harroudiroi
28/11/2013, 11h13
Italie : Silvio Berlusconi touché, mais pas coulé
Le Point.fr - Publié le 27/11/2013 à 18:20 - Modifié le 28/11/2013 à 08:42
Après 20 ans au Parlement, l'ancien président du Conseil a été déchu de son poste de sénateur. Pourtant, il entre en campagne !
L'Italie a tourné mercredi une page de son histoire politique qui durait depuis vingt ans. À 17 h 43, la chambre haute a voté la déchéance parlementaire du sénateur Silvio Berlusconi, en vertu de sa condamnation à quatre ans de prison - réduits à un an - pour fraude fiscale. Une séance tendue, parfois solennelle et durant laquelle les sénateurs du PDL (Parti de la liberté, NDLR) ont tenté jusqu'au dernier moment de retarder le scrutin en faisant de l'obstruction. En vain. L'alliance entre le Parti démocrate (PD) et le Mouvement 5 étoiles ne laissait aucune chance au Cavaliere, qui a été exclu du Sénat par 191 voix contre 113. "Ce sont les funérailles de la démocratie, a déclaré le sénateur Romani, président du groupe PDL au Sénat. Le leader de la droite a été injustement chassé du Parlement". Pour le Mouvement 5 étoiles, en revanche, c'est une bonne nouvelle : "En Italie, la loi est finalement égale pour tous."
Contrairement à ce qu'il avait annoncé, Silvio Berlusconi n'était pas présent dans l'hémicycle. Il a ainsi évité l'affront d'être raccompagné à l'extérieur entre deux commis après la lecture du résultat des votes. Petite consolation tout de même : Berlusconi touchera une indemnité de 180 000 euros et une retraite de 8 000 euros par mois...
"Un géant trahi par des nains"
L'ancien président du Conseil n'a pas pour autant joué l'Arlésienne de cette journée historique. Alors que le Sénat statuait sur son sort, il a réuni ses sympathisants devant son domicile romain du palais Grazioli. Images des heures prestigieuses du Cavaliere, hymne à sa gloire - "heureusement que Silvio existe" - slogans contre le "cancer de la magistrature" : cinq mille militants, la moitié des prévisions de la veille, ont affronté un froid sibérien pour soutenir leur leader. "Berlusconi est un géant, il a été trahi par des nains qui ne pensent qu'à garder leur siège de ministre, affirme Marco, qui a fait le voyage depuis Naples. On lui a appliqué une loi rétroactivement, les magistrats ont commis un coup d'État."
Sur l'estrade, Silvio Berlusconi ne les a pas déçus. Le Cavaliere a déclamé son discours, désormais classique, sur la persécution dont il serait victime, la magistrature politisée, sa condamnation pour fraude fiscale "qui crie vengeance devant Dieu et les hommes". Mais l'ancien président du Conseil est surtout entré en campagne électorale en vue d'élections qu'il espère proches. Et il a révélé à l'auditoire son programme : élection du président de la République au suffrage universel, renforcement des pouvoirs du président du Conseil et du conseil des ministres, modification du Conseil constitutionnel et lancement sur tout le territoire de mille clubs Forza Silvio.
"Faire enfin la révolution libérale de l'Italie"
Le Cavaliere n'entend donc pas suivre les conseils de son médecin personnel, Alberto Zeniglia, qui lui a prescrit, à 77 ans, de se reposer et de prendre du recul. Lundi soir, il a rompu avec la grande coalition qui soutient le gouvernement d'Enrico Letta. Dès mardi, il a occupé tous les médias de son empire audiovisuel pour attaquer l'exécutif. À la tête des clubs Forza Silvio, il appelle les électeurs à lui donner, lors des prochaines élections, plus de 50 % des scrutins pour "faire enfin la révolution libérale de l'Italie".
Des propos qui sont loin de correspondre au chant du cygne d'un leader fini et aux abois. Même hors du Parlement, Silvio Berlusconi dispose de moyens financiers et d'un appareil médiatique unique en Europe. "Encore plus fondamental : au cours des vingt dernières années, il a laissé un héritage culturel et politique auprès de tous les Italiens", affirme Barbara Spinelli, éditorialiste du Corriere della Sera. Et les sondages semblent donner raison à l'ancien président du Conseil. La droite est en progrès et dépasse désormais nettement la gauche dans les intentions de vote. Berlusconi n'a pas dit son dernier mot.
