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sindbad001
10/09/2013, 17h42
La pauvreté sanctifiante (http://aminour.unblog.fr/2008/02/26/la-pauvrete-sanctifiante/)http://aminour.unblog.fr/files/2008/02/copiedephotodroite7.jpg


La pauvreté est une vertu essentielle de l’Islam.
Ontologiquement pauvre, l’homme est cependant convié à dépenser dans la voie de Dieu. Bénéficier de grâces, de bienfaits et de biens ne contredit pas cette indigence foncière soumise à la générosité divine.
Nos personnes et nos biensne nous appartiennent pas, ils ne sont qu’emprunts à restituer ; il faut donc lesgérer conformément aux injonctions divines : par la louange et la prière, dans l’équité et la générosité.
A l’exempledu Prophète (salallahu’ alayhi wa salam), les premiers musulmanspratiquaient une ascèse rigoureuse en ce sens dans un total renoncement de leur personnes et de leurs biens.

Indigence foncière, générosité divine et gérance


L’Etre ne lui appartenant pas, incapable de subsister par lui-même,l’homme est foncièrement pauvre, totalement dépendant de sa source divine.
« O hommes, vous êtes les indigents à l’égard de Dieu [al-fuqara’ila’llâh], alors qu’Il se suffit, Lui, Le Louangé » (Coran XXXV, 15)
Dieu «… tient les réserves des cieux et de la terre…. » (Coran LXIII, 7) Tous les bienfaits dont on joui viennent de Lui (Coran XVI, 53).
Il est Le Pourvoyeur [Razzâq] (Coran LI, 58), l’Unique Donateur [Wahab]. (Coran III, 8).

Il octroie Sa grâce,Il octroie les biens-ou les mesure- :
« Serait-ce qu’ils ne voient pas que Dieu répand Ses Dons sur quiconque Il veut, ou bien les mesure ? » (Coran XXX, 37) et (Coran XXXIV, 39)
« Certes, Dieu pourvoie qui Il veut sans compter » (Coran II, 212)
« … Il abonde sur vous en grâces patentes et secrètes » (Coran XXXI, 20)


C’est ainsi que plus ou moins doué, le serviteur n’est que l’usufruitier dans la voie de Dieu. Il doit assurer et assumer la gérance, prédisposer la main à donner, le corps et l’âme à se livrer.
« Faites dépense sur quoi Il vous a conféré lieutenance… » (Coran LVII, 7)
« Croire en Dieu et en Son Envoyé, faire effort de vos biens et de votre personne sur le chemin de Dieu… » (Coran LXI, 11)
« ils croient au Mystère [ghayb], accomplissent la prière, font dépensent sur Notre attribution» (Coran II, 3)
« Soyez assidus à la prière, faites l’aumône, vous retrouverez auprès de Dieu le bien que vous aurez acquis à l’avance, pour vous même. » (Coran II, 110)

En apparence, dépenser est une perte ; en réalité, c’est l’exubérance d’une plantation :
« La semblance de ceux qui font dépense de leurs biens sur le chemin de Dieu est celle d’un grain dont poussent sept épis, chacun portant cent grains : Dieu opère cette multiplication pour qui Il veut. Il est Immense, Connaissant » (Coran, II, 261)



