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sindbad001
24/04/2013, 17h06
Apple : la baisse des bénéfices est-elle inquiétante ?Business : Les résultats du deuxième trimestre d’Apple ont battu les estimations des analystes, notamment en dégageant un solde de trésorerie de 145 milliards de dollars. Néanmoins, faute de nouveaux produits, la croissance est en phase de ralentissement.
http://www.zdnet.fr/blogs/i/img/clara-leonard_60x45.png (http://www.zdnet.fr/actualites/apple-la-baisse-des-benefices-est-elle-inquietante-39789769.htm)
Par Clara Leonard | Mercredi 24 Avril 2013


La vague de panique de ces dernières semaines qui avait fait chuter l’action Apple en dessous de 400$ alors que le cours était à 515$ la veille des résultats du premier trimestre s’est dissipée. L’irrationalité de Wall Street vient de recevoir une petite correction de la part de l’économie réelle : les résultats du deuxième trimestre ont battu la plupart des prévisions émises par les analystes. D’ailleurs, l’action a remonté de 6% immédiatement après l’annonce.
Voici un résumé des résultats comparés à une moyenne des estimations (source : Business Insider) : (http://www.businessinsider.com/apple-q2-earnings-2013-4)
-Revenus : 43,6 milliards vs 42,3 milliards estimés par les analystes
-Résultat net par action : 10,09$ vs 9,98$
-Marge brute : 37.5% contre 38,5%
-Livraisons d’iPhones : 37,4 millions vs 36,5 millions
-Livraisons d’iPads : 19,5 millions vs 18,3 millions
-Mac : 3,95 millions vs 4,1 millions
-iPod : 5,6 millions vs 6,25 millions

Des revenus et profits qui ne sont pas catalysés par de nouveaux lancements
Si les revenus et les profits d’Apple croient moins vite qu’il y a un an, il faut bien replacer ces résultats dans le contexte de ces trois derniers mois. Apple n’a sorti aucun nouveau produit récemment. Pour Seeking Alpha, (http://seekingalpha.com/article/1363621-apple-q2-2013-earnings-are-out-what-you-need-to-know) l’entreprise suspend la demande de ses clients, actuellement dans l’attente d’une nouvelle version de l’iPhone ou de l’iPad, et cherche simplement à se maintenir en exploitant ses produits vaches à lait. Cette croissance limitée est donc cohérente avec la stratégie de l’entreprise, qui n’a volontairement pas donné de coup d’accélérateur majeur.
http://www.zdnet.fr/zdnet/i/edit/ne/2013/04/Ventes-Q2-2013-Apple.jpg
Une marge brute plus limitée
Mais l’indicateur le plus important pour Apple reste la marge brute, qui elle, s’est contractée plus que prévu, chutant à 37,5% alors qu’elle atteignait les 50% historiquement. Cette contraction s’explique en particulier par la progression de l’iPad mini dont la marge est moins élevée et qui prend de plus en plus d’ampleur dans les ventes d’iPad.
http://www.zdnet.fr/zdnet/i/edit/ne/2013/04/Revenu-Moyen-iPad.jpg
Rappelons cependant qu’Apple a toujours dégagé des marges particulièrement élevées par rapport à ses concurrents qui oscillent entre 30% et 40% selon Bloomberg. Apple s’est positionné sur un marché premium, ce qui lui a permis de justifier des marges importantes auprès de ses clients.
Le désavantage de cette stratégie reste que si Apple est leader sur le marché premium, il n’arrive pas à se hisser aux premiers rangs en termes de parts de marché globales car ses concurrents sont omniprésents grâce aux produits low cost. Apple pourrait donc à moyen terme se permettre de réduire ses marges pour adopter une stratégie de volume. Ce serait le cas notamment si, comme les rumeurs (toujours démenties par Tim Cook (http://www.zdnet.fr/actualites/apple-tim-cook-affiche-ses-certitudes-devant-les-analystes-39787174.htm)) le présagent, l’entreprise sortait un iPhone low cost. Les marges pourraient chuter au plus bas à 25%.
Les iPhones et les iPads progressent
Concernant le nombre d’unités expédiées, les deux lignes stars, les iPhones et les iPads, ont battu les estimations.
