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Voir la version complète : Une partie des pots-de-vin recyclés en Italie



gfm26
10/02/2013, 08h20
L’enquête menée par les juges de Milan pour tirer au clair le système de corruption par lequel l’ENI et l’une de ses filiales, Saipem, auraient agi afin d’assurer de gros contrats en Algérie, révèle chaque jour des aspects inattendus. Une partie de l’argent, qui a servi à graisser la patte à des dirigeants de Sonatrach, à des responsables politiques ainsi qu’à des intermédiaires, aurait regagné l’Italie par des stratagèmes machiavéliques. Rome. De notre correspondante L’enquête menée par les juges de Milan pour tirer au clair le système de corruption par lequel l’ENI (Ente Nazionale Idrocarburi) et l’une de ses filiales, Saipem (l’une des plus grandes sociétés mondiales de forage) auraient agi afin de s’assurer de gros contrats en Algérie révèle chaque jour des aspects inattendus. En effet, les investigateurs se penchent maintenant sur la destination des pots-de-vin (dont le total est estimé à 198 millions de dollars) versés à la partie algérienne dans un premier temps avant d’être recyclés en Italie. Il semblerait que les dirigeants de Saipem auraient convaincu leurs vis-à-vis algériens d’investir au moins dix millions du pactole dans des sociétés leur appartenant. C’est le cas du neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Farid Noureddine Bedjaoui, 43 ans, de nationalités algérienne et française, l’un des amis intimes de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, qui aurait placé une partie des pots-de-vin, soit un million et demi d’euros, dans une société agricole, Ager Falernus, appartenant à l’un des dirigeants de Saipem, Pietro Varoni. Ce dernier a été suspendu de ses fonctions «à titre préventif» après que le scandale ait éclaté. En outre, Farid Bedjaoui serait titulaire d’un compte bancaire commun avec l’épouse (séparée) de Varoni, selon ce que le quotidien milanais Corriere Della Sera (un journal très informé sur les enquêtes des juges milanais) a dévoilé dans son édition d’hier. Les magistrats chargés de l’affaire en seraient encore à assembler les pièces d’un puzzle géant qui va de l’Italie vers l’Algérie via la Suisse, les Emirats arabes unis, Dubaï… «Une affaire de corruption aux dimensions économiques énormes.» C’est ainsi que les juges auraient défini ce mécanisme de corruption entre les deux rives de la Méditerranée qui faisait loi entre 2006 et 2010. Un autre nom, Samir Ourayed, est indiqué par les enquêteurs comme étant l’intermédiaire grâce auquel les pots-de-vin versés par Saipem transitaient vers les comptes des responsables algériens. Ce dernier se servait d’une société écran, Pearls Partners Limited, basée à Hong Kong, pour recevoir l’argent des Italiens. La taupe italienne aurait révélé également le contenu de la rencontre à laquelle le patron de l’ENI, Paolo Scaroni, a participé aux côtés du ministre de l’Energie de l’époque, Chakib Khelil, dans un hôtel parisien, le George V. Farid Bedjaoui et l’ancien responsable de la région Afrique du Nord au sein du groupe, Antonio Vella, tout deux mis en examen par le parquet milanais, auraient également assisté à cette réunion. Ce scandale fait trembler le colosse pétrolier italien depuis que les magistrats ont saisi des documents très importants lors de perquisitions dans les bureaux et le domicile du dirigeant de l’ENI, mis en examen pour corruption internationale. Scaroni a, en outre, dû consigner le contenu de ses échanges via mail aux enquêteurs, révèle le Corriere Della Sera. Ces messages et ceux d’une trentaine d’autres dirigeants contiennent des informations très délicates, certaines classées secrètes. D’où la requête faite par les avocats de l’ENI de détruire toutes celles qui ne concernent pas l’Algérie afin de préserver le caractère confidentiel de la stratégie commerciale du groupe. Enrico Mattei, fondateur de l’ENI, assassiné en 1962, doit se retourner dans sa tombe. Lui qui, avait inventé les caisses noires pour financer partis politiques et médias, le faisait pour le strict intérêt de son pays et non pas pour son propre compte