lfar
15/06/2013, 17h07
http://forumislam.com/images/icons/icon1.png Je ne veux pas prendre la responsabilité de recruter un Arabe, c’est pour éviter des morts
C’est un type qui a besoin de balayeurs pour nettoyer son entreprise le soir. Il précise qu’il ne veut pas de «Maghrébins», car lui-même est «juif». Il le dit comme ça : «Je ne veux pas prendre la responsabilité de recruter un Arabe, c’est pour éviter des morts.» Jean-Luc B. est un homme à lunettes tout en barbe. Il porte la kippa. Il comparaissait hier devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny, qui avait organisé une audience consacrée aux discriminations. Lui est poursuivi pour «discrimination à raison de l’origine, l’ethnie ou la nationalité et le refus d’embauche».
En voyant le profil des CV refusés par Jean-Luc B., Pôle Emploi (http://forumislam.com/#) a averti la Haute Autorité contre les discriminations (Halde, remplacée depuis 2011 par le défenseur des droits, Dominique Baudis). Jean-Luc B. se sent «assiégé» par les Arabes. Il est conscient que son attitude «pose un problème juridique». Mais il insiste : «Est-ce qu’on doit embaucher ces gens avec ces noms-là, au risque de se faire agresser par eux ?»
La présidente s’énerve. Elle lui demande s’il a été effleuré par l’idée qu’il «existait des Maghrébins qui travaillaient honorablement». «Vous discriminez à l’embauche et vous le revendiquez», lui reproche-t-elle. Il réitère : «J’ai été agressé plusieurs fois, des membres de ma famille aussi.» Et n’hésite pas à reprendre la présidente : «Vous raisonnez avec des lois. Moi, je raisonne avec des faits.» Le procureur lui reproche de «tomber dans l’amalgame et la caricature», lui rappelle qu’il y a eu en tout 20 agressions antisémites en Seine-Saint-Denis en 2012, et lui conseille de lire la Confrérie des éveillés, de Jacques Attali.
Au tour de Philippe M., chef d’escale à Roissy. Il est face à Slimane H., la trentaine, très longue barbe et chemise verte. Quand Philippe M. a vu Slimane H. arriver dans son bureau, en mars 2011, pour un entretien d’embauche, il n’a pu réprimer un mouvement de recul. Il l’a reçu avec «distance et froideur, et l’a pris pour un islamiste intégriste», selon les mots de la présidente.
Le chef d’escale comparaissait à Bobigny pour «discrimination à raison de l’apparence physique». Le métier de Slimane H. consiste à indiquer aux pilotes la direction à prendre pour garer leur avion. Il a passé les tests d’anglais avec succès. Quand Philippe M. l’a reçu pour le recruter, il n’a pas pris «cinq minutes» pour lui signifier qu’il n’avait pas besoin de lui, parce que son équipe était en «sureffectif». De cela, Slimane H. se sentira «insulté et humilié dans son honneur».
Philippe M. se défend, dit qu’il a eu «un ordre de sa direction», que lui-même n’était pas «décisionnaire». Il explique également que les programmations de vol sont très variables : il faut «adapter» les effectifs à ces fluctuations. Problème : le jour de l’entretien, huit agents de piste ont été embauchés. Slimane H. était le seul recalé, le seul à porter une barbe, et trois des candidats avaient des résultats en anglais inférieurs aux siens.
L’avocat qui représente le défenseur des droits explique que Slimane H. a subi un «véritable préjudice moral, que cette affaire l’a traumatisé, déstabilisé sa vie professionnelle et personnelle». Il rappelle à la cour que la discrimination à l’embauche est punie de trois ans d’emprisonnement et de 5 000 euros d’amende. Le procureur réclamera 4 000 euros d’amende pour Philippe M., 5 000 pour Jean-Luc B., et la publication du jugement dans un quotidien national pour les deux. Le jugement a été mis en délibéré au 20 juin.
Source : Libération.fr
C’est un type qui a besoin de balayeurs pour nettoyer son entreprise le soir. Il précise qu’il ne veut pas de «Maghrébins», car lui-même est «juif». Il le dit comme ça : «Je ne veux pas prendre la responsabilité de recruter un Arabe, c’est pour éviter des morts.» Jean-Luc B. est un homme à lunettes tout en barbe. Il porte la kippa. Il comparaissait hier devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny, qui avait organisé une audience consacrée aux discriminations. Lui est poursuivi pour «discrimination à raison de l’origine, l’ethnie ou la nationalité et le refus d’embauche».
En voyant le profil des CV refusés par Jean-Luc B., Pôle Emploi (http://forumislam.com/#) a averti la Haute Autorité contre les discriminations (Halde, remplacée depuis 2011 par le défenseur des droits, Dominique Baudis). Jean-Luc B. se sent «assiégé» par les Arabes. Il est conscient que son attitude «pose un problème juridique». Mais il insiste : «Est-ce qu’on doit embaucher ces gens avec ces noms-là, au risque de se faire agresser par eux ?»
La présidente s’énerve. Elle lui demande s’il a été effleuré par l’idée qu’il «existait des Maghrébins qui travaillaient honorablement». «Vous discriminez à l’embauche et vous le revendiquez», lui reproche-t-elle. Il réitère : «J’ai été agressé plusieurs fois, des membres de ma famille aussi.» Et n’hésite pas à reprendre la présidente : «Vous raisonnez avec des lois. Moi, je raisonne avec des faits.» Le procureur lui reproche de «tomber dans l’amalgame et la caricature», lui rappelle qu’il y a eu en tout 20 agressions antisémites en Seine-Saint-Denis en 2012, et lui conseille de lire la Confrérie des éveillés, de Jacques Attali.
Au tour de Philippe M., chef d’escale à Roissy. Il est face à Slimane H., la trentaine, très longue barbe et chemise verte. Quand Philippe M. a vu Slimane H. arriver dans son bureau, en mars 2011, pour un entretien d’embauche, il n’a pu réprimer un mouvement de recul. Il l’a reçu avec «distance et froideur, et l’a pris pour un islamiste intégriste», selon les mots de la présidente.
Le chef d’escale comparaissait à Bobigny pour «discrimination à raison de l’apparence physique». Le métier de Slimane H. consiste à indiquer aux pilotes la direction à prendre pour garer leur avion. Il a passé les tests d’anglais avec succès. Quand Philippe M. l’a reçu pour le recruter, il n’a pas pris «cinq minutes» pour lui signifier qu’il n’avait pas besoin de lui, parce que son équipe était en «sureffectif». De cela, Slimane H. se sentira «insulté et humilié dans son honneur».
Philippe M. se défend, dit qu’il a eu «un ordre de sa direction», que lui-même n’était pas «décisionnaire». Il explique également que les programmations de vol sont très variables : il faut «adapter» les effectifs à ces fluctuations. Problème : le jour de l’entretien, huit agents de piste ont été embauchés. Slimane H. était le seul recalé, le seul à porter une barbe, et trois des candidats avaient des résultats en anglais inférieurs aux siens.
L’avocat qui représente le défenseur des droits explique que Slimane H. a subi un «véritable préjudice moral, que cette affaire l’a traumatisé, déstabilisé sa vie professionnelle et personnelle». Il rappelle à la cour que la discrimination à l’embauche est punie de trois ans d’emprisonnement et de 5 000 euros d’amende. Le procureur réclamera 4 000 euros d’amende pour Philippe M., 5 000 pour Jean-Luc B., et la publication du jugement dans un quotidien national pour les deux. Le jugement a été mis en délibéré au 20 juin.
Source : Libération.fr