kobayachi
04/10/2017, 14h31
Le Premier ministre français a défendu une laïcité plus souple, annoncé que les étudiants ne seront plus contraints de passer certains concours le Shabbat, évoqué la shehita, l’alyah, l’antisémitisme, l’anti-sionisme en présence de son prédécesseur – acclamé – Manuel Valls.
« Nous maintiendrons un haut niveau de sécurité autour des lieux juifs, malgré la refonte du dispositif Sentinelle et la baisse des actes antisémites » : voici l’une des annonces qui ont émaillé l’allocution du Premier ministre français, dans la soirée du lundi 2 octobre, à la synagogue parisienne de la rue Buffault (9ème arrondissement).
Le Consistoire contre les « amalgames »
Edouard Philippe a pris position en faveur d’une application souple de la laïcité, après avoir entendu les inquiétudes de Joël Mergui à ce sujet.
Ce dernier avait affirmé en substance, quelques minutes auparavant, qu’interdire la shehita, autrement dit l’abattage rituel juif, ne saurait empêcher le fanatisme islamiste de progresser par ailleurs et qu’il fallait « se garder des amalgames. Aucun Juif portant la kippa n’a jamais attenté aux valeurs démocratiques. Foi et citoyenneté ne sont nullement incompatibles pour nous », a-t-il martelé.
’est pas non plus question », a-t-il assuré, « de remettre en cause des pratiques cultuelles traditionnelles comme l’abattage rituel », qui interdit l’étourdissement préalable des animaux aux juifs comme aux musulmans observants.
Le président du Consistoire a estimé en outre que la faculté de manger casher dans certains espaces publics relevait non d’une « tolérance » de la République mais d’une liberté fondamentale. Il a insisté ensuite sur la nécessité pour les universités d’aménager les examens et concours de sorte qu’aucun étudiant juif ne soit contraint de transgresser le Shabbat ou une fête (écrire est l’un des travaux prohibés ces jours-là).
« Je ne vois pas par exemple ce qui empêche de faire en sorte que le calendrier des examens permette à un lycéen ou à un étudiant de vivre sa foi tout en poursuivant ses études », en évitant de fixer des épreuves en particulier lors du repos du shabbat le samedi, a répondu Philippe.
C’est un point de crispation constant entre le rabbinat et le monde académique. Le Premier ministre souhaite y mettre un terme puisqu’il a assuré que l’agenda universitaire serait organisé à l’avenir en fonction du calendrier juif, avec des sessions systématiques de rattrapage le cas échéant. C’est un changement notable et une victoire pour le Consistoire, qui se bat dans cette direction depuis des années.
Globalement, Edouard Philippe entend faire respecter par tous le « principe de discernement » s’agissant de la laïcité. « Contrairement à ce que l’on pense, a-t-il dit, la République n’a jamais grandement varié dans ce domaine. Ce sont les commentateurs et non les élus qui s’écartent du chemin et créent parfois un malaise » chez les représentants des cultes.
A propos de la haine anti-juive, il a réitéré la formule d’Emmanuel Macron, le président français, prononcée le 16 juillet, à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv – et en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu : « L’anti-sionisme est une forme réinventée de l’antisémitisme, » – « cette bête immonde » qui, quand on la croit « disparue », « réapparaît encore ».
Edouard Philippe a plaidé l’exigence de « nous battre ensemble – et quand je dis ensemble c’est bien tous ensemble, toutes confessions, toutes philosophies confondues -, contre cette bête immonde qu’est l’antisémitisme ». Une « bête » qui « emprunte à la fois à l’hydre et au phénix (…): quand on le croit disparu, il réapparaît encore et encore ».
Le Premier ministre a cité, au titre des causes de cet antisémitisme, « l’ultraviolence du terrorisme islamiste ». Celle, a-t-il énuméré, qui a conduit à l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 et à la tuerie dans une école juive de Toulouse en 2012, pour laquelle le frère du jihadiste Mohamed Merah, accusé de complicité, comparaît depuis lundi devant la cour d’assises spéciales de Paris.
