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Lako
20/03/2014, 20h48
Le prix d’une place au soleilCe n’est qu’un petit mail, mais il en dit long. "Journaliste carioca, plus de vingt ans de métier, propose de louer son appartement de Copacabana, à 300 mètres de deux stations de métro, pendant le Mondial, du 12 au 13 juillet." Le texte précise que six personnes peuvent occuper l’espace doté d’une télévision grand écran, d’Internet et de réseau wifi. Une photo, étrangement cadrée, montre un bout de salon chichement décoré. Le tout à 500 euros… par jour.
Pas sûr que l’annonce trouve preneur. Toutefois, elle dénote une tendance de fond, celle d’une singulière dérive des prix observée depuis plusieurs mois au Brésil. Selon le portail G1 de Globo, le prix des hôtels de Copacabana les jours de match afficheront une hausse vertigineuse de 229 % par rapport aux jours sans match, soit un tarif de location d’environ 470 euros en moyenne (un prix certes toujours moins élevé l’appartement du journaliste).
http://bresil2014.blog.lemonde.fr/files/2014/03/RTR3HO07-1024x682.jpg (http://bresil2014.blog.lemonde.fr/files/2014/03/RTR3HO07.jpg)
Rio de Janeiro, dans son ensemble, proposera un tarif moyen pour une chambre de 328 euros ces fameux jours de match (+107 %), une hausse qui varie toutefois selon les quartiers. D’après le site, une nuit d'hôtel dans le quartier de Times Square à New York s’avère moins chère qu’à Rio au cours de cette même période de l’année.
Selon l’enquête, Salvador de Bahia connaitra la variation des prix la plus forte (+212 %) sur les douze villes hôtes de la Copa 2014. En juin et juillet une location reviendrait à 89 euros en moyenne et atteindrait les jours de match 277 euros. Suivent Belo Horizonte (+143 %), Fortaleza (+112 %) et la capitale Brasilia (+96 %). La mégapole Sao Paulo n’afficherait, elle, une hausse moyenne « que » de 60 % à 177 euros la chambre.
Pas étonnant qu’avec de tels prix, les réservations ne connaissent pas la poussée escomptée. A la mi-février, une majorité des chambres d’hôtels disponibles durant cette période étaient encore disponibles. Seuls 40 % des locations avaient trouvé preneur, selon l’association des Operadores Hoteleiros do Brasil (FOHB). Soit 185 000 nuitées réservées à l’avance. Un chiffre décevant de l’avis même des professionnels du secteur.
Certaines villes s’en sortent toutefois un peu mieux que d’autres. Recife atteint un taux de 77 % de réservations. Alors que Porto Alegre affiche un maigre 31 %. La capitale pauliste dispose, elle, de 53 % de chambres encore disponibles. Curitiba à peine 30 % et Cuiaba 20 %. Fortaleza décroche la palme pour n’avoir plus que 10 % de places de libre les jours de matchs. A Rio, il resterait encore 20 % de places disponibles ces fameux jours.
Autre signe révélateur, l’annonce effectuée fin janvier par la société Match Service, l’opérateur officiel de la Fifa. Celle-ci a décidé de remettre dans le circuit traditionnel de vente la moitié des chambres qu’elle avait bloquée pour le Mondial. Le nombre de ces pré-réservations destinées initialement au Comité organisateur de la Coupe du monde, aux délégations et aux entreprises partenaires n’a pas été divulgué. Mais les hôteliers se sont empressés d’annoncer que cette mesure n’allait pas faire baisser les tarifs de location puisqu’ils avaient déjà envisagé une telle éventualité et ajusté les prix en conséquence…
Les prévisions semblent être même encore plus basses dans les villes qui accueilleront les équipes et délégations nationales. Selon la Folha de Sao Paulo, la seule municipalité qui enregistre un mouvement important de touristes est Vespasiano. Cette cité du Minas Gerais hébergera la sélection argentine. Sinon, en dehors des villes d’Itu (Sao Paulo), de Mangaratiba (Rio de Janeiro) et de Foz do Iguaçu (Parana) qui s’apprêtent à recevoir respectivement l’équipe japonaise, italienne et sud coréenne, les réservations sont "pratiquement inexistantes", affirme Enrico Ferni Torquato Fontes, président de la ABIH (Associação Brasileira da Indústria de Hotéis).
"Les touristes viennent pour le spectacle (où auront lieu les matchs). Nous n’avons pas d’attentes pour ces villes hôtes (qui hébergeront les sélections)", a-t-il ajouté. A Ribeirao Preto, ville du centre profond de l’Etat pauliste, l’arrivée de l’équipe de France ne devrait attirer, selon les autorités locales, qu’à peine 300 touristes-supporters des Bleus.
A Manaus, en revanche, certaines places s’arrachent d’ores et déjà pour une petite fortune.
Elcinete Rolim, 56 ans et propriétaire d’un restaurant de poisson situé en face du nouveau stade, dit s’être vu proposer par la BBC près de 50 000 reais (15 500 euros) pour occuper deux jours sa terrasse du deuxième étage pour le match Angleterre-Italie du 14 juin. Une offre, selon lui, meilleure encore que celle proposée par l’autre chaine britannique Sky Sports. Beau joueur, Elcinete a annoncé qu’il allait changer son menu. Et peut-être même augmenter légèrement les prix.