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Voir la version complète : Internet : 20 ans déjà



fekri92
05/05/2013, 22h08
Déjà 20 ans et pourtant nous avons l'impression que le web a toujours fait partie de notre vie, tellement cette innovation nous accompagne tout au long de nos activités : consulter une encyclopédie ou lire La Dépêche en numérique, télécharger un album ou voir un film en vidéo à la demande, jouer en réseaux ou partager ses photos sur Facebook ou sur son blog, déclarer ses impôts, faire ses courses, réserver ses vacances, etc. Autant d'activités auxquelles les inventeurs du web, le Britannique Tim Berners-Lee et le Belge Robert Cailliau, n'avaient sans doute pas à l'esprit lorsqu'ils ont entamé leurs travaux.
Au début, un outil pour les chercheurs

La toile (le «web»), principale application d'internet, a été inventée à Genève, en mars 1989, au Centre européen de recherche nucléaire (CERN). L'idée était d'offrir aux chercheurs, notamment aux physiciens des hautes énergies, une nouvelle façon d'échanger de l'information. Internet était alors, en effet, très peu ergonomique. Berners-Lee va imaginer de lier entre elles les adresses web et le langage hypertexte. En 1990, lui et ses équipes font fonctionner le premier serveur et le premier navigateur web. L'année suivante, d'autres laboratoires de physique des particules vont profiter de cette invention.

Le web pour le grand public verra, lui, réellement le jour il y a 20 ans, fin avril 1993, année où les pages web, qui ne contenaient que du texte, s'ouvrent aux images… En 1995, Cailliau et Berners-Lee convainquent le CERN de mettre le web et ses protocoles dans le domaine public. Par pragmatisme d'une part, pour accélérer son développement ; mais aussi par adhésion aux principes de partage et de standards ouverts (le fameux open source) portés par le monde universitaire.
Le risque d'un web à deux vitesses

Le web connaît alors un développement fulgurant, faisant émerger des empires comme Google, Youtube, Amazon, etc. En constante évolution, il devient «2.0» dans les années 2000. Ce «nouveau» web propose alors des sites conçus pour que l'internaute, de spectateur, devienne aussi producteur. Les communautés émergent, le partage d'informations, de contenus, n'a jamais été aussi fort et simple à réaliser. Les réseaux sociaux comme Facebook inventent de nouveaux liens amicaux, familiaux, professionnels, commerciaux et surtout intergénérationnels. Bien sûr, tout n'est pas rose et sur la Toile se développent aussi virus, cybercriminalité voire cyberterrorisme.

Vingt ans après sa naissance, le web est aujourd'hui à un tournant, tiraillé entre des intérêts particuliers, économiques ou gouvernementaux, et l'ambition généreuse des débuts. En 2010 déjà, Tim Berners-Lee tirait la sonnette d'alarme : entre la bataille des droits d'auteurs, l'émergence de plateformes verrouillées, le non-respect des standards, et la remise en cause par les grands opérateurs télécoms de la neutralité du Net (le réseau transmet les informations sans discrimination), le web risque la balkanisation. Pour éviter ce web à deux vitesses, Berners-Lee compte sur nous tous ; car le web n'est finalement que le reflet de ce que nous en faisons, individuellement et collectivement.
«Un monde nouveau plein de merveilles»

Grand défenseur de la langue française, critique littéraire émérite, présentateur de la fameuse «Dictée» annuelle familiale sur France 2 : Bernard Pivot, 77ans, a suivi la mouvance en s'adaptant avec brio au média internet. À 77ans, le journaliste est notamment actif sur twitter, où on lui dénombre pas moins de 4 000 messages postés (les fameux «tweets») ainsi que 105 000 «followers» (personnes abonnées à sa page). Il nous raconte son rapport au média.

Comment et quand vous êtes-vous mis à internet ?

Je n'ai pas été parmi les premiers, loin de là ! Je me suis mis à internet il y a une dizaine d'années seulement. Mais sans allant : je me suis surtout aperçu que c'était incontournable. Si on ne maîtrisait pas l'outil, on était largué dans la vie, on était en retard dans toute chose. Il y a un moment où la réalité vous rattrape.

On dit souvent qu'internet est une histoire de générations ; or à 77 ans, vous paraissez très à l'aise avec les nouvelles technologies, notamment avec Twitter.

Il ne faut pas tout mélanger : internet est un monde nouveau. En arrivant sur internet, c'est comme si je débarquais en Amérique ! On explore, dans ce monde nouveau, ce monde virtuel. On fait connaissance. Mais la maîtrise totale de l'outil m'est hors de portée. Mes petits enfants, eux, sont virtuoses en la matière. Pas moi. Mais il y a une manière de faire, de s'y faire. Les gens de ma génération se sont introduits peu à peu à internet. Ceux qui ont refusé de s'y mettre par principe ont à mon avis tort. C'est vraiment pour moi un monde nouveau, un continent, qui recèle des merveilles. Mais aussi des contraintes.

Comment internet a changé votre vie ?

