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Voir la version complète : Oliver Stone: "Les Américains s'imaginent être les gentils contre les méchants"



xeres
16/01/2014, 16h06
Je vous post une interview de Oliver Stone donné à l'express à propos de son documentaire sur "l'histoire des Etas Unis" Une autre histoire de l'Amérique. Dix épisodes. Tous les jeudis, à partir du 16 janvier, 20h45, Planète + que je vous recommande !
Oliver Stone est détesté par les média aux USA car là bas il n'aiment pas entendre la vérité sur eux !

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L'interview :

Quel était votre but en réalisant ce documentaire, qui couvre l'histoire de la fin des années 1930 à 2012 et fait enrager les médias américains?

Je voulais comprendre l'histoire de mon pays, en donner une vision plus large à mes enfants et aux jeunes Américains. Aucun de ses aspects sombres ne leur est enseigné à l'école. Les Américains s'imaginent être les gentils contre les méchants, ils croient dur comme fer que la Seconde Guerre mondiale et la bombe atomique étaient nécessaires, et personne ne leur a appris le rôle déterminant des troupes soviétiques pendant la Seconde Guerre. Tout a toujours été justifié par la menace communiste, dans laquelle ont été inclus la Chine, les terroristes, Saddam Hussein... Les Etats-Unis ont besoin d'ennemis, sinon ils n'ont plus de raison d'être.

Même en retournant nombre d'archives, de documents officiels et de livres, comme vous l'avez fait, comment démêler le vrai du faux?

En creusant, en croisant les infos, en faisant vérifier chaque fait trois fois par des experts, en travaillant avec cet immense historien qu'est Peter Kuznick, également directeur de l'institut d'études nucléaires à l'Université américaine. C'est lui qui m'a révélé les magouilles derrière l'élection de Harry S.Truman à la vice-présidence, lequel deviendra chef d'Etat à la mort de Roosevelt et dont la doctrine sera à la base de la guerre froide. C'est lui qui m'a expliqué que les raisons avancées pour bombarder Hiroshima étaient du pipeau : il ne s'agissait pas d'épargner la vie de milliers de GI en guerre contre les Japonais, mais de faire peur aux Soviétiques. Les preuves sont incontestables.

Dans votre documentaire, vous éreintez Truman, qui est idolâtré aux Etats-Unis, vous évoquez les massacres perpétrés par vos compatriotes et les intérêts financiers qui sous-tendent nombre de conflits... Bref, vous suscitez à nouveau la controverse.

Je ne cherche pas la polémique, juste la vérité. Je suis un justicier. Mais on ne peut pas égratigner le mythe aux Etats-Unis, sous peine d'être traité comme un paria par certains médias. Au moins, la presse progressiste a été très positive lors de la diffusion du doc sur la chaîne payante Showtime l'an passé. Heureusement que Showtime existe, on se serait fait jeter par les autres chaînes. Tout ce qui peut secouer un peu le système y est systématiquement refusé.

Vous n'êtes pas fatigué de toujours chercher la petite bête?

Je suis éreinté. Et tout ça n'aide pas ma carrière. J'ai dû me battre pour continuer à réaliser des films parce que Hollywood m'a catalogué fauteur de troubles depuis JFK. Maintenant, je suis dans une impasse.

Votre projet sur Martin Luther King aurait-il été refusé?

Oui. Les ayants droit, le studio et Steven Spielberg, qui était impliqué dans le projet, ont été choqués par l'approche réaliste du scénario, qui montrait que King était un coureur de jupons. C'est de notoriété publique ! Ça n'enlève rien à la grandeur du personnage. Tant pis. Mais je prépare un film fondé sur un scénario original que je compte tourner cette année. J'ai des alliés. Je ne suis pas encore mort.