La Madjer

[zadhand]

La talonnade de Madjer
"ma destinée fut bouleversée ce jour-là et je ne remercierai jamais assez le bon Dieu"

Publication: 15/04/2015 20h40
Mis à jour: 15/04/2015 21h32

https://www.youtube.com/watch?featur...&v=nk6ZtOEmP4w

Stade Prater (actuellement Ernst-Happel), Vienne (Autriche), 27 mai 1987, finale de la Coupe des clubs champions européens, actuellement remplacée par la Ligue des Champions. Les Portugais du FC Porto affrontent le Bayern Münich. 77e minute, alors que les Allemands mènent 1 but à 0, le brésilien Juary intercepte une passe en profondeur et remet le ballon à Rabah Madjer, démarqué. Talonnade. But !

Vingt-huit ans après, Rabah Madjer, ancien attaquant et entraîneur des Fennecs, ne sait toujours comment il a réalisé ce geste technique, cette majestueuse talonnade. Dans un entretien accordé au quotidien sportif français L'Équipe, l'ambassadeur de l'UNESCO et de l'Union africaine est revenu sur cet épisode marquant de l'Histoire du football, à quelques heures du match Fc Porto-Bayern Munich, pour le compte des quarts de finale de la Ligue des Champions 2015.

La date du 27 mai 1987, "elle est inscrite à vie dans ma mémoire", a tout de go déclaré Rabah Madjer. Cet ancien Fennec ne se doutait pas que 28 ans après, son geste sera toujours aussi populaire. "Je n'y ai jamais pensé une seconde. Je l'ai vraiment fait de façon spontanée. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment j'ai pu le réaliser".

"Tout à coup, à la 77e minute, je me retrouve dans une drôle de position. Parce que quand Juary frappe ce fameux ballon, légèrement contré, je m'étais déjà précipité vers le premier poteau et j'étais donc en avance sur le ballon. Impossible de contrôler. Donc je ne pouvais pas faire autre chose que cette talonnade", a-t-il expliqué.

"C'est peut-être le bon Dieu qui a voulu que je sois là à ce moment précis. Oui, j'ai cette impression. Sérieusement (...) Cette finale, ce but, ce sont assurément les tournants de ma carrière. Ma destinée fut bouleversée ce jour-là et je ne remercierai jamais assez le bon Dieu", a affirmé Rabah Madjer.

Cette talonnade est ainsi devenue "La Madjer". "Combien de joueurs, à part Panenka et son fameux tir au but en feuille morte en finale du Championnat d'Europe contre la RFA en 1976, 2-2, 5-3 aux t.a.b.), ont laissé leur nom à un geste technique ?", constate fièrement l'ancien entraîneurs des Verts.

"Nous allons laisser quelque chose derrière nous. À Alger, il y a quelques jours, un gamin de six ou sept ans m'a même demandé : "Dis, pourquoi tu t'appelles comme la talonnade ?", a-t-il ajouté, amusé.

Un geste "fou"

La talonnade de Madjer est restée ancrée dans la mémoire de millions de personnes, amatrices et professionnelles de football. Artur Jorge, entraîneur du FC Porto à cette époque, "est venu me voir et m'a dit: "Rabah, comment as-tu pu faire un tel geste ? Tu es vraiment fou !", raconte-t-il.

"Dans la vie, il faut parfois prendre des risques pour réussir. Et moi, j'ai pris ce risque. Sans réfléchir (...) Mais si je n'étais pas fou, jamais je n'aurais marqué ce but. Eh bien dans la vie, il faut être un peu fou ", a déclaré Rabah Madjer au même quotidien.

Autre icône footballistique ébahie par la talonnade de l'ex-numéro 8 du FC Porto, le brésilien Pelé. Il avait aussi déclaré: "J'aurais aimé, quand Rabah a réalisé ce geste, qu'il ne regarde pas derrière lui. Cela aurait été encore plus classe."

"Je suis fier. Pour moi, pour mes enfants. Le plus petit a onze ans et il est très intéressé par tout ça. Il va souvent sur Internet et me dit presque tous les jours : "Viens voir ce que j'ai découvert sur toi", a révélé Rabah Madjer.

Son passage au FC Porto a ainsi marqué l’histoire du club. "Dans leur musée, à côté du stade, ils ont mis deux statues de moi. Ils ont même exposé la voiture, une Toyota, que j’avais gagnée à Tokyo pour la finale de la Coupe Intercontinentale”, a raconté l’ancien joueur. De quoi inspirer l’international algérien Yacine Brahimi, aujourd’hui face aux ogres allemands.