Edouard Philippe a également rappelé l’attaque contre l’Hyper Cacher en janvier 2015, l’assassinat par défenestration de Sarah Halimi en avril dernier, puis la séquestration d’une famille en septembre à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis.
Pour le chef du gouvernement, si les actes antisémites ont baissé en 2016 (-58,5%), ce recul « ne doit pas faire oublier une autre réalité », celle de la « banalisation de l’antisémitisme et de sa forme réinventée (…) qu’est l’anti-sionisme ».
Rendant hommage à Manuel Valls – présent lundi soir et très applaudi – et à son plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de 100 millions d’euros lancé au printemps 2015, Edouard Philippe a annoncé qu’un nouveau plan du même type serait mis en oeuvre « pour la période 2018-2020 » et serait notamment consacré à l’éradication du complotisme sur Internet, à travers les réseaux sociaux en particulier.
Frédéric Potier, chef de la Délégation, l’avait déjà annoncé en exclusivité au Times of Israël le 5 août.
« Un de ses objectifs sera de combattre l’antisémitisme sur internet, en particulier le déferlement de haine qui s’abat sur les réseaux sociaux », a-t-il précisé.
« Nous ne laisserons rien passer et vous ne serez pas seuls dans ce combat car ce combat, c’est évidemment celui de toute la République », a fait valoir le Premier ministre devant les responsables communautaires dont le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui a conclu la cérémonie par la « prière pour la République française », dite chaque fin de semaine dans les synagogues.
Globalement, Edouard Philippe entend faire respecter par tous le « principe de discernement » s’agissant de la laïcité. « Contrairement à ce que l’on pense, a-t-il dit, la République n’a jamais grandement varié dans ce domaine. Ce sont les commentateurs et non les élus qui s’écartent du chemin et créent parfois un malaise » chez les représentants des cultes.
A propos de la haine anti-juive, il a réitéré la formule d’Emmanuel Macron, le président français, prononcée le 16 juillet, à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv – et en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu : « L’anti-sionisme est une forme réinventée de l’antisémitisme, » – « cette bête immonde » qui, quand on la croit « disparue », « réapparaît encore ».
Edouard Philippe a plaidé l’exigence de « nous battre ensemble – et quand je dis ensemble c’est bien tous ensemble, toutes confessions, toutes philosophies confondues -, contre cette bête immonde qu’est l’antisémitisme ». Une « bête » qui « emprunte à la fois à l’hydre et au phénix (…): quand on le croit disparu, il réapparaît encore et encore ».
Le Premier ministre a cité, au titre des causes de cet antisémitisme, « l’ultraviolence du terrorisme islamiste ». Celle, a-t-il énuméré, qui a conduit à l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 et à la tuerie dans une école juive de Toulouse en 2012, pour laquelle le frère du jihadiste Mohamed Merah, accusé de complicité, comparaît depuis lundi devant la cour d’assises spéciales de Paris.
Edouard Philippe a également rappelé l’attaque contre l’Hyper Cacher en janvier 2015, l’assassinat par défenestration de Sarah Halimi en avril dernier, puis la séquestration d’une famille en septembre à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis.
Pour le chef du gouvernement, si les actes antisémites ont baissé en 2016 (-58,5%), ce recul « ne doit pas faire oublier une autre réalité », celle de la « banalisation de l’antisémitisme et de sa forme réinventée (…) qu’est l’anti-sionisme ».
Rendant hommage à Manuel Valls – présent lundi soir et très applaudi – et à son plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de 100 millions d’euros lancé au printemps 2015, Edouard Philippe a annoncé qu’un nouveau plan du même type serait mis en oeuvre « pour la période 2018-2020 » et serait notamment consacré à l’éradication du complotisme sur Internet, à travers les réseaux sociaux en particulier.
Frédéric Potier, chef de la Délégation, l’avait déjà annoncé en exclusivité au Times of Israël le 5 août.
« Un de ses objectifs sera de combattre l’antisémitisme sur internet, en particulier le déferlement de haine qui s’abat sur les réseaux sociaux », a-t-il précisé.
