SALAM


L'exhortation du croyant à son âme ...

Voilà “un sermon ” qui interpellera chacun d’entre nous.

Source : al Fatâwâ as-Sa’diya, de Cheikh Sa'di.


[...]


Si son âme incitatrice [au mal] le pousse à accomplir certaines désobéissances, alors qu’il l’interpelle :

« Ô âme ! [Plutôt] La foi ! Comment sied-il que tu m’ordonnes une chose qui affaiblit ma foi et qui te conduit à ta perte !? Comment peux-tu m’ordonner de me délecter une petite heure aux dépens de délices éternels dans l’au-delà et de saveurs de la foi ici-bas !?

Ô âme ! Ne sais-tu pas que la foi procure des délices qui surpassent tous ces plaisirs mondains !?

Allah ! Allah !

Ô âme ! Veux-tu me priver de ces délices !?

Ô âme ! Malheur à toi ! N’as-tu pas considéré les issues finales de toutes choses !? Sais-tu que la particularité de la raison est de toujours considérer les finalités de chaque chose, de la même manière qu’elle en considère les prémices !? Ne sais-tu pas que la raison ne s’immisce pas dans une affaire jusqu’à ce qu’elle en connaisse son issue et qu’elle puisse en sortir saine et sauve !? Ne sais-tu pas que celui qui commet des désobéissances finit culbuté !? Et plus il en commet, plus son compagnon[1] le domine, l’emprisonne et le fait rechuter !

Ô âme ! Malheur à toi ! Si tu souhaites désobéir à Allah, alors n’utilise pas Ses bienfaits pour Lui désobéir car les désobéissances ne résultent que de la force et la capacité à les accomplir :

- Qui a donné ces deux-choses-là [au serviteur] ? En effet, seul celui qui est rassasié s’active.

- Qui est Celui qui a facilité et fait parvenir les subsistances à ce serviteur ? Ne sois pas en compagnie des gens au moment de ton péché.

- Qui a jeté un voile sur toi par Sa bienveillance ? Et pourtant, Son regard te suit à chaque instant !


Par conséquent, fais attention à ne pas chercher à te cacher de Sa science et de Sa connaissance.


Ô âme ! Ne sais-tu pas que celui qui lutte contre les désobéissances et qui s’attache à faire le bien, s’efforce en fait vers son bonheur ? Celui qui a purifié son âme a certes réussi, alors que celui qui lui a obéi dans ce qu’elle désirait accomplir comme mal s’est jeté à sa propre perdition et destruction !?


Ô âme ! Malheur à toi ! Combien de relations avons-nous toi et moi ? Tu veux ma perte, alors que moi, je veux te secourir. Tu ruses contre moi, par toutes les voies possibles, pour me faire tomber dans ce qui m’est préjudiciable et nuisible. Pourtant, moi, j’essaie de t’ordonner tout ce qui n’est qu’un bien, un repos et une joie.


Ô âme ! Accours avec moi vers une noble conciliation qui nous préservera tous deux et nous permettra d’aboutir à nos objectifs et nos buts [communs]. Entendons-nous [mutuellement] tous les deux sur une affaire commune qui nous apportera des avantages mutuels et des bénéfices respectifs.


Ô âme ! Laisse-moi poursuivre ma route afin que mon âme me guide vers les voies du bien. Laisse-moi « commercer » afin d’obtenir de nobles acquisitions emplies de bénédictions. Laisse-moi me diriger grâce à ma foi vers Celui qui me donnera et me complètera la bonne direction, Celui qui possède l’immense miséricorde. Ainsi, il se peut que je me perfectionne et alors, Allah complètera sur moi et sur toi Son bienfait. Si tu me laisses et que tu ne t’opposes pas à moi en quoi que ce soit, alors je te donnerai tout ce que tu me demandes de choses permises et tout ce qu’une âme souhaite et espère. Si tu me laisses, je te conduirai vers toutes les voies du bien, vers tous les délices que peuvent espérer les personnes remplies d’espoir, …des délices qui feraient mourir de dépit les élites si elles ne les obtenaient pas.


Ô âme ! N’aimerais-tu pas te départir de ces viles caractéristiques pour te parer de celles des âmes apaisées qui se sont tranquillisées au rappel de leur Seigneur et de leur Créateur ? Elles se sont apaisées dans ce qu’Il leur a données et ce dont Il les a privées. Elles se sont rassurées en Lui dans tout ce qu’Il a créé et elles ont connu la sérénité à travers Son unicité et la foi en Lui jusqu’à les avoir attachées à toute chose aimée. Elles se sont apaisées à Sa promesse, de telle sorte que celle-ci a conduit chaque serviteur aux obéissances contraignantes et à s’écarter des désobéissances et des divergences. »

Ainsi, le croyant ne cesse de se juger lui-même et de se sermonner afin d’affranchir sa foi et de faire partie de ceux à qui l’on dira le jour où ils quitteront cette demeure :

يَٰٓأَيَّتُهَا ٱلنَّفۡسُ ٱلۡمُطۡمَئِنَّةُ ٢٧ ٱرۡجِعِيٓ إِلَىٰ رَبِّكِ رَاضِيَةٗ مَّرۡضِيَّةٗ ٢٨ فَٱدۡخُلِي فِي عِبَٰدِي ٢٩ وَٱدۡخُلِي جَنَّتِي ٣٠

{Ô, toi, âme apaisée ! Retourne vers ton Seigneur agréée et satisfaite. Entre parmi Mes serviteurs et pénètre dans Mon Paradis !**[Sourate : al Fajr, 89 : 27 à 30.2]




(Fin de citation).


[1] Note du traducteur : Son compagnon signifie, ici, le djinn qui accompagne le serviteur à chaque instant et qui parfois l’incite aux désobéissances. Le Prophète ( paix et salut sur lui ) avait réussi à soumettre le sien de telle sorte que celui-ci ne l’incitait qu’à accomplir le bien.