Le Point.fr - Publié le 27/11/2013 à 18:20 - Modifié le 28/11/2013 à 08:42
Après 20 ans au Parlement, l'ancien président du Conseil a été déchu de son poste de sénateur. Pourtant, il entre en campagne !
L'Italie a tourné mercredi une page de son histoire politique qui durait depuis vingt ans. À 17 h 43, la chambre haute a voté la déchéance parlementaire du sénateur Silvio Berlusconi, en vertu de sa condamnation à quatre ans de prison - réduits à un an - pour fraude fiscale. Une séance tendue, parfois solennelle et durant laquelle les sénateurs du PDL (Parti de la liberté, NDLR) ont tenté jusqu'au dernier moment de retarder le scrutin en faisant de l'obstruction. En vain. L'alliance entre le Parti démocrate (PD) et le Mouvement 5 étoiles ne laissait aucune chance au Cavaliere, qui a été exclu du Sénat par 191 voix contre 113. "Ce sont les funérailles de la démocratie, a déclaré le sénateur Romani, président du groupe PDL au Sénat. Le leader de la droite a été injustement chassé du Parlement". Pour le Mouvement 5 étoiles, en revanche, c'est une bonne nouvelle : "En Italie, la loi est finalement égale pour tous."
Contrairement à ce qu'il avait annoncé, Silvio Berlusconi n'était pas présent dans l'hémicycle. Il a ainsi évité l'affront d'être raccompagné à l'extérieur entre deux commis après la lecture du résultat des votes. Petite consolation tout de même : Berlusconi touchera une indemnité de 180 000 euros et une retraite de 8 000 euros par mois...
"Un géant trahi par des nains"
L'ancien président du Conseil n'a pas pour autant joué l'Arlésienne de cette journée historique. Alors que le Sénat statuait sur son sort, il a réuni ses sympathisants devant son domicile romain du palais Grazioli. Images des heures prestigieuses du Cavaliere, hymne à sa gloire - "heureusement que Silvio existe" - slogans contre le "cancer de la magistrature" : cinq mille militants, la moitié des prévisions de la veille, ont affronté un froid sibérien pour soutenir leur leader. "Berlusconi est un géant, il a été trahi par des nains qui ne pensent qu'à garder leur siège de ministre, affirme Marco, qui a fait le voyage depuis Naples. On lui a appliqué une loi rétroactivement, les magistrats ont commis un coup d'État."
Sur l'estrade, Silvio Berlusconi ne les a pas déçus. Le Cavaliere a déclamé son discours, désormais classique, sur la persécution dont il serait victime, la magistrature politisée, sa condamnation pour fraude fiscale "qui crie vengeance devant Dieu et les hommes". Mais l'ancien président du Conseil est surtout entré en campagne électorale en vue d'élections qu'il espère proches. Et il a révélé à l'auditoire son programme : élection du président de la République au suffrage universel, renforcement des pouvoirs du président du Conseil et du conseil des ministres, modification du Conseil constitutionnel et lancement sur tout le territoire de mille clubs Forza Silvio.
"Faire enfin la révolution libérale de l'Italie"
Le Cavaliere n'entend donc pas suivre les conseils de son médecin personnel, Alberto Zeniglia, qui lui a prescrit, à 77 ans, de se reposer et de prendre du recul. Lundi soir, il a rompu avec la grande coalition qui soutient le gouvernement d'Enrico Letta. Dès mardi, il a occupé tous les médias de son empire audiovisuel pour attaquer l'exécutif. À la tête des clubs Forza Silvio, il appelle les électeurs à lui donner, lors des prochaines élections, plus de 50 % des scrutins pour "faire enfin la révolution libérale de l'Italie".
Des propos qui sont loin de correspondre au chant du cygne d'un leader fini et aux abois. Même hors du Parlement, Silvio Berlusconi dispose de moyens financiers et d'un appareil médiatique unique en Europe. "Encore plus fondamental : au cours des vingt dernières années, il a laissé un héritage culturel et politique auprès de tous les Italiens", affirme Barbara Spinelli, éditorialiste du Corriere della Sera. Et les sondages semblent donner raison à l'ancien président du Conseil. La droite est en progrès et dépasse désormais nettement la gauche dans les intentions de vote. Berlusconi n'a pas dit son dernier mot.