Mais le ralentissement du marché des iPod et du Mac ne donne pas lieu de s’inquiéter. Le secteur du PC dans son ensemble connait une chute en ce début d’année (http://www.zdnet.fr/actualites/plongeon-historique-des-ventes-de-pc-le-flop-de-windows-8-39789248.htm) (-14% sur un an) alors que le Mac n’a connu un ralentissement que de 3,7%, battant toujours le marché (http://www.zdnet.fr/actualites/baisse-des-ventes-d-ordinateurs-apple-aussi-jouerait-la-prudence-39789582.htm). Par ailleurs il est naturel que les ventes de Mac ralentissent, cannibalisées par les bons résultats de l’iPad. « Nous vendons presque 20 millions d’iPads et il est certain que certains de ces iPads cannibalisent des Macs (http://news.cnet.com/8301-13579_3-57581078-37/halo-still-in-effect-apple-sees-ipads-as-gateway-to-macs/). » affirmait lui-même Tim Cook.
http://www.zdnet.fr/zdnet/i/edit/ne/2013/04/Progression-semestrielle-ventes-Apple.jpg
Ne dévions cependant pas du véritable sujet brûlant qui n’est pas tant l’exploitation des anciens produits que le questionnement sur les lancements à venir. Quelle sera la prochaine innovation Apple ? L’iTV ? L’iWatch ? Un nouvel iPhone ? Et surtout : vont-ils mener une stratégie d’évolution ou de rupture ?
Une trésorerie toujours élevée
D’après Bloomberg, Apple a tellement d’argent que l’entreprise pourrait distribuer 470 dollars à chaque citoyen américain.
En effet, c’est en jetant un coup d’œil à la trésorerie que les inquiétudes des investisseurs devraient se dissiper. Même sans lancements majeurs jouant un rôle catalyseur et avec des marges déclinantes, Apple arrive à dégager un solde de trésorerie excédentaire de 145 milliards de dollars. Comme l’affirme cyniquement Seeking Alpha : « Que peut-on dire d’autre qu’Apple est une machine à imprimer de l’argent que Ben Bernanke [ndlr : président de la Fed] adorerait probablement avoir à sa disposition ? ».
C’est ainsi qu’Apple pourra redistribuer 100 milliards de dollars aux actionnaires d’ici 2015 (initialement 45 milliards), tentant d’apaiser les inquiétudes qui devraient se prolonger au cours du troisième trimestre qui ne connaîtra pas de grand lancement. Rappelons cependant que même si arroser les actionnaires peut momentanément les réjouir, il est structurellement impossible pour Apple de contrôler les fluctuations boursières irrationnelles auxquelles l’entreprise est sujette.
Le troisième trimestre sera-t-il décisif ?
Si Apple a réussi à minimiser les inquiétudes au deuxième trimestre en publiant des résultats meilleurs que prévus, le véritable défi sera le troisième trimestre. L’entreprise réussira-t-elle à exploiter ses produits vaches à lait jusqu’à l’os ? Tim Cook a déjà annoncé qu’il attendait des revenus limités à 34,5 milliards de dollars, mais une marge brute qui devrait cependant rester plutôt stable à 36,5%.
Pour Larry Dignan, de ZDNet US (http://www.zdnet.com/does-apple-really-have-an-identity-crisis-nope-7000014400/) : « Apple fait ce qu’il y a de rationnel : exploiter ses anciens produits tout en réfléchissant à ses lancements futurs. Gardez à l’esprit que l’iPod fut lancé en 2001, iTunes en 2003, l’iPhone en 2007 et l’iPad en 2010. Pour résumer, nous sommes dans l’attente d’une nouvelle ligne de produits mais ce n’est pas pressé. ». Apple, que tout le monde attend au tournant, prendrait donc son temps pour répondre aux attentes des clients au lieu de sortir un produit baclé en cédant à la pression de l’innovation.
Les agences de notation valorisent Apple
Si Apple continue de décevoir les investisseurs, c’est que ceux-ci ont des attentes particulièrement ambitieuses pour l’entreprise symbole de la réussite technologique américaine. Apple reste en très bonne santé pour un trimestre où aucune innovation majeure n’a été mise sur le tapis. Les agences de S&P et Moody’s (http://seekingalpha.com/article/1364931-it-s-the-ecosystem-stupid-what-the-ratings-agencies-said-about-apple) continuent à lui accorder la deuxième meilleure notation : AA+ et Aa1 ; et n’excluent pas à long terme une réévaluation à la hausse.
Ces agences rappellent que la force d’Apple est, contrairement à ce que pouvait affirmer le New York Times en mettant en exergue la « crise d’identité » (http://online.wsj.com/article/SB10001424127887323551004578439162453339122.html) de l’entreprise, ce modèle dual hardware/software qui lui permet de créer un écosystème puissant. C’est l’écosystème Apple, qui s’étend à tous ses produits, qui fidélise les clients et justifie des prix premium. D’après S&P, si Apple n’a pas encore atteint le AAA, c’est surtout parce qu’elle se positionne dans un marché particulièrement compétitif.
Pour conclure, les résultats d’Apple devraient redonner un léger coup de fouet à l’action qui avait été largement dépréciée dans les dernières semaines. D’après Seeking Alpha, Apple est sujette à l’irrationalité des marchés, que ce soit à la hausse comme à la baisse : « Ceux qui prétendaient que le cours d’Apple allait atteindre les 1 000$ (…) se fourvoient autant que ceux qui affirment qu’elle pourrait être valorisée à seulement deux fois sa trésorerie. »