Richesse, pauvreté et détachement

Dans la richesse ou la pauvreté, l’homme est mis à l’épreuve« Car la vie d’ici-bas n’est que jouissance d’illusion…Sûrement que vous êtes éprouvés dans vos biens et dans votre personne… » (Coran II, 186)
- La tentation est grande d’oublier la gratitude et de s’enorgueillir debiens matériels ou de bienfaits en se les appropriant et en les employant pour assouvir ses désirs et acquérir le prestige : « Deux loups affamés lâchés dans un troupeau ne sont guère plus dangereux que ne le sont pour votre religion votre empressement derrière l’argent et les honneurs. »
. Et, soit on en est si jalousement attaché qu’on est dépouillé de toute générosité.
« Vous voilà appelés à faire des dépenses dans le chemin de Dieu.Certainsparmi vous se montrent avares. Quiconque cependant est avare, l’est à son détriment. » (Coran 47, 38)
. Soit on en est si vaniteux dans l’étalage qu’on verse dans la démesure.
Deux attitudes excessives, deux mauxqui engraissent l’ego [nafs–âme], obscurcissent le coeur et déséquilibrent les échanges entre les gens.
La bonne attitudeest chez«Ceux qui lorsqu’ils dépensent ne sont ni prodigues ni avares et il y a entre les deux un juste milieu » (Coran XXV, 67)
Le juste milieu est l’axe du détachement. Quand conserver est plus agréable que donner, l’avarice domine, il faut donc faireeffort dans le don ; quand donner est plus agréable que retenir,la prodigalitédomine, il faut donc s’efforcer à une certaine retenue jusqu’à trouver l’équilibre, point d’indifférence qui permet d’éprouver le don ou la retenue –selon l’exigence du moment- comme étant égal… dans la gratitude et la satisfaction de ce que Dieu nous accorde.
- Dans la pauvreté, l’âme peut être également tirée irrémédiablement vers le bas ; on peut, tel le loup affamé évoqué plus haut,avoir le cœur si avide qu’on envie jusqu’à les détester ceux qui nous devancent en piété, en intelligence et en avoirs ; on peut égalements’enorgueillir et conserver jalousement ou étaler le peu qu’on obtienne. N’est-il pas dit que parmi les trois individus que Dieu n’agréera pas au jour de la Résurrection se trouve le « [I]pauvre plein d’orgueil » (Abou Hourayra – Ura) ?
Quant à acquérir ses besoins –et même le superflu- le danger est grand de les obtenir par tous les moyens même les plus douteux. Ou être si préoccupé à les obtenir qu’on se détourne du souvenir de Dieu [dhikr].
(Et ceci sont les problèmes de l’âme : on peut imaginer les répercutions néfastes et déséquilibrantes dans le domaine communautaire).
« O Dieu, je cherche Ta protection contre le mal lié au problème de la richesse et contre le mal lié au problème de la pauvreté »(Al-Bukhârî et Muslim)




« Le détachement des biens de ce monde est une fortune » (Ali – das-)
La richesse matérielle n’est pas mauvaise en soipourvu qu’elle soit à notre service et qu’on n’y soit pas attachée, qu’elle soit un moyen et non une fin ; il faut l’avoir dans la main mais non dans le cœur ! Ceux qui l’aime comme on aime Dieu [shirk]en ont le cœur « abreuvé » et c’est l’exemple des adorateurs du Veau d’Or (Coran II, 93) ou de Pharaon ; par contre,Salomon etJoseph malgré leur royaume ont gardé le cœur intact. Mais une telle maîtrise n’est pas donnée à tout le monde.
« Les plus grands possédants dans ce monde seront les plus démunis le jour de la Résurrection sauf celui d’entre eux qui aura distribué toute sa fortune à sa droite, à sa gauche et derrière son dos ; mais combien peu ils sont ! » (Ura – texte Bukhâri)

Une sentence prophétique [hadith] dit que celui« dont la subsistance se limite à ses besoins et qui se contente de ce que Dieu lui a donné» » est véritablement « bienheureux »( At-Tirmidhi) et le « plus riche des hommes ». (* )
Le mieux est donc espéreravoir suffisamment de ressources matérielles-juste ce qu’il faut – pour être à l’abri du besoin et pour pouvoir œuvrer.
Qui implorer pour être comblé en ce sens, si ce n’est Le Donateur,Celui qui exauce quand on L’invoque ? (Coran II, 186) :
« Seigneur Dieu ! Je Te demande la bonne direction, la piété, la chasteté et d’être au-dessus du besoin »(Selon Ibn Mas’hud (das) rapporté par Muslim) (**)
Les avantages matériels sontavant tout unmoyen de subsistance (Coran IV, 5), la part qui nous est nécessaire dans ce monde, un objet de transaction selon toute équité et un combat dans la voie.« celui qui les prend sans cupidité, Dieu les lui bénit ; et celui qui les prend avec avidité et gloutonnerie, Dieu ne les lui bénit point. Il est comme celui qui mange et reste toujours sur sa faim. ... » ( paroles adressées à Hakim Ibn Hiezm -Ura)

« Recherche dans ce que Dieu t’a donné, la demeure dernière. Et n’oublie pas ta part de ce monde. Et sois bienfaisantcomme Dieu a été bienfaisant envers toi. ..»(Coran XXVIII,77).

