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soltan009
14/12/2012, 12h48
BEYROUTH (Reuters) - Les pénuries alimentaires s'accroissent en Syrie, où heurts et mouvements de foule pour de la nourriture sont devenus monnaie courante.
Les conditions sont particulièrement dures à Alep, la capitale économique.
En plus de combats incessants la population pour survivre y lutte désormais contre la faim, dans un pays en proie à la guerre civile en raison de la révolte contre le président Bachar al Assad déclenchée en mars 2011.
"Je suis sorti hier et je n'ai pas pu trouver de pain. Si seulement le problème était uniquement le manque de nourriture, mais il y a aussi une pénurie de combustible, dont les boulangeries ont besoin pour fonctionner", témoigne Ahmed, résident du quartier de Salaheddine.
"Il y a quelques jours, les employés des boulangeries n'avaient plus de fioul. Ils ont alors cherché à vendre des paquets de farine (...) Les gens ont commencé à se battre pour cette farine. Parfois, les rebelles doivent tirer en l'air pour faire cesser les bagarres", raconte-t-il.
Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), un million de personnes seront victimes de la faim cet hiver, les conditions de sécurité se dégradant et compliquant l'accès aux zones de conflit pour les organismes humanitaires.
Le Pam, qui évalue à 2,5 millions le nombre de personnes dans le besoin en Syrie, a dû réduire les rations alimentaires distribuées en raison de contraintes financières et n'a pu aider que 1,5 million de personnes en novembre.
Il s'appuie sur le Croissant-Rouge arabe syrien pour la distribution de son aide, qui n'arrive que rarement dans les zones rebelles, selon des militants, ce que les organisations expliquent par la violence des combats.
SOLIDARITÉ SYRIENNE
People In Need, une ONG tchèque oeuvrant dans le nord de la Syrie, met en garde contre une aggravation de la crise alimentaire si aucun autre organisme humanitaire international n'est en mesure de fournir de l'aide dans la zone de manière régulière.
"Les gens risquent même leur vie: on a vu des gens franchir les lignes de front juste pour tenter d'obtenir de nous un paquet de nourriture pour leurs enfants", explique Michal Przedlacki, de l'association tchèque.
"La situation était mauvaise quand j'ai commencé à Alep il y a un mois, mais ce n'est rien comparé à la semaine passée. J'ai vu la situation manifestement se dégrader: il y a de plus en plus de gens qui sont maigres, on peut voir l'inquiétude sur leurs visages", raconte-t-il à Reuters par Skype.
Les files d'attente pour du pain s'étendent le long des rues et durent des heures, parfois des 02h00 du matin.
Le cours des denrées alimentaires a bondi jusqu'à 500% dans certains endroits.
A Alep, le pain fait de farine subventionnée coûte désormais 75 livres (0,80 euro) contre 15 (0,16 euro) une semaine plus tôt. Le pain non subventionné, qui coûtait 120 livres la semaine précédente, s'achète maintenant 200 livres (2,15 euros).
L'ONG tchèque estime à seulement un à deux millions actuellement la population d'Alep, une ville qui comptait avant le début du conflit quatre millions d'habitants.
Des centaines de milliers de personnes pourraient être dans le besoin rien que dans cette ville, alerte Michael Przedlacki.
"La seule raison pour laquelle nous n'avons vu encore personne mourir de faim est la solidarité incroyable des autres Syriens qui partagent nourriture et toit", dit-il.
"Si l'aide humanitaire continue de ne pas pouvoir franchir la ligne de front, chaque civil syrien qui survit à cette crise sera le témoin de la façon dont le monde a compromis les principes humanitaires qu'il affirme respecter."