« Nous ne laisserons rien passer et vous ne serez pas seuls dans ce combat car ce combat, c’est évidemment celui de toute la République », a fait valoir le Premier ministre devant les responsables communautaires dont le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui a conclu la cérémonie par la « prière pour la République française », dite chaque fin de semaine dans les synagogues.
Edouard Philippe à Jérusalem en 2018
Enfin, Edouard Philippe a annoncé qu’il se rendrait dans l’Etat juif en 2018, comme Emmanuel Macron, afin de « rencontrer nos cent cinquante mille compatriotes qui y vivent et qui sont là-bas les ambassadeurs de la langue et de la culture françaises. Je les salue, a-t-il conclu, comme j’adresse un salut fraternel et mes vœux pour 5778 à l’ensemble des Juifs. »
Le locataire de Matignon a également souligné, tout au long de son discours, l’importance du patrimoine intellectuel juif dans la formation progressive de l’identité hexagonale « depuis plus de mille ans » et a mentionné de grands auteurs : Marcel Proust, Henri Bergson, Tristan Bernard, André Maurois…
l a expliqué à l’assistance que L’Etrange défaite de Marc Bloch, assassiné par la Gestapo en 1944, était l’un de ses livres de chevet. Dans cet ouvrage rédigé en 1940, l’illustre historien témoignait de son patriotisme viscéral. En dépit des lourdes menaces pesant à l’époque sur ses coreligionnaires juifs et sur lui-même, il écrivait : « Je ne saurais déraciner mon cœur de la France. Je ne respire bien que sous son ciel ».
Passage cité par Edouard Philippe devant le public rassemblé à la synagogue de la rue Buffault afin de mettre en valeur et reprendre à son compte la phrase prononcée en 2015 par l’un de ses prédécesseurs présent dans la salle, Manuel Valls : « Sans les Juifs, la France ne serait plus la France. »
Haïm Korsia, de son côté, a insisté sur la tolérance et le dialogue nécessaire entre les spiritualités. « Quand je vois ici réunis les représentants des différents cultes, je pense à la prophétie d’Isaïe : ‘Le Temple de Jérusalem sera une maison de prière pour tous les peuples’. C’est dans cet esprit qu’il est indispensable d’enseigner le fait religieux à l’école », a-t-il proclamé.
La France soutiendra-t-elle Israël à l’UNESCO ?
Joël Mergui a souhaité quant à lui que les instances internationales reconnaissent le caractère juif des lieux saints de la capitale d’Israël, espérant implicitement que Paris ne s’abstienne plus, comme elle l’a fait l’hiver dernier, lors des votes anti-israéliens de l’UNESCO, visant à gommer en particulier la judéité du mont du Temple, voire même du mur Occidental. Il a été vivement applaudi sur ce point.
L’assistance a aussi apprécié sa diatribe contre les terroristes, qui « ne sont pas essentiellement des anti-sionistes mais des criminels djihadistes de la même espèce que ceux qui sévissent en Europe ou ailleurs. »
A propos de l’alyah, en baisse mais dont le niveau reste élevé, le numéro un du Consistoire a affirmé que les Juifs ayant choisi de rester en France refusaient « le statut de victimes. Nous entretiendrons et renforcerons notre patrimoine avec de nouveaux projets, comme le futur Centre européen du judaïsme » (dont l’ouverture est prévue au printemps 2018 dans le 17e arrondissement de la capitale).
Dans le public, les militants juifs étaient quasi-unanimes.
Interrogés par le Times of Israël, ils jugeaient qu’il était trop tôt pour évaluer l’action d’Emmanuel Macron et de la majorité actuelle à l’égard de leur communauté et en direction d’Israël, souhaitant un rééquilibrage diplomatique au profit du cabinet Netanyahu – « ne serait-ce qu’en raison du combat inévitable contre l’ennemi commun : l’islamisme radical », selon Claude, donateur du Consistoire.
Laurent et Marc, administrateurs de synagogues, voulaient croire que le discours du chef de l’Etat lors de la cérémonie du 16 juillet, sa ferme condamnation de l’anti-sionisme contemporain et la chaleur de l’accueil réservé alors à Benjamin Netanyahu étaient de bon augure.
