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bobmarley
14/03/2013, 13h13
Bisphénol A, phtalates, parabens... Ces substances sont mises en cause dans l'augmentation du nombre de cancers, troubles du comportement, cas d'infertilité. L'Agence européenne de sécurité des aliments rend ce mois-ci un rapport sur ces perturbateurs endocriniens. Après avoir interdit le bisphénol A, la France lance une stratégie nationale pour les encadrer.

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LIRE AUSSI :
> « Comment interdire tous les perturbateurs endocriniens ? » (http://www.lavoixdunord.fr/france-monde/comment-interdire-tous-les-perturbateurs-endocriniens-ia0b0n1097262)

Notre maison apparaît soudainement moins chaleureuse : de la bouilloire électrique en plastique, à la gamme aubergine des ustensiles de cuisine, du dentifrice à notre rouge à lèvres, du camion de pompiers offert à Noël à notre jean préféré, de la peinture du salon au jardin... On regarde soudainement le tout sous un autre jour.


Bisphénol A, parabens, phtalates... se nichent partout. Or, ces perturbateurs endocriniens comme on les appelle - parce qu'ils modifient notre système hormonal - sont mis en cause, notamment, dans l'augmentation du nombre de cancers.
Au fil des études menées d'abord sur les animaux, les liens de cause à effet se confirment chez l'homme. André Cicolella est un chercheur français. Il a lancé le Réseau environnement santé en 2009 et a contribué au vote de la loi Bapt sur l'interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires : « Dans l'année, cinq études ont été publiées aux États-Unis établissant un lien entre le bisphénol A et des maladies métaboliques chez l'adulte ; une étude danoise, le lien entre l'imprégnation durant la grossesse aux perfluorés et l'obésité chez le jeune enfant, en particulier les filles ; une autre, entre des troubles du comportement à l'âge de deux ans, chez les filles encore, et l'imprégnation in utero au bisphénol A. On a donc bien confirmation que ce qui est observé chez l'animal est transposable à l'homme » explique-t-il. Aussi, pas besoin, selon lui, de mener des études sur l'homme sur chacun des quelque 870 perturbateurs endocriniens connus pour agir. « C'est éthiquement inacceptable, cela retarderait la décision de plusieurs décennies. »
Or, la France, se réjouit-il, « une fois n'est pas coutume, est leader dans ce domaine ». Après le vote de la loi interdisant le bisphénol A dans les contenants alimentaires, « à l'unanimité des députés et des sénateurs », elle a voté une proposition de loi contre les parabens, phtalates et alkylphénols en mai 2011, tombée aux oubliettes depuis. Mais, souligne André Cicolella, « on ne va pasvoter autant de lois que de perturbateurs endocriniens. Le prochain acte, c'est la stratégie nationale qui doit être mise en place à partir de juin prochain et qui fixe pour objectif qu'il n'y ait plus aucun perturbateur endocrinien dans nos organismes et dans l'environnement ». Car ce n'est pas tant la dose du perturbateur endocrinien, souvent infinitésimale, qui pose problème que le cocktail de ces molécules.
Et ce monde sans parabens, phtalates, bisphénol A, PFOA ou PFOS, n'a rien d'utopique pour André Cicolella : « Cela a été très vite pour retirer le bisphénol A des biberons. Je ne dis pas que c'est simple mais c'est possible. On a vécu sans phtalates avant. D'autres molécules existent et c'est l'occasion de faire régresser l'épidémie de maladies chroniques dans le monde : cancers, obésité, diabète... Des maladies qui ont un coût considérable : un milliard d'euros en plus chaque année pour le diabète. En innovant, notre industrie doit prendre en compte cette dimension santé. Car un autre enjeu est la protection des malades : le bisphénol A, et il n'est pas le seul, diminue l'efficacité de traitements comme la chimio... En quatre ans, beaucoup de choses ont avancé. Continuons. »
SOPHIE LEROY