(*) « Sois heureux de ce que Dieu t’a accordé, tu seras le plus riche des hommes » (at-Tirmidhî, n° 2305).
(**) Certes, « Celui qui est touché par le besoin et qui s’adresse aux gens pour en sortir ne voit pas la satisfaction de son besoin. Mais s’il s’adresse à Dieu, Dieu ne tarde pas à lui octroyer une subsistance prochaine ou à venir » (at-tirmidhi).


Prélever sur ses biens, c’est apprendre à s’en détacher, œuvre de piété qui joue un rôle purificateur nécessaire au sacrifice de l’âme [nafs – ego].
«…. la piété consiste [...] à donner de son bien, pour attaché qu’on y soit, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, aux enfants du chemin, aux mendiants et pour l’affranchissement des nuques... » (Coran II, 177)
« qui donne de son bien pour se purifier » (Coran XCII, 18).

L’aumône légale [Zakat], part imposée et droit du pauvre -le terme Zakat, signifiant littéralement purification- est un sacrifice [rendre sacré] qui vise cette purification : elle est un barrage à la convoitise qui mange « les bonnes actions comme le feu mange le bois » (Abou Dawoud), et permet de bénéficier des invocations du Messager ( saws), source de Lumière.
« Prélève sur leurs biens une aumône par laquelle tu les purifies ; prie pour eux : tes prières leur sont apaisement » (Coran IX, 103)
D’où l’exécrationpour la pratique de l’usure [rihd] qui en est l’opposé : au lieu de donner, on accroît illégitimement ses biens par le viol du droit des autres.
« Ceux qui mangent l’usure ne se lèveront qu’à la façon de celui que l’atteinte de Satan aura fracassé… » (Coran II, 275) et (XXX,39)
«Dieu anéantit le croît usuraire, et fait grossir l’aumône. » (Coran II, 276)


Toute œuvre bonne en vue de la Face de Dieu est aumône. Celui qui n’a rien n’est donc pas lésé puisqu’il peut donner le meilleur dans ses actes : «toute bonne action est une aumône », ne serait-ce « une bonne parole » ou le fait de montrer « un visage avenant » (Muslim), dans la sincérité et le désintéressement, et non par ostentation ou pour recevoir des éloges.
« Jamais vous n’atteindrez la vertu jusqu’à ce que vous dépensiez de ce que vous aimez »(Coran III, 92)
« Faire dépense du meilleur, c’est le faire pour vous-mêmes, à condition de ne le faire que par désir de la Face de Dieu… » (Coran II, 272) ,)

«...C’est en Dieu que réside pour vous le meilleur
- Oh ! si vous saviez…
Ce qui est en vos mains s’épuise ; ce qui est en Dieu perdure… » (Coran XVI, 95-96)


La pauvreté de l’Envoyé (saws)

La spiritualité des débuts de l’Islam implique le détachement du monde accompagné d’une ascèse rigoureuse -dans le sens d’un effort méthodique-, la pauvreté étant la vertu de l’Envoyé (saws).
On peut effectivement constater que le Prophète (saws)était véritablement pauvre, ce qui correspond à la station spirituelle la plus élevée : la Station de la Servitude [Maqam al ‘Ubudiya]. Il avait réalisé :
- L’indigence ontologique [Fakr] (*) -véritable humilité- en étant totalement pur et réceptif au don divin dans sa condition de « ummi » : virginité primordiale de celui qui a abandonné tout désir, toute volonté individuelle.

Se rapprocher de cette perfection, exige d’obéir à cette injonction :
« Supporte de rester avec ceux qui invoquent leur seigneur matin et soir, désireux de Sa Face. Que tes yeux ne se détournent pas d’eux par désir des parures de la vie d’ici-bas et n’obéis pas à ceux dont Nous avons rendu les cœurs insouciants de Notre rappel, qui suivent leur passion et se montrent excessifs. (Coran XVIII, 28)
(*) Fakr : la pauvreté d’où le mot Faqir [foqqara au pluriel, faqira et faqirat au féminin]: littéralement « pauvre », au sens de la pauvreté évangélique (« Heureux les pauvres car ils verront Dieu »). Ce terme est utilisé pour désigner les disciples dans la Voie (Mutaçawwuf).

