays, la Bank of Japan, afin de doper les exportations. La deuxième consiste en un plan de relance publique pour doper temporairement la demande intérieure.
La troisième enfin, est un train de réformes ayant pour but de favoriser l'investissement, notamment étranger, dans l'archipel. Selon Shinzo Abe, tout cela devait notamment permettre un doublement des salaires en deux ans, afin que la consommation prenne le relais d'un commerce extérieur à la peine depuis l'arrêt des centrales nucléaires suite à la catastrophe de Fukushima, et l'explosion de la facture énergétique (http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130510trib000763944/nucleaire-a-l-arret-et-yen-faible-le-cocktail-explosif-du-japon.html).
>> Lire "L'Arlésienne de la croissance japonaise, c'est la consommation" (http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130912trib000784742/l-arlesienne-de-la-croissance-japonaise-c-est-la-consommation.html)
... tout en la taxantLe problème, c'est que la politique monétaire accommodante de la BoJ a pour l'instant eu pour seul effet inflationniste de faire progresser les prix des produits importés, grevant d'autant le pouvoir d'achat des ménages. Le boum de la consommation observé ces derniers mois n'est que l'effet de l'anticipation de la hausse généralisée des prix par les consommateurs en ce 1er avril. Ainsi, la plupart des économistes s'attendent-il à un ralentissement de la croissance au prochain trimestre.
C'est pourquoi le Premier ministre a multiplié les appels du pied ces derniers mois pour que les entreprises japonaises augmentent les salaires. Appel entendu par certaines grandes entreprises comme le numéro un mondial de l'automobile Toyota et Panasonic, qui ont profité du yen faible pour réaliser des marges importantes à l'export. Mais l'important tissu de PME ne peut pas suivre.
Conscient de devoir faire un choix entre relancer la croissance et faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, Shinzo Abe a prévu enveloppe budgétaire spéciale de 5.500 milliards de yens (40 milliards d'euros) pour amortir le choc redouté d'une baisse des achats dans les semaines et mois à venir, en attendant l'enclenchement tant espéré d'un cercle vertueux. Une nouvelle action de la BoJ est aussi évoquée par de nombreux observateurs, faisant craindre une fuite en avant.