Et qu'on ne me dise pas que la France n'est pas dirigé par le lobby sioniste.
« Nous maintiendrons un haut niveau de sécurité autour des lieux juifs, malgré la refonte du dispositif Sentinelle et la baisse des actes antisémites » : voici l’une des annonces qui ont émaillé l’allocution du Premier ministre français, dans la soirée du lundi 2 octobre, à la synagogue parisienne de la rue Buffault (9ème arrondissement).
Le Consistoire contre les « amalgames »
Edouard Philippe a pris position en faveur d’une application souple de la laïcité, après avoir entendu les inquiétudes de Joël Mergui à ce sujet.
Ce dernier avait affirmé en substance, quelques minutes auparavant, qu’interdire la shehita, autrement dit l’abattage rituel juif, ne saurait empêcher le fanatisme islamiste de progresser par ailleurs et qu’il fallait « se garder des amalgames. Aucun Juif portant la kippa n’a jamais attenté aux valeurs démocratiques. Foi et citoyenneté ne sont nullement incompatibles pour nous », a-t-il martelé.
’est pas non plus question », a-t-il assuré, « de remettre en cause des pratiques cultuelles traditionnelles comme l’abattage rituel », qui interdit l’étourdissement préalable des animaux aux juifs comme aux musulmans observants.
Le président du Consistoire a estimé en outre que la faculté de manger casher dans certains espaces publics relevait non d’une « tolérance » de la République mais d’une liberté fondamentale. Il a insisté ensuite sur la nécessité pour les universités d’aménager les examens et concours de sorte qu’aucun étudiant juif ne soit contraint de transgresser le Shabbat ou une fête (écrire est l’un des travaux prohibés ces jours-là).
« Je ne vois pas par exemple ce qui empêche de faire en sorte que le calendrier des examens permette à un lycéen ou à un étudiant de vivre sa foi tout en poursuivant ses études », en évitant de fixer des épreuves en particulier lors du repos du shabbat le samedi, a répondu Philippe.
C’est un point de crispation constant entre le rabbinat et le monde académique. Le Premier ministre souhaite y mettre un terme puisqu’il a assuré que l’agenda universitaire serait organisé à l’avenir en fonction du calendrier juif, avec des sessions systématiques de rattrapage le cas échéant. C’est un changement notable et une victoire pour le Consistoire, qui se bat dans cette direction depuis des années.
Globalement, Edouard Philippe entend faire respecter par tous le « principe de discernement » s’agissant de la laïcité. « Contrairement à ce que l’on pense, a-t-il dit, la République n’a jamais grandement varié dans ce domaine. Ce sont les commentateurs et non les élus qui s’écartent du chemin et créent parfois un malaise » chez les représentants des cultes.
A propos de la haine anti-juive, il a réitéré la formule d’Emmanuel Macron, le président français, prononcée le 16 juillet, à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv – et en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu : « L’anti-sionisme est une forme réinventée de l’antisémitisme, » – « cette bête immonde » qui, quand on la croit « disparue », « réapparaît encore ».
Edouard Philippe a plaidé l’exigence de « nous battre ensemble – et quand je dis ensemble c’est bien tous ensemble, toutes confessions, toutes philosophies confondues -, contre cette bête immonde qu’est l’antisémitisme ». Une « bête » qui « emprunte à la fois à l’hydre et au phénix (…): quand on le croit disparu, il réapparaît encore et encore ».
Le Premier ministre a cité, au titre des causes de cet antisémitisme, « l’ultraviolence du terrorisme islamiste ». Celle, a-t-il énuméré, qui a conduit à l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 et à la tuerie dans une école juive de Toulouse en 2012, pour laquelle le frère du jihadiste Mohamed Merah, accusé de complicité, comparaît depuis lundi devant la cour d’assises spéciales de Paris.
Edouard Philippe a également rappelé l’attaque contre l’Hyper Cacher en janvier 2015, l’assassinat par défenestration de Sarah Halimi en avril dernier, puis la séquestration d’une famille en septembre à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis.
