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didiniho
15/04/2013, 12h23
PARIS (Reuters) - Le gouvernement français tente d'en finir à marche forcée avec le projet de loi pour le mariage homosexuel qui empoisonne le climat politique, prenant le risque de radicaliser un peu plus des opposants déterminés à ne "rien lâcher".
Après son adoption à main levée vendredi dernier au Sénat et 110 heures de débats en première lecture à l'Assemblée, le texte, soumis lundi à la commission des Lois, sera examiné en seconde lecture par les députés de mercredi à samedi soir avant un vote solennel le 23 avril.
Une accélération inacceptable du calendrier pour la droite qui dénonce un passage en force, de même que le collectif "La Manif pour tous" qui a décidé d'une nouvelle manifestation dimanche à Paris sous le slogan "Ils accélèrent, on accélère", et peut-être le 23 avril.
Le gouvernement a demandé l'application du "temps législatif programmé", une procédure instaurée par la précédente majorité qui fixe à l'avance la durée des discussions, afin de limiter les débats à 25 heures et éviter ainsi des joutes interminables.
En outre, les sénateurs ont introduit la possibilité pour l'exécutif de recourir aux ordonnances pour toutes les modifications législatives qu'entraînera ce texte.
"Les provocations s'accumulent, ce pour une seule chose : il faut trouver une diversion à tout prix au scandale Cahuzac", a estimé le chef de file des députés UMP, Christian Jacob.
Pour le député UMP Hervé Mariton, l'un des fers de lance de la contestation, "l'affolement" du gouvernement s'explique par le revirement de l'opinion qui, selon un sondage BVA publié le 12 avril, désapprouve désormais à 55% le droit au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels.
"Le gouvernement n'a pas envie que notre pédagogie continue de faire son oeuvre", a-t-il dit à Reuters.
PAS DE PANIQUE
Le ministre délégué aux Relations avec le Parlement a souligné lundi la nécessité d'aller vite pour éviter de nouveaux "dérapages dans la rue", niant toute précipitation.
"Ce n'est pas du tout panique à bord", a dit Alain Vidalies sur RTL. "C'est parce qu'il y avait ces dérapages, parce qu'il y avait des extrémistes, parce que la droite républicaine n'est pas au rendez-vous".
Droite et gauche se renvoient la responsabilité des débordements de certains opposants au mariage gay dont le principal collectif d'opposition, "La Manif pour tous", s'efforce de se dissocier pour ne pas altérer son message.
Le Parti socialiste accuse l'UMP de "cautionner par son silence les extrémistes et les fanatiques". Le principal parti d'opposition juge au contraire que le "coup de force" parlementaire du gouvernement radicalise le débat.
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, et l'ancien Premier ministre François Fillon demandent à François Hollande de suspendre l'examen du texte. Pour le collectif "La Manif pour tous", "le déni de démocratie dont sont victimes les opposants à ce projet" crée "un climat social de plus en plus délétère".
Soixante-dix opposants ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi près de l'Assemblée nationale, alors qu'ils s'apprêtaient à installer des tentes, et ont été placés en garde à vue, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
FRIGIDE BARJOT PRIÉE D'"ARRÊTER LES FRAIS"
Des opposants appellent à des rassemblements chaque soir à partir de mardi près de l'Assemblée. D'autres entendent poursuivre les "comités d'accueil" de ministres ou de personnalités favorables au projet de loi. Dimanche soir, des manifestants ont attendu le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à la sortir d'un concert Salle Pleyel à Paris.
L'animateur de télévision Karl Zéro, le beau-frère de Frigide Barjot, figure de proue des anti-mariage gay, publie lundi sur le site du Huffington Post une lettre ouverte à sa belle-soeur pour la prier d'"arrêter les frais".
"On va faire quoi alors? On va s'entretuer, parce que ça détend ?" écrit-il.
Vendredi dernier, lors d'un rassemblement aux abords du Sénat qui rassemblait plusieurs milliers d'opposants, Frigide Barjot - qui a amendé par la suite ses propos - a dénoncé "un déni de démocratie" et mis en garde le chef de l'Etat en ces termes : "Hollande veut du sang, il en aura!"
Tugdual Derville, autre porte-parole du collectif, a appelé "au calme et à la mobilisation" en vue d'une manifestation d'ampleur le 26 mai. "La Manif pour tous" réfléchit de son côté à se joindre au défilé de Jean-Luc Mélenchon le 5 mai.
Si la loi est définitivement adoptée le 23 avril, l'UMP déposera un recours devant le Conseil constitutionnel - recours suspensif qui empêchera l'exécutif de promulguer le texte.
Sophie Louet et Emile Picy et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse