France Inter en grandes ondes, c’est fini

Le 29/12 à 15:41
Mis à jour à 15:52

Le maintien de cette diffusion devenait trop coûteux pour
Radio France. Seuls 3 à 4 % des auditeurs écoutaient encore
la radio publique sur ces fréquences.

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Le temps où l'on pouvait traverser la France en estafette sans avoir à changer l'aiguille des fréquences de l'autoradio sera bientôt définitivement révolu. En tout cas si l'on écoute France Inter. La station généraliste de Radio France va en effet cesser d'émettre en grandes ondes (ou ondes longues) à partir de dimanche minuit. Il faudra désormais régler son poste sur un des 620 émetteurs FM qui couvrent 97 % du territoire hexagonal, dit le groupe. Au passage, la météo marine, confinée à France Inter grandes ondes et supprimée en 2008 de la station en FM, va disparaître à en juger par les commentaires attristés sur les réseaux sociaux, cela précipite certains dans une dépression... d'au moins 900 hectopascals. L'émetteur d'Allouis, dans le Cher (non loin de la commune de Bruère-Allichamps connue comme le « centre de la France »), va devoir se reconvertir. L'Etat a demandé à son opérateur TDF de continuer à envoyer de là-bas, au moins pour 2017, le signal horaire ultra précis (il émane d'horloges atomiques) qui fait référence pour de nombreuses institutions. Pour l'instant, TDF ne sait pas qui d'autre cet émetteur en 162 kHz pourrait intéresser. « Peut-être une autre radio », se risque Arnaud Lucaussy, secrétaire général de TDF.
La facture énergétique en cause
Un appel à manifestation d'intérêt pour cette fréquence pourrait être lancé par le CSA. Avec notamment ses deux pylônes de 350 mètres, l'émetteur couvre tout le territoire _une caractéristique rare_ avec une double propagation par voie d'air mais aussi par le sol. « Cela passe même au travers des granits de Bretagne », précise Arnaud Lucaussy. En revanche, cette infrastructure lourde fonctionne sous très haute tension et consomme donc beaucoup d'électricité. Elle nécessite des groupes électrogènes de secours et pas mal de personnel. C'est justement parce qu'elles lui coûtaient 6,5 millions d'euros par an, notamment à cause de la facture énergétique, que Radio France a décidé de fermer ses grandes ondes, sur lesquelles seule France Inter émettait. La décision a été prise il y a plus d'un an, sachant que l'obligation de continuer à émettre de cette façon pour sécuriser la communication en cas de guerre ou de catastrophe était tombée.
La radio publique a reçu 350 messages d'auditeurs
« C'était ça ou du personnel en moins », justifie-t-on à la Maison ronde. Les ondes moyennes, encore utilisées pour France Info et quelques réseaux France Bleu, ont, elles, été fermées fin 2015, pour une économie de 7 millions d'euros. « Un émetteur FM coûte 10.000 à 15.000 euros par an », précise Frédéric Schlesinger, directeur des antennes de Radio France. La radio publique a reçu 350 messages d'auditeurs se plaignant de l'arrêt de France Inter en grandes ondes, dont 70 % environ venant de Belgique. Le signal débordait en effet des frontières hexagonales et était reçu aussi dans le Sud de l'Angleterre, les Pays-Bas ou l'Allemagne, d'où sont parvenues aussi quelques récriminations. Frédéric Schlesinger estime que seuls 3 % à 4 % des auditeurs écoutaient encore France Inter en ondes longues. « Chaque auditeur compte, dit-il. Mais une grande partie d'entre eux va se faire expliquer par ses enfants comment basculer sur la FM. Et il y a d'autres solutions comme le Wi-Fi, ou encore le satellite, avec CanalSat et Fransat [filiale d'Eutelsat, NDLR], qui émet aussi la télé et la radio gratuite sur les zones moins couvertes ». Sans compter
qu'un jour la radio numérique terrestre (RNT) pourrait s'étendre.