Mes vêtements, mes meilleurs ennemis
« Les dessous toxiques de la mode ». Dans un rapport rendu en novembre, Greenpeace révèle les résultats de son enquête menée dans 29 pays où l'ONG a acheté 141 vêtements de vingt marques différentes, « connues et reconnues » : Zara, Calvin Klein, Mango, Tommy Hilfiger, Benetton, Armani... Les jean, robes, sous-vêtements, T-shirts... ont été testés. Résultats : des NPE (éthoxylates de nonylphénols, utilisés notamment comme imperméabilisant) ont été trouvés dans 89 produits et des phtalates dans 31 d'entre eux. À des taux (concernant les NPE) parfois supérieurs à la législation européenne pour la fabrication des vêtements (mais, ironie, législation qui ne s'applique pas à l'importation).
Ces substances ne sont pas toxiques au simple toucher mais passent dans l'environnement quand on lave nos vêtements. Et nous reviennent, tel un effet boomerang, notamment dans notre alimentation, jusqu'à perturber notre fonctionnement hormonal.
Ce n'est pas le premier rapport du genre de l'ONG, qui a lancé le mouvement Détox afin d'amener les grands groupes textiles à éliminer ces substances chimiques toxiques de leurs productions d'ici 2020 : quatorze groupes s'y sont déjà engagés (Puma, Nike, Adidas, H &M...).... Benetton et Limited Brands (Victoria's Secret), Zara, Esprit, Levi's, Uniqlo (dont le propriétaire possède également Princesse Tam Tam, Le Comptoir des cotonniers) depuis janvier.

LES BONS GESTES

1. Je lis les étiquettes.
En cosmétique, par exemple, la mention « sans paraben » ne suffit pas et peut cacher d'autres perturbateurs - BHA, BHT, triclosan (dans les crèmes à raser), oxybenzone (baume, crèmes anti-rides...).
2. Je fais le tri dans mes produits cosmétiques.
La multiplication des produits et des ingrédients (exemple, dans les shampoings) est l'ennemi du bien : ils augmentent les risques d'interactions entre perturbateurs. J'évite également les produits parfumés et, avant de chercher la crème miracle, j'adopte une meilleure hygiène de vie : je ne fume pas, je mange et dors bien, je bois suffisamment. Enfin, j'évite les crèmes dépilatoires.
3. Je retourne ma bouteille.
Vous y trouverez un sigle : un triangle avec, au milieu, un chiffre allant de 1 à 7 qui ne marque aucune gradualité dans la menace mais désigne des familles de plastique. Or, seule la famille 5 est notre amie. La 1 (bouteilles plastiques) est donc à bannir.
4. Dans mon frigo,
je préfère les contenants en verre aux boîtes plastiques. Et, dans tous les cas, je je ne mets pas de produits chauds dans les plastiques et ne réchauffe pas mes restes ou mon plat préparé au micro-ondes dans du plastique. Cela libère les perturbateurs endocriniens.
5. Je lave mes vêtements
avant leur première utilisation : a fortiori les draps de lit et de bain. Et j'utilise une lessive biodégradable.
6. J'aère
plutôt que d'utiliser des désodorisants intérieurs. Je préfère les lavettes en micro-fibres, moins consommatrices de produit. Je bannis les produits corrosifs au profit des vinaigre d'alcool blanc, bicarbonate de soude et savon de Marseille.
7. Dans mon jardin,
pour éviter les pesticides, je choisis des plantes adaptées au climat de ma région et à mon jardin ; je paille arbres et parterre pour ralentir les mauvaises herbes.

C'EST PLUS CLAIR
PE
Ou perturbateurs endocriniens. Le terme est apparu en 1991 et désigne les quelque 870 molécules, agents chimiques qui agissent, même à très faible dose, sur notre équilibre hormonal : de notre humeur (en
impactant notamment notre fonction thyroïdienne) à notre fonction reproductive ou notre système nerveux. Les PE peuvent être à l'origine de pathologies graves pour notre organisme directement, notre descendance, voire pour l'ensemble d'une même population.
TOUT UN PROGRAMME
En France, un programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens, lancé en 2005 et piloté par le ministère du Développement durable, soutient la recherche. Trente et un projets ont déjà été soutenus. Sept en 2005 à hauteur d’un million d’euros. Treize en 2008 (11 par le ministère, moyennant 1,6 million ; deux par l’ADEME, 400 000 €). Neuf en 2011 à hauteur d’1,36 million. Ce programme sera poursuivi dans le cadre de la stratégie nationale qui sera mise en place en juin.