PDA

Voir la version complète : Le Bayern est le Barça de demain



jawed31
25/04/2013, 17h24
SALAM,


2271

le FC Barcelone a trouvé son successeur au palmarès officieux des équipes qui s(er)ont la référence de leur époque. Le Bayern est depuis quelques mois la meilleure équipe de football d'Europe. Il est le club le plus puissant ou est en passe de le devenir. Si la victoire finale s'en mêle à Wembley le 25 mai, la boucle sera bouclée : il sera le modèle à suivre. On ne parle pas ici de palmarès pur : il faut souhaiter bon courage au Bayern s'il veut s'approcher du six sur six du Barça en 2009, et gageons que Guardiola signerait pour être certain de gagner la moitié des trophées qu'il a remportés avec le Barça. On parle d'influence. De capacité à marquer une époque, voire à l'incarner.

Si le 4-0 de mardi a évidemment ressemblé à une passation de pouvoir symbolique, cette sensation de succession est tangible depuis les huitièmes de finale aller quand, à 24 heures d'intervalle, l'équipe de Heynckes avait pulvérisé Arsenal à l'Emirates (1-3) tandis que le Barça entamait son déclin à Milan (2-0). L'équipe qui donne l'impression d'être imbattable comme l'était Barcelone en 2009 et 2011, c'est le Bayern. L'équipe pour laquelle la transition entre défense étouffante et explosion offensive n'est jamais un problème, c'est le Bayern. L'équipe qui a inventé d'autres canons pour y parvenir et surpasser ce qui semblait insurpassable, c'est le Bayern. L'équipe qui joue avec le carburant physique d'un avion de chasse, c'est le Bayern. Et même si Dortmund a parfaitement la possibilité de jouer à ce Bayern le même tour qu'à la Juventus en 1997, alors meilleure équipe d'Europe, notre conviction sera faite : l'ère munichoise est officiellement ouverte.

Guardiola, Götze... : déjà un mercato d'avance

Si le Bayern a (déjà) atteint une forme de sommet, le plus dur sera de s'y maintenir, seule condition pour accéder à son destin d'équipe qui aura laissé une trace indélébile. Et si on donne l'impression de couronner le Bayern avant l'heure, c'est que le club d'Uli Hoeness nous semble parfaitement outillé pour conserver voire amplifier l'avance qu'il a su créer. Sur le strict plan de la politique technique, le Bayern est avance d'un mercato. Il va bonifier son équipe déjà si forte. Il a déjà assuré la succession de son entraîneur avec le coach le plus recherché du monde (Guardiola). Il a adoubé l'un des joueurs de ballon les plus forts du moment (Götze). De tous les demi-finalistes de la C1, il est de très loin le seul club à avoir, de cette façon, un coup d'avance dans la construction de son projet.

Le Real et le Barça, dont la force de frappe économique a baissé, sont en fin de cycle et se préparent à un marché actif, difficile, qui au mieux leur donnera les moyens de reprendre une impulsion. Le Borussia Dortmund aura des liquidités, mais cela ne nous dit pas ce qu'il en fera, et encore moins avec quelle force il va résister à la déconstruction, totale ou partielle, de sa magnifique équipe (par... le Bayern, essentiellement). Ailleurs ? La Juventus a le profil pour revenir au premier plan, Manchester United doit nous en montrer davantage avec une telle équipe et une telle force économique. Le PSG doit surtout veiller à conserver une forme de continuité. Le projet de reconstruction de Chelsea est trop balbutiant. Arsenal a carrément besoin d'un changement de propriétaire. Conclusion : le Bayern a beaucoup de champ d'avance.

Si le club bavarois parvient à faire triompher son modèle quelques saisons, reste enfin à savoir quelle sera la plus-value de ce modèle. Comment aura-t-il marqué son époque ? La victoire ne suffit pas. Il faut un savoir-faire suprême. Un label. Comme ses prédécesseurs.

- Le Real Madrid des années 50 a créé le modèle d'un club incarné par ses stars, qu'il nourrit et réinvente à travers les époques. Di Stefano et Puskas hier, Cristiano aujourd'hui.

- L'Ajax des années 70 a apporté la participation de tous les joueurs à tous les efforts de l'équipe, la préparation athlétique qui va avec, et la redéfinition du rôle de quasiment tous les joueurs.

- Le Bayern des années 70, dans la continuité du catenaccio de l'Inter des années 60, a légitimé pour longtemps le cynisme et le "winning ugly" comme une forme de victoire légitime, résultat d'un vrai savoir-faire, ainsi que Chelsea s'en est souvenu l'an passé, même s'il y aurait des nuances à apporter, à ces quelques considérations.

- Le Milan de Sacchi a apporté pour toujours à ce jeu la rationalité de la zone et l'effort du pressing.

- Le Barça de Cruyff a apporté le modèle de la possession de balle et de la domination totale de l'adversaire comme tactique offensive. "L'attaque totale" comme héritière du "football total" de Rinus Michels.

- Le Real des années 2000 a été le symbole d'un foot mondialisé post-arrêt Bosman, de toute sa démesure (transferts fous, salaires mirobolants) et de toute son excellence (a-t-on déjà vu autant de stars jouer ensemble?).

- Manchester United des années 2006-2009 a œuvré à la généralisation de toutes les formes de 4-5-1, dont l'Europe sort à peine, et à l'éclosion de la première superstar globale du XXIe siècle (Cristiano Ronaldo).

- Le Barça de Guardiola s'est chargé de la deuxième star (Messi) puis de la fusion des principes de Cruyff (possession, passes) et de ceux de Sacchi (pressing tout terrain).

Le club phare de l'ère du fair-play financier ?

Le Bayern ? Pour l'instant, sur le strict plan du jeu, le club bavarois est une machine qui repose sur quelques principes directeurs assez simples, incroyablement bien exécutés, mais qui ne portent pas en eux les germes d'une révolution tactique. Suivre l'apport de Pep Guardiola sur ce terrain-là sera passionnant... En revanche, le Bayern a toutes les chances d'être le porte-drapeau du football de "l'économie réelle". Du foot à l'ère du fair-play financier. Celui qui montrera à tous les dispendieux d'Europe - encore hyper majoritaires - qu'une vision stratégique aussi forte dans les bureaux et sur les terrains ne condamne par les clubs à la fuite en avant mais leur promet bénéfices et capacité d'investissement. Un foot qui ne condamne pas les propriétaires aux abandons de créances infinis, les comptes à l'endettement perpétuel et les recruteurs à être baladés par les agents.

Bref, dès 2013, et pour longtemps, le Bayern peut enterrer le modèle du Chelsea de 2012. Ce sera une forme de consolation ou de vengeance pour le Barça, victime de ce projet l'an passé. Mais cela n'empêchera pas les Catalans, probablement, d'abandonner leur mandat d'inspirateur du football européen. N'oublions pas, à ce moment, qu'ils l'ont magnifiquement exercé.

Bonne continuation.