TV5 Monde va-t-elle miser sur l'Algérie?

La politique du directeur général de TV5 Monde, Yves Bigot, qui vient d'être reconduit à sa tête pour cinq ans, est claire: poursuivre son africanisation et plus particulièrement dans les pays francophones. L'ancien journaliste musical, passé par Europe 1 et Canal+ connaît la difficulté de sa télévision: deux niveaux de gouvernance (États fondateurs et chaînes) et pas d'actionnaire majoritaire. En Algérie, TV5 Monde est plutôt discrète. Comme elle ne possède pas de bureau à Alger, c'est à travers l'ambassade de France qu'elle essaie de se frayer un chemin dans les différentes activités culturelles et médiatiques du pays. Fondée en 1984, distribuée dans plus de 200 pays et territoires, TV5 Monde est par l'audience cumulée de ses 11 chaînes (neuf régionales et deux thématiques) le 1er média francophone à l'échelle de la planète (55 millions de téléspectateurs par semaine). Et la francophonie, plus que jamais, c'est l'Afrique, avec 55% des locuteurs dans le monde, et d'ici à 2050, près de 85%. Depuis quelques années, le paysage audiovisuel est en perpétuelle le ébullition dans la région. Entre grands groupes internationaux insatiables (les Qataris Al-Jazeera, les Français Canal+ et Lagardère, les Chinois, StarTimes...) et les médias locaux qui sont de plus en plus nombreux, une guerre de positions est déjà installée. Avec 116 millions d'euros de budget en 2017, la chaîne francophone n'a pas les moyens dont disposent les bouquets satellites payants, mais ce que craint avant tout son DG, «ce sont les nouvelles chaînes locales».C'est dans le cinéma que TV5 compte plus investir à travers les instituts français à travers l'Afrique par le biais de films comme Félicité ou Timbuktu, mais aussi à travers des séries locales. Avec 2 millions d'euros d'investissements et 15 séries en cours de production, Yves Bigot espère profiter de cet espace d'évasion et d'expression. En voulant s'éloigner un peu plus de France Médias Monde (dont la participation est passée de 49,06% à 12,64% en 2013), déjà propriétaire de France 24 et de RFI, pour devenir filiale de France Télévisions, un groupe qui se veut avant tout un bouclier protecteur de ses ambitions. L'objectif c'est d'être visible dans le Vieux Continent et plus particulièrement dans les pays francophones, la priorité de la chaîne. TV5 Maghreb reste en revanche le programme le moins riche et le plus pauvre des programmes qui sont offerts. Miser sur le jeune cinéma Maghreb est une opportunité à ne pas rater. Contrairement à l'Afrique, le Maghreb a la complexité de la langue, mais surtout de la culture arabe et musulmane et c'est sur ces trois valeurs que doit miser le patron de TV5.