D'un seul coup, les relations avec les autres deviennent très rapides. Par exemple avec les mails, on échange en instantané. On a aussi accès à une sorte d'immense capitale culturelle, à laquelle on a recours quand on veut pour puiser des infos, et enrichir sa conversation et sa réflexion. C'est assez incroyable ! J'ai d'ailleurs une anecdote sur le sujet, que je raconte dans mon roman «Oui, mais quelle est la question ?». Il est question d'un personnage qui, lorsqu'il dort, fait des cauchemars : des questions se posent à lui et il n'arrive pas à y répondre. En fait ce personnage, c'est moi : ce cas de figure m'arrive très fréquemment ! Une nuit, il m'était impossible de dormir : je me demandais «Comment Attila est-il mort ?». Autrefois dans ces cas-là je devais me lever, allumer la lumière, rejoindre ma bibliothèque, chercher dans les encyclopédies… ça me prenait souvent une heure ! Aujourd'hui, grâce à Wikipédia : je prends mon smartphone, tape ma question, et j'obtiens la réponse en deux minutes. Internet m'a au moins apporté le sommeil !

On vous connaît aussi en grand adepte de Twitter.

Twitter, c'est la cerise sur le gâteau. Ce n'est qu'une utilisation entre beaucoup d'autres de l'usage de l'internet. Là, l'interactivité est très forte. J'ai d'ailleurs une autre anecdote : Twitter signifie «gazouillement» en anglais. Les Québécois ne disent pas «tweet», mais «gazouillement» d'ailleurs. Or une des caractéristiques de l'outil qui m'a paru tout à fait étonnante, que j'ai d'ailleurs mentionné dans mon prochain livre, c'est que Twitter est la seule communication électronique qui ne fait pas de bruit ni au départ, ni à l'arrivée. Ils arrivent et partent à la manière des chats, d'où le titre de mon livre à paraître.

«Les tweets sont des chats» - de Bernard Pivot - éditions Albin Michel - sortie en mai 2013

Journaliste-Animateur d'émissions télévisées culturelles
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Ce qui vous attend demain

En matière de numérique, il est toujours hasardeux de prédire l'avenir. Thomas Watson, le PDG d'IBM, n'avait-il pas assuré en 1943: «Je pense qu'il existe un marché mondial pour environ 5 ordinateurs» ? Pour autant, de grandes tendances se dessinent pour le web de demain.

1. L'internet des objets (IdO). Qu'un ordinateur, une tablette ou un smartphone soit connecté au web, rien de plus normal. Mais d'autres objets qui ne sont pas des terminaux de consultation sont également connectés au web, de façon indépendante et autonome. Votre frigo à écran tactile scanne vos courses et passe commande sur internet de ce qu'il vous manque. Votre machine à laver en panne vous alerte ainsi que le réparateur ; une balance connectée suit au fil des jours votre poids ; un bracelet analyse votre biorythme et vous suggère des exercices physiques. Les possibilités sont infinies dans de nombreux domaines (transport, commerce, santé, énergie, services à la personne, etc.) pour les particuliers, les entreprises, les collectivités. En 2020, on estime qu'il y aura entre 24 et 50 milliards d'objets connectés dans le monde… Seul écueil pour l'instant, l'absence de standard.

2. L'explosion des données. Une autre tendance, qui découle en partie de l'internet des objets, est la multiplication des données que nous produisons. L'on parle alors de «big data» (grosses données) tellement les volumes générés sont importants et constituent un défi pour le secteur informatique. Certaines collectivités qui émettent de telles données décident de les rendre publiques : on parle alors d'«open data» (donnés ouvertes). N'importe qui peut s'en saisir pour les utiliser. Par exemple à Toulouse, les données du réseau de bus sont ouvertes et ont permis à certains d'imaginer des applications à installer sur son smartphone pour suivre toutes les caractéristiques de sa ligne de bus préférée.

Enfin, la multiplication des données se retrouve aussi chez les particuliers (photos, vidéos, musique, etc.) qui s'installent sur des disques durs à la capacité de plus en plus importante ou sur des serveurs distants (c'est le «cloud computing», l'informatique dans les nuages).

3. Internet sur soi. Enfin, une autre tendance très marquée dans les années à venir sera les objets connectés à internet que l'on porte sur soi («wearable computing»). Un capteur dans ses chaussures pour mesurer sa performance au footing, ou encore les lunettes de Google qui projettent sur un prisme, devant le regard, une multitude d'informations. Ph. R.
Les succès story

Les réseaux sociaux. Ils ont bouleversé nos modes de communication. Facebook, Twitter, Google +, Vidéo, les réseaux sociaux comptent aujourd'hui plus d'un milliard d'utilisateurs dans le monde.

Les comparateurs. Assurances, carburants, billets d'avion, taux de crédits, il y en a pour tous les goûts. Un seul but : comparer tous les prix. Parmi eux, Liligo, Billetlemoinscher.com, Opodo, Assurland.com, permettent aux consommateurs de bénéficier du meilleur prix.

Les banques en ligne. Les guichets deviennent-ils «has been» ? Les banques en ligne fleurissent sur la toile : Fortunéo, Boursorama Banque, ING Direct, BforBank. Ces banques en ligne, très souvent des filiales de banques traditionnelles, réalisent toutes les opérations bancaires. -

La Vente en ligne. Le minitel n'existe plus mais le principe est le même. Le plus bel exemple français n'est autre que PriceMinister. Ce site qui vend toutes sortes de produits, du multimédia à l'électroménager, d'occasion ou neuf, a conquis plus de 10 millions de membres. Et le français est loin d'être le seul dans ce créneau : RueduCommerce, Ebay, Leboncoin tirent aussi leur épingle du jeu.