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Voir la version complète : Egypte : arrestation du chef des Frères musulmans Mohamed Badie



benny
20/08/2013, 13h01
http://w3.medi1.ma/images/infos/051374.jpg Reuters

De son côté, le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme veut déployer des observateurs pour évaluer la situation sur le terrain.



Le guide suprême des Frères musulmans a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi en Egypte, où les forces de l'ordre répriment dans le sang les partisans du président destitué Mohamed Morsi. La spirale de la violence s'est accélérée avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures dans le pays.

Mohamed Badie, le chef de l'influente confrérie du président destitué Mohamed Morsi, a été capturé avec deux autres hauts dirigeants du mouvement dans un appartement tout près de la place Rabaa al-Adawiya, sur laquelle plus de 280 partisans du chef de l'Etat déchu avaient été tués mercredi lors de la première opération de la police et de l'armée contre les rassemblements de manifestants islamistes.

Les télévisions publiques comme privées égyptiennes qui soutiennent quasi-unanimement le coup de force des militaires ont diffusé dans la nuit des images de M. Badie, 70 ans, emmené par la police et assis dans un bureau, l'air prostré dans sa jalabiya blanche, la longue tunique égyptienne traditionnelle. La justice avait ordonné son arrestation notamment pour "incitation à la violence", ainsi que celle de plusieurs autres cadres importants des Frères musulmans, le 10 juillet, une semaine après que l'armée eut destitué et arrêté M. Morsi, premier chef de l'Etat égyptien élu démocratiquement.

Depuis six jours, et malgré le tollé déclenché dans la communauté internationale qui dénonce un "carnage", le pouvoir mis en place par l'armée a ordonné la dispersion systématique --et dans le sang-- de toute manifestation des pro-Morsi. Les heurts avec les forces de l'ordre ont fait au total près de 900 morts depuis l'assaut de la place Rabaa mercredi, des civils partisans des Frères musulmans pour la plupart, tués par balles dans la majorité des cas. Le pouvoir a donné il y a quatre jours l'autorisation aux soldats et policiers d'ouvrir le feu sur les manifestants s'en prenant aux biens publics et aux forces de sécurité. Le chef de l'armée et nouvel homme fort de l'Egypte, le général Abdel Fatah al-Sissi, a martelé dimanche que son pays ne "pliera pas" devant les "terroristes", ainsi que le pouvoir et les médias qualifient les Frères musulmans.

Plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont également été arrêtés, dont les cadres les plus importants des Frères musulmans, qui doivent être jugés à partir du 25 août, comme M. Badie. Le propre fils de M. Badie a lui-même été tué par balles durant une de leurs manifestations "contre le coup d'Etat" vendredi au Caire. M. Badie est le 8e guide suprême des Frères musulmans, élu en janvier 2010 à la tête de la confrérie qui a remporté les premières législatives libres du pays début 2012, un an après la chute de Hosni Moubarak.

L'ONU veut envoyer des observateurs en Egypte

Le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme veut déployer des observateurs pour évaluer la situation sur le terrain en Egypte, a affirmé mardi une porte-parole à Genève.

"Nous demandons aux autorités égyptiennes de nous permettre de déployer des observateurs des droits de l'homme de manière à ce que nous puissions évaluer la situation sur le terrain", a déclaré la porte-parole.

Le Haut Commissariat veut collecter les informations sur la base de témoignages des organisations non gouvernementales et d'autres sources, a-t-elle expliqué.

"Nous restons alarmés par la poursuite de la violence en Egypte", a encore déclaré la porte-parole. "Les décès dans la nuit de dimanche de 36 détenus aux mains de la police sont très préoccupants et doivent faire l'objet d'une enquête complète", a-t-elle ajouté.

Evoquant l'arrestation de centaines de membres des Frères musulmans au cours de ces derniers jours, la porte-parole a rappelé que toute personne privée de sa liberté doit être traitée humainement et bénéficier de toutes les garanties juridiques offertes par le droit international.

Jeudi dernier, la Haut Commissaire aux Droits de l'Homme Navi Pillay avait demandé une enquête impartiale et indépendante sur les événements de la veille.

La veille, des centaines de personnes avaient été tuées dans les affrontements opposant le camp des fidèles au président islamiste Mohammed Morsi à celui des autorités égyptiennes. Il s'agirait d'un des combat les plus sanglants qu'ait connu le pays depuis plusieurs décennies. Les Frères musulmans estiment que le nombre des morts dans leur camp est supérieur à 2.000.

Les Nations Unies ont aussi demandé une enquête sur les morts des détenus islamistes tués par la police. L'ONU a aussi dénoncé l'embuscade contre un car de policiers, lundi dans la péninsule égyptienne du Sinaï, qui a abouti à la mort de 25 policiers.