– La pauvreté matérielle. Le Messager de Dieu (saws) disait :
« O Dieu, fais-moi vivre pauvre, fais-moi mourir pauvre, et ressuscite-moi le jour du jugement dans le groupe des pauvres« (rapporté par at-Tirmidhî )
L’Envoyé (saws) aime les pauvres qui, patients et satisfaits, obtiennent la félicité plus facilement que les riches : « J’ai promené mon regard au-dessous de moi dans le Paradis et j’ai vu que la majorité de ses habitants étaient les pauvres ». (Boukhari)

Il s’asseoit avec eux et aumône jusqu’au dénuement (**) Il recommande de les aimer et de s’en rapprocher, - leur compagnie pousse à l’humilité et à la gratitude- de leur donner ne serait-ce une moitié de datte, un don aussi minime soit-il attirant l’inépuisable générosité divine :
« Nul ne donne en aumône ne serait-ce une datte gagnéede manière licite, sans que Dieu ne la prenne de Sa Dextre et ne la fasse croître, comme l’un d’entre vous engraisse son poulain ou son chamelon »(Muslim) alors que la porte se referme surcelui qui retient sa main :
« Asma (das), fille de Abou Bakr (das), rapporte : « Le Messager de Dieu (saws) m’a dit : « Ne ferme jamais la porte de ta caisse sinon Dieu te ferme la porte de la Sienne » (ura)
Il enseigne la pauvreté à sa famille (Coran XXXIII, 28-29), laquelle « n’a jamais mangé à sa faim du pain d’orge deux jours consécutif jusqu’à sa mort » (ura – rapporté par Aisha (das))
et à tous ceux qui veulent le suivre dans la perfection.
« Un homme déclare au Prophète (saws) :
-Ö Envoyé de Dieu, par Dieu, je t’aime !
- Fais attention à ce que tu dis, lui répondit le Prophète.
- Par Dieu, je t’aime, répète-t-il trois fois.
- Si tu m’aimes, prépare toi une tunique pour endosser la pauvreté, car la pauvreté atteint celui qui m’aime plus vite que le torrent le bas de la montagne »
Il appelle ses compagnons –riches ou pauvres- à dépenser sans se soucier du lendemain. Abu Bakr (das) qui était riche n’en demeurait pas moins pauvre.
« Omar rapporte : « L’Envoyé de Dieu (saws) nous ordonna de pratiquer l’aumône. Comme je possédais alors quelque bien, je me dis : « aujourd’hui je dépasserai Abû Bakr ; j’apportai la moitié de mon bien »
L’Envoyé de Dieu me demanda : « qu’as-tu laissé à ta famille ? «
- La même quantité, répondis-je.
Arriva Abû Bakr avec la totalité de son bien
–O Abû Bakr, demanda le Prophète, qu’as-tu laissé aux tiens ?
–Je leur ai laissé, répondit-il, Dieu et Son Envoyé.
Je compris alors que je n’arriverais jamais à le dépasser ». (Abû Dawud et Tirmidhi)


A Médine, les gens du Banc -Ahl al-Suffa- voués à l’adoration dans un total abandon [tawakkul] ont été désignés comme ceux représentant le mieux ce modèle de pauvreté.

Mais tous, par Amour de Dieu (Coran LXXVI, huit) et par désir de Sa Face (Coran II, 272), même dans le besoin, donnaient préférence aux autres sur eux-mêmes (Coran LIX, 9) n’attendant ni récompense, ni gratitude (Coran LXXVI, 9).
(*) Le portrait du Prophète (saws) (http://aminour.unblog.fr/2008/02/26/2007/01/17/le-portrait-du-prophete-saws/)

La véritable richesse est dans l’état d’indigence qui attend tout de Dieu. L’homme ne dispose de lui-même et de ses biens que pour réaliser sa destinée divine. Il reçoit et restitue après un effort pour se libérer de toute attache.
« La richesse ne dépend pas de la quantité de biens. La richesse est que l’âme soit heureuse de ce qu’elle a » (rapporté par Bukhâri, Muslim et autres).


Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux).

aissdz
10/09/2013, 21h28
une regle qui ne malheureusement ne se voit plus trop