Pour le chef du gouvernement, si les actes antisémites ont baissé en 2016 (-58,5%), ce recul « ne doit pas faire oublier une autre réalité », celle de la « banalisation de l’antisémitisme et de sa forme réinventée (…) qu’est l’anti-sionisme ».
Rendant hommage à Manuel Valls – présent lundi soir et très applaudi – et à son plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de 100 millions d’euros lancé au printemps 2015, Edouard Philippe a annoncé qu’un nouveau plan du même type serait mis en oeuvre « pour la période 2018-2020 » et serait notamment consacré à l’éradication du complotisme sur Internet, à travers les réseaux sociaux en particulier.
Frédéric Potier, chef de la Délégation, l’avait déjà annoncé en exclusivité au Times of Israël le 5 août.
« Un de ses objectifs sera de combattre l’antisémitisme sur internet, en particulier le déferlement de haine qui s’abat sur les réseaux sociaux », a-t-il précisé.
« Nous ne laisserons rien passer et vous ne serez pas seuls dans ce combat car ce combat, c’est évidemment celui de toute la République », a fait valoir le Premier ministre devant les responsables communautaires dont le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui a conclu la cérémonie par la « prière pour la République française », dite chaque fin de semaine dans les synagogues.
Globalement, Edouard Philippe entend faire respecter par tous le « principe de discernement » s’agissant de la laïcité. « Contrairement à ce que l’on pense, a-t-il dit, la République n’a jamais grandement varié dans ce domaine. Ce sont les commentateurs et non les élus qui s’écartent du chemin et créent parfois un malaise » chez les représentants des cultes.
A propos de la haine anti-juive, il a réitéré la formule d’Emmanuel Macron, le président français, prononcée le 16 juillet, à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv – et en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu : « L’anti-sionisme est une forme réinventée de l’antisémitisme, » – « cette bête immonde » qui, quand on la croit « disparue », « réapparaît encore ».
Edouard Philippe a plaidé l’exigence de « nous battre ensemble – et quand je dis ensemble c’est bien tous ensemble, toutes confessions, toutes philosophies confondues -, contre cette bête immonde qu’est l’antisémitisme ». Une « bête » qui « emprunte à la fois à l’hydre et au phénix (…): quand on le croit disparu, il réapparaît encore et encore ».
Le Premier ministre a cité, au titre des causes de cet antisémitisme, « l’ultraviolence du terrorisme islamiste ». Celle, a-t-il énuméré, qui a conduit à l’assassinat d’Ilan Halimi en 2006 et à la tuerie dans une école juive de Toulouse en 2012, pour laquelle le frère du jihadiste Mohamed Merah, accusé de complicité, comparaît depuis lundi devant la cour d’assises spéciales de Paris.
Edouard Philippe a également rappelé l’attaque contre l’Hyper Cacher en janvier 2015, l’assassinat par défenestration de Sarah Halimi en avril dernier, puis la séquestration d’une famille en septembre à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis.
Pour le chef du gouvernement, si les actes antisémites ont baissé en 2016 (-58,5%), ce recul « ne doit pas faire oublier une autre réalité », celle de la « banalisation de l’antisémitisme et de sa forme réinventée (…) qu’est l’anti-sionisme ».
Rendant hommage à Manuel Valls – présent lundi soir et très applaudi – et à son plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de 100 millions d’euros lancé au printemps 2015, Edouard Philippe a annoncé qu’un nouveau plan du même type serait mis en oeuvre « pour la période 2018-2020 » et serait notamment consacré à l’éradication du complotisme sur Internet, à travers les réseaux sociaux en particulier.
Frédéric Potier, chef de la Délégation, l’avait déjà annoncé en exclusivité au Times of Israël le 5 août.
« Un de ses objectifs sera de combattre l’antisémitisme sur internet, en particulier le déferlement de haine qui s’abat sur les réseaux sociaux », a-t-il précisé.
« Nous ne laisserons rien passer et vous ne serez pas seuls dans ce combat car ce combat, c’est évidemment celui de toute la République », a fait valoir le Premier ministre devant les responsables communautaires dont le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui a conclu la cérémonie par la « prière pour la République française », dite chaque fin de semaine dans les synagogues.
