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18/10/2013, 20h26
L'Arabie saoudite refuse de siéger au Conseil de sécurité de l'ONU
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Par Anne-Laure FrémontMis à jour le 18/10/2013 à 21:16 Publié le 18/10/2013 à 21:13

Riyad entend ainsi dénoncer le système inégalitaire de l'organisation et son incapacité à prendre des positions fortes concernant la crise syrienne. Un geste sans précédent.


L'annonce prend l'ONU au dépourvu: l'Arabie saoudite a refusé vendredi d'entrer au Conseil de sécurité des Nations-Unies en tant que membre non permanent, geste sans précédent visant à protester contre «l'impuissance» du Conseil notamment face à la crise syrienne. Le royaume, soutien de poids de l'opposition syrienne, avait été élu la veille pour la première fois en tant que membre non permanent, au même titre que le Tchad, le Chili, le Nigeria et la Lituanie, pour un mandat de deux ans. Il devait ainsi entrer dans ce cercle fermé et très convoité, composé de 5 membres permanents (France, Royaume-Uni, Russie, Etats-Unis et Chine) et 10 autres, dont 5 sièges sont renouvelés chaque année. Pour les diplomates sur place à New York, ce refus est inédit. «Nous avons tous dû vérifier dans l'historique du Conseil pour trouver un précédent et il n'y en a pas», a déclaré l'un d'eux, rappelant que candidater prend des années et que les diplomates saoudiens avaient fait part de leur enthousiasme à siéger au Conseil, rappelle le New York Times. Ce qui laisse croire que cette décision, surprenante, vient sans doute du roi Abdallah lui-même.
Ryiad réclame une réforme des institutions


Dans un communiqué, l'Arabie Saoudite a expliqué son refus, visant particulièrement les puissances occidentales et peut-être surtout son allié américain dont les récentes décisions agacent le royaume. Le fait «de permettre au régime en place en Syrie de tuer son peuple et de le brûler à l'arme chimique au vu et au su du monde entier sans sanctions dissuasives est une preuve claire de l'impuissance du Conseil de sécurité à accomplir son devoir et à assumer ses responsabilités», indique le communiqué du ministère des affaires étrangères saoudien. Ce dernier évoque également «la question palestinienne (qui) demeure depuis 65 ans sans règlement» et l'échec du Conseil à débarrasser le Proche-Orient des armes de destruction massive. Selon un diplomate occidental, «les Saoudiens ont subi un double choc: les Etats-Unis ont refusé d'agir militairement en Syrie et tout le monde a courtisé (Hassan) Rohani», le nouveau président iranien. Or l'Arabie saoudite, royaume sunnite, a régulièrement exprimé sa crainte de voir l'Iran chiite se doter de l'arme nucléaire.
Dans son communiqué, le ministère saoudien réclame ainsi une réforme du Conseil, pour «qu'on lui donne les moyens d'accomplir son devoir et d'assumer ses responsabilités pour préserver la paix et la sécurité dans le monde». Une référence implicite aux précédents vétos chinois et russes pour bloquer des résolutions condamnant le régime de Bachar el-Assad, qui auraient pu légitimer une intervention militaire internationale.
«Nous partageons sa frustration après la paralysie du Conseil de sécurité»
Romain Nadal, porte-parole du Quai d'Orsay
En France, on dit comprendre Riyad. «Nous partageons sa frustration après la paralysie du Conseil de sécurité mais nous avons précisément pour y répondre une proposition de réforme du droit de veto», a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal. Cette proposition, présenté en septembre, prévoit le non recours au droit de veto par les 5 membres permanents en cas de «crime de masse». «Les Nations unis perdent pas mal de leur crédibilité en ce qui concerne l'Humanité», a pour sa part réagi le président turc, Abdullah Gül. Un avis que ne partage pas la Russie, fidèle alliée du régime syrien, «étonnée» par les reproches «particulièrement étranges» de Ryiad.
«Par sa décision, l'Arabie saoudite s'est exclue elle-même des efforts communs dans le cadre du Conseil de sécurité pour maintenir la paix et la sécurité dans le monde», a déploré la diplomatie russe. Reste à savoir si la décision des Saoudiens est définitive. Si c'était le cas, le groupe arabe au sein de l'Assemblée générale devrait choisir un autre candidat, qui devra ensuite être élu par l'ensemble de l'Assemblée. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a toutefois rappelé vendredi que l'Arabie saoudite n'avait pas encore notifié officiellement son refus.