Edouard Philippe à Jérusalem en 2018
Enfin, Edouard Philippe a annoncé qu’il se rendrait dans l’Etat juif en 2018, comme Emmanuel Macron, afin de « rencontrer nos cent cinquante mille compatriotes qui y vivent et qui sont là-bas les ambassadeurs de la langue et de la culture françaises. Je les salue, a-t-il conclu, comme j’adresse un salut fraternel et mes vœux pour 5778 à l’ensemble des Juifs. »
Le locataire de Matignon a également souligné, tout au long de son discours, l’importance du patrimoine intellectuel juif dans la formation progressive de l’identité hexagonale « depuis plus de mille ans » et a mentionné de grands auteurs : Marcel Proust, Henri Bergson, Tristan Bernard, André Maurois…
l a expliqué à l’assistance que L’Etrange défaite de Marc Bloch, assassiné par la Gestapo en 1944, était l’un de ses livres de chevet. Dans cet ouvrage rédigé en 1940, l’illustre historien témoignait de son patriotisme viscéral. En dépit des lourdes menaces pesant à l’époque sur ses coreligionnaires juifs et sur lui-même, il écrivait : « Je ne saurais déraciner mon cœur de la France. Je ne respire bien que sous son ciel ».
Passage cité par Edouard Philippe devant le public rassemblé à la synagogue de la rue Buffault afin de mettre en valeur et reprendre à son compte la phrase prononcée en 2015 par l’un de ses prédécesseurs présent dans la salle, Manuel Valls : « Sans les Juifs, la France ne serait plus la France. »
Haïm Korsia, de son côté, a insisté sur la tolérance et le dialogue nécessaire entre les spiritualités. « Quand je vois ici réunis les représentants des différents cultes, je pense à la prophétie d’Isaïe : ‘Le Temple de Jérusalem sera une maison de prière pour tous les peuples’. C’est dans cet esprit qu’il est indispensable d’enseigner le fait religieux à l’école », a-t-il proclamé.
La France soutiendra-t-elle Israël à l’UNESCO ?
Joël Mergui a souhaité quant à lui que les instances internationales reconnaissent le caractère juif des lieux saints de la capitale d’Israël, espérant implicitement que Paris ne s’abstienne plus, comme elle l’a fait l’hiver dernier, lors des votes anti-israéliens de l’UNESCO, visant à gommer en particulier la judéité du mont du Temple, voire même du mur Occidental. Il a été vivement applaudi sur ce point.
L’assistance a aussi apprécié sa diatribe contre les terroristes, qui « ne sont pas essentiellement des anti-sionistes mais des criminels djihadistes de la même espèce que ceux qui sévissent en Europe ou ailleurs. »
A propos de l’alyah, en baisse mais dont le niveau reste élevé, le numéro un du Consistoire a affirmé que les Juifs ayant choisi de rester en France refusaient « le statut de victimes. Nous entretiendrons et renforcerons notre patrimoine avec de nouveaux projets, comme le futur Centre européen du judaïsme » (dont l’ouverture est prévue au printemps 2018 dans le 17e arrondissement de la capitale).
Dans le public, les militants juifs étaient quasi-unanimes.
Interrogés par le Times of Israël, ils jugeaient qu’il était trop tôt pour évaluer l’action d’Emmanuel Macron et de la majorité actuelle à l’égard de leur communauté et en direction d’Israël, souhaitant un rééquilibrage diplomatique au profit du cabinet Netanyahu – « ne serait-ce qu’en raison du combat inévitable contre l’ennemi commun : l’islamisme radical », selon Claude, donateur du Consistoire.
Laurent et Marc, administrateurs de synagogues, voulaient croire que le discours du chef de l’Etat lors de la cérémonie du 16 juillet, sa ferme condamnation de l’anti-sionisme contemporain et la chaleur de l’accueil réservé alors à Benjamin Netanyahu étaient de bon augure.
Et qu'on ne me dise pas que la France n'est pas dirigé par le lobby sioniste.